Portée essentiellement par des dialogues surlignés, la dénonciation du capitalisme méconnaît la dimension physique du travail ouvrier pour s’intéresser surtout à la libido contrariée du petit-bourgeois.
Deux Pattinson pour le prix d’un, dans le même champ : vieux comme les tout premiers VFX, le tour de force est aujourd’hui banal. La vraie prouesse, c’est donc de trouver une âme et une raison d’être valable à ce kamikaze doublonnant.
De la lutte pour une télécommande à un père soucieux que sa fille garde le contrôle sur sa vie, en passant par un fiancé tolérant « jouant » avec un naturel confondant le mari traditionnel, Les Filles du Nil saisit les luttes et renoncements intimes.
La force du film ressort de cet improbable dialogue que le montage parvient à inventer entre la cinéaste et l’enfant qu’elle était, sans jamais verser dans le narcissisme ou le pathos.
Malgré certaines séquences très drôles […] calées sur un tempo théâtral, la pathologisation annoncée par le titre de Bonjour l’asile contamine aussi bien le monde extérieur capitaliste que l’HP lui-même.
Folle de lui est la plus intéressante des trois suites car s’y pose la question de l’épuisement d’un type de personnage féminin qui fut jadis de son temps et qui ne l’est plus tout à fait.
L’adaptation rétro du roman autobiographique de Burroughs lorgne moins vers le Festin nu viscéral et marrant de Cronenberg que vers des artifices du Querelle de Fassbinder : fétiches […], déambulations dans des maquettes grandeur nature et chromos orange de couchers de soleil – le poisseux en moins.
A Real Pain est aussi un film de vrai emmerdeur. Et c’est là le ressort comique en marche, mais justement en version ‘touriste’, un peu molle et déclinante.
La force du film : celle d’installer dans la douleur un temps aussi doux qu’inéluctable, les personnages évoluant presque par le rythme naturel de la mise en scène là où les coups de scénario auraient été si facilement applicables.
Mercato veut le beurre et l’argent du beurre : Greta Thunberg […] et Karim Benzema, les blagues vulgos et la tirade manœuvrière, la conscience morale et le plaisir du cynisme, comme Debbouze veut jouer à la fois un gangster minable à la Ray Liotta et un imprésario touchant aux airs de Broadway Danny Rose.
Corbet y joue à faire entrer au forceps le grand sujet (Shoah, capitalisme, ego artistique, addiction, handicap…) dans l’anecdote, à incruster le trivial dans l’épique, à greffer la crudité physique sur la généralité du mythe.
Ce film à sketchs revient au principe de l’émission belge à succès des années 1990-2010 (des situations sans commentaires ni entretien) avec une certaine modestie. Quant au charognardisme dont elle a été accusée de manière récurrente, il est ici pensé, ruminé et même radicalisé.
Ce qui émeut relève surtout du rapport à l’enfance, dont Luigi Comencini a été le chantre dans ces chefs-d’œuvre que sont L’Incompris et Les Aventures de Pinnochio, dont les différentes séquences suivent ici la genèse. […] Mais lorsque le temps reprend sa course, le film souffre d’une trop forte stagnation qui amortit les épisodes dramatiques.
Avec délicatesse, en prenant le temps et la distance […], Clémence Davigo saisit au fil des échanges les marques d’un passé à propos duquel les victimes, enfermées dans la honte, ont eu du mal à s’ouvrir.
L’originalité du Mohican est de s’appuyer moins sur le film noir que sur ces westerns terminaux qui convertissent l’élégie du genre en énergie mélancolique.