Si le documentaire s’avère plaisant à regarder, il semble davantage s’adresser à des connaisseurs du travail de Marie Losier et à un public d’emblée conquis par Peaches. Reste le problème de sa forme punk et déchaînée, dont le montage énergique dissimule mal l’impression de voir défiler une suite de rushs qui auraient eu du mal à s’organiser pour trouver leur unité.
La lenteur du récit, le hiératisme de la mise en scène plongent avec une gravité et une certaine minutie son héroïne au cœur d’un environnement concret tout à la fois finement observé et minutieusement décrit, comme une manière d’enraciner une réflexion qui serait à la fois politique et métaphysique.
En lutte pour faire reconnaître son droit de propriété sur la terre où elle a grandi, l’héroïne, interprétée par Rose Aste, impose son tempérament orgueilleux au film, dont la mise en scène colle à l’âpreté. Dommage que l’ensemble pâtisse d’une longueur qui sape la tension recherchée.
A la fois comédie musicale et comédie sur le spectacle musical, ce premier long métrage est souvent didactique, mais il est aussi doté d’un vrai charme.
Ce qui manque au film pour dire vraiment quelque chose du capitalisme, c’est le travail en lui-même. De la construction de la tour, de l’effort ouvrier, etc., on ne verra pas grand-chose.
Ces images idylliques, qui ouvrent le documentaire Les Filles du Nil, viendront buter pendant l’heure quarante qui suit contre une réalité plus âpre. Celle du quotidien de ces jeunes femmes de Deir el-Bersha, un village copte situé à 300 kilomètres au sud du Caire, en Egypte.
Le film nous aimante dans ses accès de noirceur millimétrée, dans son minimalisme et ces bouts de scène jamais filmés in extenso. Ainsi morcelée, l’expérience visuelle nous rend attentif à chaque image manquante, et au moindre signe (...).
Pas mal de pistes à suivre, donc, et autant de plaisir à s’y perdre. Les prestations d’acteurs – particulièrement dans le registre de la bêtise universelle – n’y sont pas pour rien.
"Nickel Boys", le deuxième essai signé RaMell Ross, se démarque par son utilisation inventive des moyens du cinéma pour faire de son récit un objet singulier, aussi politique que poétique.
Tous ces éléments, fable et réalité, rire et horreur, tendresse et violence, se combinent miraculeusement pour déborder le fantastique sur le flanc de la poésie.
Le réalisateur a, assez courageusement, voulu relever le défi du réalisme, en enfermant quasiment tout du long le film et les personnages dans les quatre coudées de leur réclusion. L’aporie d’une telle tentative est dramaturgique : comment filmer la pure attente ? Et aussi bien mathématique : comment exprimer sept cents jours d’une telle macération en une heure trente de représentation ?
Si le film parvient parfois à tirer profit de son décor singulier, le pont du cargo encombré de gigantesques caisses en acier formant un labyrinthe que l’on croirait sans issue, il sombre vite dans une sorte de questionnement métaphysique pompier.
Si les intrigues de pouvoir rappelant Game of Thrones permettent à Wuershan d’explorer les thématiques de la justice et du sacrifice, on retient surtout ici la dimension épique des batailles servie par des nombreux effets spéciaux et quelques idées visuelles ingénieuses.
On reprochera toutefois au film de s’en tenir à une conception un peu trop littérale de ce qu’est un film politique : soit une envie d’édifier le spectateur, de nommer l’ennemi (le capitalisme), mais sans que rien ne passe jamais par une révolution de la forme ou un dynamitage des conventions scénaristiques.
Mais le dispositif du tournage perturbe l’ensemble et vient écorner le charme du duo. Ce qui se présentait comme une affaire spontanée et un tête-à-tête peu aguerri aux performances sportives s’avère techniquement et narrativement fort encadré.
Si le documentaire a des allures de success-story aseptisée, les prestations live qui restituent la puissance de feu du quatuor valent le coup d’oreille.
Le documentaire s’attache aussi brillamment à décrypter la qualité cinématographique des toiles. Le sens de la composition du maître, sa manière de jouer avec les regards, pour mieux les décaler et nous interroger.
A partir de son trio de personnages que l’on observe, dans un premier temps, seuls et hantés par la tristesse, le temps de quelques séquences émouvantes presque sans paroles, le réalisateur bâtit ensuite un voyage métaphysique vers une forme d’apaisement. Eric Khoo ambitionne de reconnecter tout ce qui a été séparé.
Tout le film est là, dans ce télescopage du vécu, entre instants minables et sublimes, avec lesquels la réalisatrice s’est construite. A sa manière, Maman déchire, film d’archives kaléidoscopique, est plein d’amour.
Il en résulte un film sur le fil, drôle et émouvant à la fois, tourné sur les lieux, à flot continu de Frédéric Chopin, sans céder pour autant sur la part de tragique. A Real Pain est une interrogation sur la double distance qui sépare, autour de la Shoah, les juifs américains des juifs européens.