Documentaire d’une puissance inouïe, ERNEST COLE, PHOTOGRAPHE relie l’histoire d’un homme à celle de tous les hommes victimes des inégalités et des exclusions d’hier et d’aujourd’hui. Dédié à tous ceux morts en exil, il fait écho, sans appel et sans complaisance, à la voix de l’artiste.
Ce conte de Noël à la fois moderne et dystopique, plein de réminiscences secrètes et de promesses à venir, est sans conteste le plus beau joyau de l’œuvre déjà étincelante de son créateur.
Récit d’une première femme qui parvient à faire traduire en justice un homme politique influent et populaire pour harcèlement sexuel au travail, bien avant l’ère #MeToo, L’AFFAIRE NEVENKA est un film de résistance nécessaire.
On est immédiatement pris d’affection pour le propos, le trait et le nombre de frames par seconde. Il est toujours agréable de se sentir dans l’atelier dès lors qu’on s’éloigne de Pixar et de ses concurrents.
Si la beauté de TROIS AMIES se tient à un enjeu de dignité – comment être honnête sans blesser l’autre –, il en est la promesse par sa retenue, son élégance et sa délicatesse.
Fabrice Du Welz, par un biopic déguisé, rétablit cette erreur du cinéma, si évidente lorsqu’on rencontre l’actrice, cette erreur de la faire jouer tant elle est déjà un personnage, déjà trop romanesque pour la vie, trop sorcière pour être actrice, trop actrice pour une vie ordinaire.
Une direction artistique somptueuse qui parvient à supplanter le sérieux de plomb du propos, et l’évident désir du cinéaste que son exercice de style fasse autorité. Il est désormais clair qu’il y a deux Robert Eggers : le barde de THE WITCH et THE LIGHTHOUSE, marchand de petits cauchemars à l’ironie mordante, et le chef de chantier de THE NORTHMAN et NOSFERATU, qui semble jouer sa vie à chaque plan. Cet Hollywood le mérite à peine.
Pour Coralie Fargeat, cela revient aussi à ne rien céder sur ses propres désirs de cinéaste ; à tendre ce fil jusqu’au bout d’un dernier plan inoubliable d’audace et de dérision, point final d’une expérience tout sauf interchangeable.
Le rythme et la mise en scène au cordeau de la cinéaste finissent de donner au film sa belle fluidité, jamais artificielle, pendant que les ruptures de ton, du rire à une émotion, s’enchaînent de manière organique, faisant de TÓTEM une œuvre profonde et sensible dans laquelle la vie semble vouloir, le temps d’un moment partagé, prendre le dessus sur la mort. Tout en parvenant à éviter l’écueil de la joliesse de tant de films sur l’enfance, ou de la délicatesse surjouée par un réalisme si prisé actuellement.
Curieuse fin que celle d’ANORA, qui, en faisant se rencontrer deux âmes n’ayant jamais été définies comme telles, mais par leur corps et la meilleure manière de s’en servir, met soudain le spectateur face à ses responsabilités dans toute cette histoire. À vous de faire mieux la prochaine fois, nous susurre Sean Baker. Comment dit-on déjà ? Ah oui. Ça valait bien une Palme d’or.
Une force formelle avec laquelle Tru’o’ng Minh Quý nous égare sans nous perdre dans un dédale mémoriel et bruissant, secondé par l’envoûtante partition sonore de Vincent Villa. Une révélation.
Une lucidité de ton et une véracité de regard infusant une mélodique et mélancolique fiction du déracinement, innervée par une humanité déchirante et traversée par une gravité sourde.
Or ici, il s’agit d’un drone : un œil-caméra qui nous fait épouser son point de vue. Mais c’est alors qu’Émilie – et nous avec elle – s’émancipe : elle refuse ce regard et décide de le combattre.
Là, face à la mer et au silence qui dit tout, en chœur avec celles qui l’ont mené à bon port, le spectateur entend enfin ce qu’il ressentait : qu’ici, et surtout « ici, c’est beau ».
Pourtant, il ne s’agit pas pour Sanders d’en faire le miroir de nos défaillances, mais d’inspirer une certaine transcendance. « Roz » est une esclave, la variation d’un modèle, ni bon ni mauvais. Son chemin est celui d’une libération (de son programme, du système qui l’a engendré), dans une belle incitation à prendre enfin le contrôle de sa vie.