A la base, c'est vraiment pas le genre de série qui m'attire, trop girly et kitsch à mon goût. Mais lors de sa sortie, "Emily in Paris" a suscité moultes réactions de la part du public français qui criaient au scandale car la série, en plus d'être niaise, accumule les clichés sur les français. Suite à ce mauvais bouche-à-oreille, c'est donc avec recul que j'ai voulu me faire ma propre idée, sans me dire que j'irai jusqu'au bout.
Aucunement réaliste, "Emily in Paris" dresse un décor de carte postale, magnifiquement utopique et fantasmé où une jeune américaine débarque toute pimpante pour bosser dans une agence de marketing. Les premiers clichés débordent de non-sens ; entre une "chambre de bonne" très spacieuse, un bouquet de rose à moins de six euros et un patron qui se ballade cigarette à la main dans ses locaux, un peu d'autodérision et de lâcher-prise sont de mise ! Mais bon, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une production américaine qui s'adresse avant tout au public outre-Atlantique. Bien que ce monde de Bisounours soit à des années lumières de notre quotidien, il se révèle intriguant par son apparente simplicité. Techniquement propre et bien foutue, tout se joue autour de l'idylle de Paris. Mettre en scène Paris comme une vitrine, que ce soit par le biais des étrangers qui y vivent leur meilleure vie, partageant tout sur leur compte Instagram (#influenceuse), ou par le métier de l'héroïne qui promeut des produits de luxe dans les rues de la capitale. Une sorte de mise en abyme du rêve lui-même où le fantasme est constamment exploité, refabriqué, multiplié. Pas sûr que chaque spectateur perçoive cette grille de lecture mais personnellement, c'est ce qui m'a fait tenir jusqu'au bout ! Et cela rend cette série moins bête et superficielle qu'elle n'en a l'air.
Par contre, pour ce qui est de l'histoire, elle est clairement dépourvue de tension, et se contente de raconter les découvertes plus ou moins insolites de l'héroïne en terre française. Exclue de tout problème propre au commun des mortels, Emily est tout simplement bénie des Dieux car rien ne la chagrine et ne l'empêche de réussir ce qu'elle entreprend. Ah non, j'allais oublier, sa vie sentimentale est pour le moins... compliquée car voyez vous, les français sont des amants libres comme le vent et du point de vue de l'américaine, c'est un choc des cultures ! Mais vaut mieux en rire et quelques quiproquos s'y prêtent allègrement. Donc certes, on a pas affaire à la série de l'année mais si on aime rêver au Paris de "Ratatouille", "Emily in Paris" saura vous évader.
Côté casting, c'est plutôt sympa de voir qu'ils ont pris des comédiens français et non pas des américains qui jouent des français. Par contre, ce qui m'a contrarié et vachement ennuyé à la longue, c'est que chaque personnage est monochrome, ne jouant que sur un trait de caractère. On a le droit à la boss désagréable, aux collègues commères, à l'amant sensuel, à la meilleure amie fofolle, à la copine française toujours prête à faire un resto ou une expo, et bon nombre de personnages masculins dragueurs. Et au milieu de tout ça, on a Lily Collins, naïve et débrouillarde, qui déborde d'une énergie pétillante. Solaire, elle égaye et se fond totalement dans ce décor édulcoré.
Je ne pense pas qu'une saison deux soit des plus nécessaire, déjà que la fin de saison tournait en rond par moment. Ah oui, et je suis obligé de faire une remarque sur cette version française qui est absolument horrible car la pauvre Emily se voit dotée d'un accent anglais à couper au couteau... Osez la version originale, c'est bien plus authentique. Ce qui peut paraitre ironique quand on parle d'une série aussi fake.