Déjà, en 1971, la séminale Bataille de Kerjenets, se jouait de la bidimensionnalité de sa technique et ajoutait à sa spectaculaire leçon d'animation d'icônes célébrant l'âme russe un hommage beaucoup plus subversif à Malevitch.
Une langue universelle […] puise dans la matérialité du réel pour mieux le réinventer, exagérant la fadeur de la ville en n’en conservant que le plus gris et le plus beige.
Plus Schrader assume la substitution des corps d’un plan à l’autre, plus il se rapproche d’une conception du cinéma opposée à toute unification identitaire. Chaque plan institue une différence d’avec soi, son corps, sa parole.
Envisageant toutes les combinaisons possibles de l’échange, Conte Nuptial tente, fragilement mais non sans audace, d’associer geste théorique et vaudeville féministe.
Les deux acteurs donnent […] corps à un sentiment plus large qu’une chronique générationnelle : celui de se sentir perdu dans sa vie avant même d’avoir commencé à la vivre.
Un hommage aux allures d’aveu de rendez-vous manqué avec ceux dont il n’a pas été le collaborateur de leur vivant, regret qui semble être au cœur de ce Requiem qu’il leur consacre.
Idéalement interprétés par des acteurs non professionnels […], les personnages jouent le drame sans pathos, l’humour sans truculence et la tendresse sans joliesse.
Tyler Taormina est sans doute de celles et ceux qui (se) prouvent en permanence l’existence de l’extraordinaire dans l’ordinaire, du sensationnel dans le quotidien.
Cela fait du bien de voir une fantaisie qui n’est ni du maniérisme, ni du pastiche, ni du post-modernisme, mais le fruit d’un bricolage que l’on sent conquis à l’arrachée dans une joie adolescente.
On ressent d’emblée devant Shambhala l’un des plus grands plaisirs que peut procurer le cinéma : celui de sentir qu’on explore à chaque séquence un espace, qu’on découvre petit à petit un monde qui ne nous est pas donné comme une évidence.
L’approche kaléidoscopique du personnage reste artificielle, tant Serebrennikov s’accroche à un unique fil directeur, qui minore l’importance de la politique : l’art.
Le film échoue cependant sur le même point essentiel que L’Amour ouf : une incapacité à saisir les enjeux éminemment politiques du récit. Le désespoir des ouvriers, la lutte des classes et les tensions entre communautés (la rivalité entre Anthony et Hacine, fils d’immigré) ne dépassent pas ici le statut de moteur romanesque, d’élément mélodramatique.
Pour son premier long-métrage, Christy Hall fait à la fois simple et compliqué. Une voiture, deux personnages : difficile d’imaginer cadre plus serré. Mais rien de ce qui sera dit n’échappera à l’empire de la métaphore et de la signification.
Le cadre d’un conclave offre une spécificité narrative unique : celle d’un thriller électoral calfeutré dans un huis clos et dont la dramaturgie […] est renforcée par la volatilité du scrutin.
De merveilleux, il est bien question dans ce film qui s’ouvre comme un conte […], mais d’un merveilleux en creux que Vernier jette ironiquement à la face de ses personnages, trio d’orphelins désenchantés.