Suite à la diffusion des derniers épisodes, voici donc en ce mardi 22 janvier 2019 la-dernière évolution de cet avis. "Infidèle" parle d’un sujet qui a été, est et sera toujours d’actualité. Simplement parce que le monde tourne depuis l’éternité en partie que grâce aux histoires de c… (euuuh on va se reprendre, hein^^) de fesses, et ce malgré les codes de conduite édictés par l’institution qu’est le mariage. Mais de là à qualifier "Infidèle" comme étant une création TF1 alors que ce n’est rien d’autre qu’une adaptation de la série britannique "Doctor Foster"… modèle par ailleurs jugé plus ambigu, plus tendu et plus violent psychologiquement parlant. Allons allons, TF1 cherche le bâton pour se faire battre ! Mais revenons-en à cette série, pour laquelle je vois un certain nombre d’avis très négatifs. Une question se pose : qu’en aurait-il été s’il n’y avait pas eu "Docteur Foster" ? Certes je ne connais pas la série originelle, mais le fait est que les deux premiers épisodes français sont plutôt convaincants malgré quelques petits défauts ici et là. Si j’apprécie cette série, c’est parce qu’on comprend bien le mécanisme qui plonge la femme dans une période de doutes, au point de ne penser plus qu’à ça et de lui faire perdre le sommeil. Que voulez-vous ? Les femmes ont un sens inné pour ça : en cela, elles sont supérieures à l’homme. Evidemment j’exclus tous les jaloux maladifs qui plongent dans une paranoïa de tous les instants. Mais quand une femme a un doute, elle cherche. Et croyez-moi, son flair la trompe rarement. Toujours est-il que conformément à la réalité, le mécanisme se met en place, doucement mais sûrement : le moindre indice, aussi minime soit-il, devient un élément important, la moindre parole sonne comme un mensonge et tout cela ne fait que transformer une intuition en fervente conviction. Ce douloureux mécanisme et ses conséquences sont expliqués par Gwenaëlle (Vanessa David) avec une grande lucidité. D’ailleurs, je trouve excellente l’idée de voir une rose rouge se déliter dans l’eau lors du générique, accompagnée d’un portable et d’une alliance qui viennent se noyer dans ce qu’on pourrait considérer comme un océan de larmes bien que ça en dit long sur les dégâts futurs… Toujours est-il que Claire Keim rend une très bonne copie, notamment avec cette transformation physique qui consiste à voir son visage de plus en proie aux tracas les plus profonds, subtil mélange de frustration de désespoir et de sourde colère. Le téléspectateur n’est pas dupe et ressent le mal-être sans cesse grandissant malgré les bonnes apparences que le personnage tente de laisser paraître. Pas plus dupe qu’Yves, incarné par Olivier Claverie. Ce dernier, empreint d’une légère touche de cynisme, incarne parfaitement l’ami sur qui on peut compter, tout en sachant que les amis sont en droit de dire des choses pas toujours à la convenance de leur interlocuteur le plus proche. Quant à Jonathan Zaccaï, il campe un mari pour ainsi dire parfait. Parfait ? Parfait dans le sens qu’il est plein de petites attentions (toujours très attendues) à l’encontre de son épouse. Et effectivement, on le pense sincèrement et profondément amoureux de sa femme. Alors comment soupçonner chez lui l’écart conjugal ? Dans la réalité, c’est malheureusement chez ce genre de personnes que l’infidélité se manifeste le plus souvent et se révèle le plus choquant, en tout cas de façon la plus inattendue. Au cours des six épisodes, le téléspectateur saura pourquoi l’infidélité (si infidélité il y a, et dans ce cas jusqu’où va la trahison) aura semé la zizanie dans un couple le plus beau qui soit aux yeux de tous. Aaaah la crise de la quarantaine !... Un âge où on fait souvent le bilan de sa vie… Un âge où bon nombre de personnes éprouvent le besoin de savoir si on peut encore plaire ou pas… Alors quand dame nature met sur notre chemin quelqu’un qui a été gâté par la nature... en l’occurrence Candice (Chloé Jouannet)… Quant à Félix Lefebvre, il joue plutôt bien le fils qui sent que quelque chose se trame. Mais c’est bien dans les deux derniers épisodes qu’il va exprimer tout son talent dans le domaine de l’hyper sensibilité et de l’insupportable souffrance. Cependant il y a quelques petites choses qui me chiffonnent. A commencer par le relationnel qu’entretient Matteo (Jonathan Zaccaï) avec Sarah (Léa Bosco), et plus encore avec Ingrid (Natalia Dontcheva) au cours des deux premiers épisodes. M’enfin ! Matteo voudrait attirer des doutes sur lui qu’il ne s’y prendrait pas autrement ! Sans compter que c’est indécent. Pour le coup, je ne vois pas les maris embrasser une tierce personne dans le cou devant leur propre femme… ou alors c’est de la provocation pure et dure ! Ensuite il y a la présence de Mathieu Madenian dans le rôle d’un hypocondriaque notoire, personnage pour lequel le doute est permis quant à son utilité. Disons que dans un premier temps il aère un peu le récit, comme il avait su si bien le faire lors de "Les bracelets rouges". La suite (épisodes 3 et 4) permet de mieux comprendre son rôle. Dans les faits, il ne sert qu’à argumenter le trouble obsessionnel d’Emma (Claire Keim). Une obsession de tous les instants, au point d’en perdre le sens des priorités. En même temps, il y a de quoi. Cependant entre regards en chien de faïence, mensonges plus gros qu’une maison et actions sous cape, on ne peut pas dire que la situation soit affrontée de front, ce qui permet d’instaurer de l’ambiguïté. Malheureusement, cette notion parait édulcorée. Pas qu’elle soit absente, parce qu’elle est bien présente. Mais le jeu du chat et de la souris ne prend pas autant d’importance que ce à quoi le téléspectateur s’attend. Jusqu’aux deux derniers épisodes, lesquels se caractérisent en partie par une forte démonstration des ravages causés par les innombrables non-dits, enfin mis à nus par l’intermédiaire de la rayonnante Margherita Oscuro dans le rôle du docteur Brisson, révélant du même coup toute l’ambiguïté de la situation. De la même façon, on ne ressent pas vraiment au cours des quatre premiers épisodes la pleine puissance de la douleur ni de la détresse d’une femme qui perd totalement pied. Ce n’est pas à cause du jeu de Claire Keim, qui a mis beaucoup d’application dans son personnage. La preuve, on la sent tellement libérée et infiniment heureuse quand elle revient au cabinet médical alors que tout semble être rentré dans l’ordre. Et ça se comprend : l’espoir de sauver le couple, et par extension la famille, est toujours présente, à plus forte raison quand on aime ! Il est vrai aussi que la réalisation est un peu trop plate, pas suffisamment immersive, et que la caméra manque cruellement de mouvement pour appuyer certains sentiments, en particulier dans les quatre premiers épisodes. A la limite, les doutes angoissants du fiston de la famille sont mieux mis en valeur. Et si je rejette la faute à la réalisation, c’est aussi parce que la colère et la déconvenue de Candice manquent également de corps. Toujours est-il que dans ces conditions, ni la tension, ni la violence psychologique ne parviennent à prendre leur pleine mesure comme elles devraient… jusqu’aux deux épisodes de fin. C’est là qu’on voit enfin le trio Claire Keim/Jonathan Zaccaï/Félix Lefebvre jouer avec leurs tripes, et de montrer jusqu’à quel point cette latente violence psychologique a pu faire son travail de sape pour se conclure sur un acte désespéré et malheureux qui va estomaquer le public
et conduire les époux au point de non-retour
. Cependant on pourrait reprocher à ces deux derniers épisodes la prévisibilité du dénouement en regard du rebondissement formidable du quatrième épisode et de tous les éléments dont le téléspectateur dispose. Sans compter que celui-ci a eu une semaine pour y réfléchir ! C’est pour cette raison que je me demande si "Infidèle" n’aurait pas mieux fait d’être décliné en long métrage. Cependant il y a tout de même quelques petites choses inattendues, comme ce petit baroud d'honneur « entre amis », particulièrement jouissif. Alors oui, l’œuvre donne à réfléchir sur les conséquences (y compris insoupçonnées) de nos actes. Qui plus est, la série vient confirmer un certain nombre de choses entendues à maintes reprises à droite et à gauche
: les hommes annonçant qu’ils vont quitter leur femme ne le font jamais ; les hommes ne prennent jamais la décision de divorcer ; en résumé, la faiblesse… que dis-je ? la lâcheté des hommes ; les femmes posant des questions connaissent la plupart du temps la réponse. Mais surtout, quand elle a été envoyée à terre par son mari, une femme peut faire mal en se relevant !
Reconnaissons alors à cette série toute sa crédibilité, et rien que pour cela, elle ne mérite pas une note en-dessous de la moyenne, même si elle est inférieure à la série britannique.