Cinémax et les auteurs de la série Banshee reviennent en grande forme avec une nouvelle production aux petits oignions.
Quarry raconte le retour du Vietnam de Mac Conway, un Marines hanté par la guerre et qui réalise que la "vie normale" qu'il attendait n'est pas là.
On retrouve une série mature, sans complaisance ni calibrage marketing, sans notion de bien ou de mal, chaque personnage pouvant faire de bonnes actions tout en faisant des choses horribles à côté.
Le choix du ton et la direction artistique interpelle, les épisodes ne suivent aucun schéma-type, l'histoire avance par à-coups, de manière sinueuse et torturée, à l'image du retour à la vie civile de Mac.
Certaines "missions" sont particulièrement sordides, mais plus encore que la mort de malfrats notoires ou de criminels, c'est l'absence de point de vue moral du choix, délivrant une violence à son paroxysme sans fioriture, sans artifice.
Le show a quelque chose de sobre, brut, rude et dénué de sentiment. "C'est comme appuyer sur un interrupteur" diras Mac en parlant du meurtre de quelqu'un.
Le show ne présente pas la violence uniquement par le prisme du crime, mais également la violence de la société tout entière, via le rejet des vétérans rentrés du pays, le profond racisme contre les noirs ancré dans le vieux Sud des États-Unis.
Comme pour Banshee, la violence n'est jamais une fin en soi, ou un argument marketing, mais un catalyseur, un élément dans le développement psychologique des personnages, la conséquences des choix des personnages, le reflet de leur mode de vie, de leur philosophie.
L'ensemble de la série se révèle un magnifique travail de reconstitution des USA de la fin des années 60 début des années 70. Les showrunners disant à qui voulait l'entendre que c'était aussi difficile que de filmer les dragons dans Game of Thrones !
Au-delà des décors utiles à l'intrigue, des anciennes voitures et costumes, de la bande-son travaillée, des ambiances sales et crépusculaires, de la photographie stylisée et rugueuse, c'est le quotidien des américains moyens de l'époque, la manière dont ils réagissent aux évènements de leur pays et de leur propre vie qui marque le téléspectateur.
Comme à leur habitude, les auteurs se focalisent sur quelques personnages (Mac, sa femme Joni, le collègue de crime gay "Buddy", le mystérieux et intriguant "Agent", la veuve Ruth), des personnages entiers, avec leurs propres forces et faiblesses.
Une série qui sort des chemins battus, exigeante, jamais gratuite, qui fera réfléchir le téléspectateur sur cette période troublée.