L'odyssée de "Better Call Saul" s'est déroulée avec une maestria rarement égalée dans l'histoire télévisuelle, évoluant d'une toile de fond familière en un chef-d'œuvre à part entière. Au cœur de cette saga se trouve Jimmy McGill, dont la transformation en Saul Goodman s'est faite avec une complexité et une nuance captivantes, reflétant la fragilité humaine et l'ambiguïté morale. Les premières saisons ont planté les graines d'une trajectoire ascendante, marquée par des performances d'acteurs stupéfiantes, une narration ingénieuse, et une cinématographie qui transforme chaque plan en une toile. Les saisons subséquentes ont élevé cette base avec une profondeur accrue, explorant les abîmes de la nature humaine, les dilemmes éthiques, et l'impact des choix personnels.
La brillance de "Better Call Saul" réside dans sa capacité à tisser des liens subtils avec "Breaking Bad", enrichissant l'univers sans jamais s'y soumettre. Chaque personnage, de Mike Ehrmantraut à Kim Wexler, est une étude de caractère fascinante, offrant des arcs narratifs qui sont à la fois profondément personnels et universellement résonnants. L'ascension
et la chute
de Jimmy/Saul sont captivantes, présentant un homme en quête d'acceptation et de succès, mais constamment entravé par ses propres démons et un passé indélébile.
La mise en scène, allant de la discrétion de ses débuts
à l'opulence de ses derniers jours
en tant que Saul Goodman, est un régal visuel, utilisant le paysage d'Albuquerque non seulement comme un décor, mais comme un personnage à part entière. La musique, toujours juste, souligne avec subtilité les moments clés, tandis que le scénario, rempli de dialogues ciselés et de répliques mémorables, est d'une intelligence rare.
Si "Better Call Saul" atteint presque la perfection, c'est grâce à son exploration intransigeante de la condition humaine, présentée sans jamais céder à la facilité. C'est une série qui récompense l'attention du spectateur, se déployant comme un roman complexe, chaque épisode ajoutant à la richesse de l'histoire. Bien que certains pourraient arguer que certaines longueurs narrative auraient pu être évitées, ces moments de contemplation contribuent à l'édification de l'atmosphère si unique à la série.
En conclusion, "Better Call Saul" se distingue non seulement comme un préquel digne de "Breaking Bad", mais s'affirme comme une œuvre magistrale à part entière, marquée par une narration exemplaire, une direction artistique méticuleuse, et des performances d'acteurs qui resteront gravées dans l'histoire télévisuelle. C'est un voyage poignant à travers les méandres de l'âme humaine, capturé avec une acuité et une sensibilité qui touchent au cœur même de l'expérience humaine.