Passionnés d’Histoire et de chevaliers, les créateurs Richard Rayner et Don Handfield n’ont pas tergiversé longtemps avant de trouver le concept de Knightfall. La chute des Templiers a particulièrement retenu leur intérêt. Très vite, la richesse et la densité de cette période historique les a orienté vers la conception d’une série télé plutôt que d’un film de cinéma. "Il y a tellement d’enjeux politiques, tellement d’interactions entre les pays d’Europe, l’Etat et l’Eglise. Cela peut vraiment tenir sur 10 saisons.", affirme notamment Richard Rayner. Pour le producteur délégué, Jeremy Renner, le passage à la télévision est avant tout une opportunité de pouvoir faire quelque chose de "plus grand et de plus approfondi", que ce qui est actuellement possible sur grand écran : "Pour être au cinéma aujourd’hui, il faut être un super-héros et porter des collants. La majorité des contenus de qualité sont désormais à la télévision, car c’est un média qui permet de s’immerger réellement dans une histoire, à travers ses personnages.", a-t-il expliqué.
Au lieu de s’intéresser à l’âge d’or de l’ordre des Templiers, Knightfall se focalise sur sa chute. Un choix motivé pour deux raisons, comme l’explique le créateur Richard Rayner : "Don [Handfield] a toujours pensé qu’il fallait éviter d’impliquer les croisades, pour ne pas avoir à représenter 200 ans de combats entre chrétiens et musulmans. (…) Et, on a évidemment pensé à Star Wars, qui commence par la fin, avec la défaite des chevaliers Jedi. Puisque George Lucas s’est notamment inspiré de l’histoire des Templiers pour ses films, on s’est dit qu’on devait également commencer par la fin."
Au premier abord, Knightfall peut paraître comme une série se concentrant surtout sur un enchaînement de combats à l’épée et une action sanglante. Pour Tom Cullen, elle est bien plus complexe, se situant à mi-chemin entre House of Cards et Vikings : "La série parle de politique, explore les manigances et les machinations à la Cour de France. (…) Elle parle également de revanche, de trahison, de fraternité, de loyauté, de foi, d’humanité, de la mort… Je pense qu’elle soulève des questions existentielles fondamentales, tout en restant divertissante." Par ailleurs, la thématique de la religion est particulièrement importante dans ce contexte, comme le rappelle l’acteur : "Je pense que Knightfall explore ce qu’est la foi, et comment celle-ci peut être utilisée et manipulée pour servir les intérêts personnels du pouvoir, qui n’ont rien à voir avec la religion."
La réalisation de Knightfall bénéficie d’une équipe passionnée et expérimentée en matière de séries historiques. En effet, on retrouve Douglas Mackinnon (Robin des Bois, Outlander), Metin Hüseyin (Borgia, Outlander) et David Petrarca (Game of Thrones). Enfin, le producteur délégué Jeremy Renner a toujours été fasciné par les chevaliers et est notamment un grand collectionneur d’épées.
L’ordre des Templiers a inspiré nombre d’artistes qui y ont trouvé autant de sources historiques que de légendes urbaines propices à de nombreuses interprétations. Pour l’écrivain et historien britannique Dan Jones, consultant sur Knightfall, la série fait preuve d’authenticité à ce sujet : "Certaines scènes sont incroyablement fidèles aux événements et aux sources historiques - le détail du siège d’Acre en 1291 qui ouvre le premier épisode, par exemple. La légende du Saint Graal est aussi extrêmement importante dans la mythologie des Templiers depuis les années 1200." Par ailleurs, comme il le rappelle à juste titre, certaines choses ont dû être modifiées, pour servir les intérêts dramatiques : "Le Pape Boniface VIII apparaît dans la saison 1, malgré le fait qu’en 1306, lorsqu’on reprend les événements en France, il est déjà mort."
En quête d’authenticité, la production de Knightfall a démarré en Croatie, avant de se poursuivre à Prague. En outre, une partie du tournage s’est également déroulée dans les studios Barrandov de Prague, afin de réutiliser des décors déjà construits pour Borgia, et pouvoir reconstituer un Paris médiéval.
Le 26 août 2016, un incendie s’est déclaré dans les studios Barrandov, détruisant la reconstitution du Paris médiéval nécessaire à la production. D’abord paniqué, Jeremy Renner a su comment tirer profit de la malheureuse situation : "Je me suis dit : ‘merde !’ et ensuite : ‘filmez ! filmez ! Paris brûle, c’est génial, c’est gratuit ! On en aura peut-être besoin !’." Si les dommages causés ont entraînés une perte d’environ 4,5 millions de dollars, le sinistre n’a pas modifié le plan de travail et les équipes se sont donc rabattues sur les environs de Prague pour le reste du tournage.
Après une première collaboration fructueuse entre A&E Networks et Titan Publishing pour Vikings, les firmes réitèrent leur partenariat pour Knightfall. La maison d’édition a ainsi étroitement collaboré avec les créateurs et les scénaristes afin de développer des romans originaux, ainsi que huit comic books, visant à approfondir la mythologie de la série, en y intégrant de nouvelles aventures, tout en mettant en valeur l’expérience des téléspectateurs. En effet, les deux premiers volumes sont publiés en même temps que le début de la diffusion de Knightfall et sont également disponibles en ligne.
Pour Tom Cullen, jouer dans Knightfall s’apparente à un rêve devenu réalité : "J’ai grandi au Pays de Galles, près d’un château, en regardant des films comme Robin des Bois et Braveheart. Ce genre d’histoires fait partie de mon ADN. J’ai toujours été fasciné par le Moyen Âge, parce que c’est une période de l’histoire où la vie et la mort se côtoient étroitement." Par ailleurs, les nombreuses contradictions de son personnage, Landry, ont également été un critère majeur pour l’acteur et sa participation au projet.
Habituellement réticent à se rendre à la salle de gym, Tom Cullen n’a pas pu faire exception à l’entraînement intensif nécessaire pour son rôle de chevalier. S’il avait déjà eu des cours d’escrime durant son cursus d’art dramatique, le jeune homme n’avait pas manié l’épée depuis huit ans. Pendant trois mois, il a donc passé entre trois et quatre heures par jour à alterner boxe, musculation, escrime et équitation. Pour garder le rythme sur le tournage, le comédien a même continué ses entraînements pendant ses pauses déjeuners. Menée par le cascadeur et chorégraphe français Cédric Proust, cette préparation rigoureuse en valait la chandelle : "L’équipe voulait absolument qu’on ait tous un très haut niveau. (…) Travailler sur Knightfall a été une expérience incroyablement dure physiquement mais je suis très fier du résultat."
Le scénariste et producteur délégué Dominic Minghella a insisté pour que les acteurs portent de vraies cottes de mailles de 20 kilos durant les séquences de combats, plutôt qu’un costume plus léger qui ne paraissait pas assez authentique à l’image. Une décision qui n’a pas forcément réjoui l’interprète principal, Tom Cullen : "Je méprisais cette décision au début, j’étais en colère. C’est comme porter un enfant de huit ans sur le dos, de douze à quatorze heures par jour. (…) Je me souviens la première fois qu’on a essayé de monter à cheval avec, on n’arrivait pas à grimper dessus parce qu’on avait pas assez de force dans les jambes." Un choix authentique mais à quel prix ? L’acteur Simon Merrells en a fait les frais lors d’une scène de combat sur un bateau : sautant dans l’eau pour éviter des explosions, il a évité la noyade grâce une équipe de sauvetage. Heureusement, plus de peur que de mal.
Si le Moyen-Âge ne semble pas être synonyme de féminisme, les recherches menées par les deux créateurs ont abouti à une découverte fascinante. Dans l’ancêtre du jeu d’échecs, la dame était un pion relativement faible, avant de devenir "la reine", pendant la période médiévale romantique. "N’importe quel amateur d’échecs sait qu’il s’agit de la pièce la plus puissante du jeu (…) Cela vient du fait que les femmes de cette époque étaient particulièrement influentes en tant que reines et dirigeantes.", a confié Don Hanfield. Un sentiment partagé par Olivia Ross, interprète de la reine Jeanne de Navarre : "Knightfall met en lumière une figure médiévale féminine iconique" qui, "comme beaucoup d’autres, ont été effacées de l’Histoire."
Depuis son rôle emblématique de majordome dans Downton Abbey, où il a servi loyalement la famille Crawley durant six saisons, Jim Carter est monté en grade. Dans Knightfall, l’acteur n’incarne pas moins que le Pape Boniface VIII, connu pour avoir porté à son paroxysme l’absolutisme théocratique de la papauté. Une figure influente sur le reste des personnages, comme sur le reste du casting : "J’ai croisé Jim Carter dans le nord de Londres. Je me suis dit que ce serait génial d’avoir quelqu’un de sa prestance dans un rôle principal, entouré d’autres acteurs peu connus.", a expliqué Dominic Minghella.
Le casting de Knightfall réunit trois acteurs de Downton Abbey : Jim Carter, Tom Cullen et Julian Ovenden qui jouaient respectivement le majordome Carson, ainsi que deux prétendants de Lady Mary Crawley dans les saisons 4 et 5. Ces retrouvailles ont notamment réjoui Tom Cullen qui rêvait de partager plus de scènes avec Jim Carter : "Lors de mon premier jour de tournage sur Downton Abbey, je me souviens que Jim devait me servir du vin et je me suis retourné pour lui dire merci. Le consultant historique est venu me voir en me disant que je ne pouvais pas le remercier. (…) A chaque fois qu’on avait une interaction, je devais lutter contre l’envie de le regarder. Donc, je suis très reconnaissait d’avoir pu travailler avec lui sur Knightfall, et surtout d’avoir pu le regarder dans les yeux cette fois ! » Toutefois, Tom Cullen n’a toujours pas eu l’occasion de donner la réplique à Julian Ovenden : "Comme dans Downton Abbey, nos personnages sont rivaux mais n’ont pas forcément besoin de se rencontrer."
Interprétant le conseiller du roi Philippe IV, Guillaume de Nogaret, Julian Ovenden s’est vu confié les meilleures répliques de la série. Selon Dominic Minghella, cela est dû à son rôle de manipulateur, ainsi qu’au don de l’acteur pour le phrasé : "Il sait comment porter un dialogue assez complexe. C’est un chanteur et musicien exceptionnel, qui a une élocution singulière."