La meilleure série de tous les temps : selon les spectateurs, c'est elle !
mardi 12 décembre 2006 - 00h18
Une femme à la tête d'un clan mafieux. C'est le postulat inédit, improbable et audacieux que propose "Mafiosa, le clan", la nouvelle série de Canal+ écrite par Hugues Pagan. Le rouge sang y est la couleur dominante...
L'histoire
La Corse, de nos jours. François Paoli, le chef d'un des principaux clans mafieux de l'île, meurt assassiné. Dans son testament, il désigne sa nièce Sandra pour lui succéder. Sandra plutôt que son frère Jean-Michel. Une femme. Dans un univers contrôlé par les hommes.
Eberluée, Sandra accepte tout de même le lourd héritage. Mais sera-t-elle capable de reprendre les rênes du clan Paoli, de maintenir sa position et sa grandeur ? Quels sacrifices devra-t-elle faire pour y parvenir ? Entre des membres assez peu ravis de voir une femme à leur tête, la brigade des stupéfiants américaine qui cherche à coincer les Paoli, et Rocca, policier insulaire et hargneux, sa tâche ne va pas être aisée...
Une saga familiale
La mafia est avant tout une histoire de famille. Une relation très forte unissait François (Daniel Duval) à Sandra (Hélène Fillières). Et elle est très proche de son frère Jean-Michel (Thierry Neuvic). Si elle est maintenant à la tête du clan, il garde une position essentielle. Ils forment l'alliance parfaite. Elle est le cerveau, il est son premier homme de main. Conscient de ne pas posséder l'étoffe d'un chef, il ne regrette pas un seul instant la décision de son oncle et ne songe même pas à la contester. Il devient le protecteur de sa soeur. Elle commandite les opérations, il les met au point. Et elle peut compter sur son indéfectible soutien. Leur enfance difficile, avec cette mère internée dans un hôpital psychiatrique et que Jean-Michel refuse de reconnaître, les a profondément unis.
Famille aimante mais aussi encombrante. Lieu de paix et source de terreur. C'est la femme de Jean-Michel, Marie-Luce (Caroline Baehr), accro aux jeux d'argent et endettée ; sa fille Carmen (Phareelle Onoyan), adolescente imprévisible et donc proie (facile ?) pour tous les ennemis des Paoli... La famille est aussi un poids : poursuivre sans fin l'héritage des morts, envahissants, omniprésents (comme ces souvenirs de François qui hantent Sandra). Et puis les secrets, ceux que l'on ne fait que chuchoter mais qui rôdent en permanence.
Une femme dans un monde d'hommes
Le personnage créé par Hugues Pagan est totalement fictionnel. "Une femme à la tête d'un clan n'est même pas imaginable, il fallait donc l'inventer", dit-il. L'univers dépeint ne leur laisse pas de place. Elles en sont absentes. Et le machisme y règne en maître : il suffit de voir les réactions lorsque Sandra annonce qu'elle prend la succession de François, les hommes ne lui renvoient que mépris et haine. Intelligente et fin stratège, la jeune femme va pourtant rapidement démontrer son habileté. Elle s'inscrit dans la lignée des personnages féminins indépendants et complexes que la télévision propose aujourd'hui. Forts et fragiles à la fois. "Il y a dans l'histoire de cette femme propulsée à la tête d'un puissant clan, au beau milieu d'un groupe d'hommes à qui elle doit tout prouver, des éléments également révélateurs sur la situation des femmes en Occident. Il existe en fait très peu de rôles pour les femmes qui permettent de passer ainsi de la violence à la tendresse, sans être dans les clichés habituels de la séduction." Tour à tour manipulatrice, dangereuse, terrifiée, protectrice, le personnage possède de multiples facettes... Mafiosa est aussi et avant tout une histoire d'apprentissage. En acceptant l'héritage de son oncle, Sandra va peu à peu perdre son humanité. Hautaine et altière, Hélène Fillières porte à bout de bras son personnage. Plus la série avance, plus son regard se glace, toute trace d'émotion désertant son corps...
Des personnages terrifiants
Mafiosa possède l'étrange caractéristique de n'avoir aucun personnage auquel on peut s'identifier. Qu'ils soient mafieux, hommes politiques ou policiers tous sont douteux et commettent des actes condamnables, horrifiants. La gangrène est à tous les niveaux. On peut les trouver charismatiques, séduisants, mais en aucun cas sympathiques.
Hormis Sandra et Jean-Michel, quelques figures marquantes passent dans la série. Petit tour d'horizon :
Ange-Marie Paoli (Claude Faraldo) d'abord. C'est le père de François. Si il n'est plus dans les affaires depuis longtemps, il continue d'exercer son influence sur les membres du clan. C'est lui qui donne à Sandra les conseils les plus importants. Car un bon "chef" ne peut pas se contenter de faire "des gros coups", il doit aussi veiller sur ses membres et leurs familles, leur assurer sa protection contre les clans rivaux.
Martial Santoni (Rémi Martin) est le bras droit de Jean-Michel. Il sert de garde du corps à Sandra et à Marie-Luce. Redoutable, il est aussi très secret et son passé reste mystérieux.
Rémi Andréani (Fabrizio Rongione). Il ne fait pas parti du clan Paoli mais la famille fait appel à lui quand elle ne veut pas se mouiller. S'il est efficace, il est aussi imprévisible et violent. Et donc parfaitement capable de trahison.
Rocca (Patrick Dell'Isola) est le commissaire chargé de nettoyer l'île de sa vermine et, pour parvenir à ses fins, il est prêt à utiliser n'importe quelle méthode. Il connaît parfaitement les divers membres du clan Paoli. Il les traque, les suit, les observe... Sa relation avec Sandra est ambigüe car elle mêle admiration et haine. C'est à celui qui parviendra à manipuler l'autre, à prendre l'avantage.
La violence
Avant l'exécution de son oncle, Sandra Paoli était avocate. Et si elle lui a rendu de menus services par le biais de son emploi, elle n'était pas impliquée dans les activités louches du clan. La violence inhérente au milieu va lui sauter à la gorge (comme à celle du spectateur). Pour devenir chef de clan, elle doit asseoir sa domination. Faire disparaître ses émotions, inspirer la crainte et le respect. Et cela passe par des actes forts, ne pas hésiter à éliminer un ennemi (ou un ami) rebelle ou encombrant. Avoir du sang sur les mains. Prendre une vie. Tuer. Et bien sûr développer toutes sortes de trafics parfaitement illégaux (vols, extorsions, drogue...) pour pouvoir s'enrichir. Mafiosa ne fait pas l'impasse sur cette violence, elle la dépeint de façon brutale.
Ce qui en fait une série oppressante. Musique, mise en scène (avec des décadrages qui enferment les personnages dans les coins de l'image, coincés, au sens propre comme au sens figuré ; et cette couleur rouge qui envahit l'espace...). Les actes de violence deviennent étrangement libérateurs car ils relachent un peu de cette tension omniprésente. Susceptible d'exploser à chaque instant. Seule soupape dans un monde où les choses ne sont exprimées qu'à demi-mots. Où l'humour est absent. Il n'y a pas de mise à distance. Le spectateur est propulsé de plein-pied dans cet univers qui n'a plus de logique, où il n'existe pas de repères autres que l'honneur et la vengeance, où la mort d'une simple vache entraîne une avalanche de décès pathétiques et pourtant inexorables. Quand l'honneur prime sur la raison. Les évènements s'enchaînent dans un tourbillon incongru et sans fin d'exécutions plus ou moins arbitraires. Implacables. Rien, tout au long de la série, ne pourra arrêter ce cycle infernal.
Dans ce monde, les sentiments n'ont plus de place. Comme Charly le dit à Sandra, il a beau l'avoir fait sauter sur ses genoux quand elle était petite, il n'hésitera pas à l'éliminer si elle s'immisce dans ses affaires. Tuer ou être tué. Dominant ou dominé. Etre vivant ou être mort. Il n'y a pas d'autre alternative. C'est ce qu'elle va devoir apprendre si elle veut survivre...
Chloé Ferret
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