Dans ce voyage formel, presque muet, le cinéaste semble faire parler les pierres et fait de la concrétude du monde de gigantesques tableaux abstraits (zooms appuyés, ralentis hypnotiques, drones aux mouvements célestes).
[...] une reconstitution historique un peu appliquée, façon téléfilm de qualité, avec de beaux tissus, des décors impeccables, mais pas assez de figurants ni d'emportement.
Leni Riefenstahl reste peut-être la plus grande cinéaste de l’avant-guerre, mais elle fut bel et bien une nazie convaincue, puis une vieille dame indigne, incapable à jamais d’assumer l’étendue de ses fourvoiements.
L'élan vital, surfant habilement sur la ligne de crête de la sensiblerie, doit beaucoup à l'incarnation des deux figures de proue. Benjamin Lavernhe campe un maestro trentenaire avec la sensiblerie et le professionnalisme qu'on lui connaît. Mais c'est bien sûr Pierre Lottin qui crève l'écran (...).
Ce souvenir érotique au masculin est la pierre de touche de l’œuvre de Gomes. Un homme-obsession dont la rémanence bouscule notre vision du monde et du cinéma. Grand Tour nous invite à ce bouleversement inédit, ne passez pas outre !
Étant donné l’aura du maître de la littérature moderne et la résonance de son œuvre incisive, le projet est un défi. Qu’à cela ne tienne ! L’acteur a un physique convaincant, Dora est charmante, l’antisémitisme menace, Max Brod est l’ami fidèle. Les vues de la station balnéaire sont nostalgiques et les plongées sur les voyages en train efficaces.
Avec humilité et délicatesse, en poussant la logique du conte jusqu’à choisir la forme du dessin animé, Michel Hazanavicius, qui a dessiné lui-même chaque personnage, rend justice au matériau de Grumberg tout en donnant naissance à une œuvre autonome qui serre le cœur et rend heureux tout à la fois.
Inspiré de faits réels, "Une part manquante" aurait pu prendre la forme d'un documentaire ou d'un film-dossier. Guillaume Senez fait le contraire. Dans ce sujet saturé d'affect, il trouve une nouvelle fois l'occasion d'une plongée sensible dans la paternité contemporaine.
Sa puissante originalité consiste à mêler l'histoire intime (et universelle) des rapports père-enfant à une ample fresque, qui évite les pièges du film à thèse sur le "problème corse". Son style allie l'hyperréalisme du portrait de milieu avec l'élégie tragique de certains westerns crépusculaires et pose la question de la masculinité toxique au sein d'un groupe social.
Dans la filmographie d’Iciar Bollain, "L’Affaire Nevenka" s’inscrit dans la continuité de son film précédent, "Les Repentis" (2021), qui évoquait l’assassinat du socialiste Juan Maria Jauregui par l’ETA. Des événements politiques réels, survenus à la même époque - au tournant du siècle -, à propos desquels la cinéaste prend clairement position, son empathie et son soutien allant sans la moindre ambiguïté à Nevenka Fernandez [...].
On peut évoquer, et on l'a souvent fait, Éric Rohmer, Woody Allen, Marivaux, et même, je plaide coupable, Joseph L. Mankiewicz pour parler du cinéma d'Emmanuel Mouret. Ce n'est pas lui rendre tout à fait justice, à lui qui trouve dans Trois amies un ton admirablement juste et parfaitement personnel.
L'énergie et la justesse des deux comédiennes principales contribuent à la réussite de ce premier essai qui ignorent les surenchères complaisantes encombrant si souvent les fictions sur le mal-être adolescent.
Comme son héroïne éponyme, le dernier film de Sean Baker intrigue, convainc et charme par sa fougue juvénile, son culot irrespectueux, et surtout par sa versatilité.
Sans ostentation, avec l’humilité de ses modestes moyens, mais également avec la crâne ambition du premier film qui ne s’interdit aucune prise de risque, la cinéaste parvient à embrasser une multitude de thèmes complémentaires (...).
Non contente de cheminer avec ses trois protagonistes, la cinéaste invente un rituel nouveau, un cérémonial inédit pour inédit pour celles qui n'auront pas tout à fait vécu, si ce n'est dans l'attente d'une naissance.