Revoici le polar britannique trivial et glacial, matinée d'espionnage à travers l'Europe.
Je dois avouer avoir bien accroché à la série, malgré le public féminin clairement visé.
La réussite revient à la scénariste Phoebe Waller-Bridge, capable de renouveler les face-à-face entre enquêteur et tueur en série, ici en l'agrémentant d'un fond de conspiration mondiale et d'assassinat lié au monde de l'espionnage. Le tout porté par des personnages féminins.
Un challenge que la scénariste à surmonté, avec des personnages bien écrits, pétris de contradictions, de faiblesses, de normalité déroutante, ce qui tranche de l'assassin surdoué mais socialement handicapé qu'ils affrontent.
Même les dialogues sont ciselés, rappelant son précédente show Fleabag, mélange de situation triviale un rien ubuesque et d'humour noir déplacé mais assumé.
La tueuse incarnée par Jodie Comer est bluffante, allant d'une forme de sensibilité touchante venant d'une psychopathe, tout en étant anormalement enjoué lors de l'exécution de ses cibles.
Je découvre également le sympathique Kim Bodnia, alias l'agent russe Konstantin, gros nounours à la barbe blanche, qui va mal avec son travail d'agent secret russe.
Idem pour la chef britannique Carolyn, femme froide et manipulatrice, semant régulièrement le doute sur ses véritables motivations, joué par l'excellente Fiona Shaw.
On en vient aux défauts les plus évidents qui cassent tout ce qui est mis en place précédemment : une mise en scène digne d'un épisode de Derrick, incapable de créer d'atmosphère, ni de tension, de mettre en exergue les enjeux auprès des téléspectateurs, de donner ne serait-ce qu'une réelle "dimension" au show.
Et pour finir la présence de Sandra Oh, dont le jeu d'acteur est souvent imperceptible, et ne colle pas à la situation, à l'image des casting des dramas coréens ou japonais...
Pour voir une 2nde saison, il faudra que la mise en scène sorte des chemins battus, ait un grain de folie, embrasse pleinement son propos.