Schrader emploie l'outil fictionnel pour construire un autoportrait intime dans lequel il évoque son rapport à la maladie, à la mort, avec une extrême sensibilité, mais avec détermination et cruauté, et dans une magnifique impudeur [...]. L’un des plus beaux cadeaux de cette année 2024.
Film court [...], "Domas le rêveur" s'avère donc une œuvre idéale en cette période de Noël où les épreuves personnelles ou plus collectives sont battues en brèche par une volonté de merveilleux venant adoucir les petites ou grandes contrariétés d'un monde pas toujours très sympathique.
Un bonbon léger, dont la saveur renverrait au fameux umami, avec de légères touches tantôt acidulées, tantôt sucrées, et surtout une amertume qui reste en bouche.
Si le résultat est généreux dans sa proposition et son respect du genre, "Planète B" a du mal à éviter quelques écueils. Pourtant, là où ses prédécesseurs abordant la réalité virtuelle ne s’intéressent qu’à cette technologie sur l’angle du jeu vidéo et ses dérives, Aude-Léa Rapin parvient à se distinguer en abordant un aspect carcéral, qui n'avait pas vraiment été abordé de cette manière jusqu'alors.
Eggers convoque l'essence la plus frénétique et noire du romantisme, sa part baudelairienne de poésie corrompue. Son Nosferatu nous étreint sauvagement, nous laissant anéantis et exsangues, grisés par tant de noirceur et de beauté
Malgré ses quelques défauts qui portent en eux la maladresse des artistes inexpérimentés, "No Nos Moveran" contient en lui une profonde mélancolie très émouvante, faisant de son personnage principal une âme en peine symboliquement torturée en même temps que son frère, et dont les plaies ont été ouvertes par la mémoire traumatique pendant les soixante années qui ont suivi.
La réalisatrice filme ses personnages tambour battant tout en prenant le temps de nous laisser contempler les paysages […] Autour de ce récit se dégage alors une fraîcheur incomparable mêlée de drôlerie et de mélancolie.
Voilà donc ce qui relie Maurice, Katia et Werner : un feu intérieur ("The Fire Within" est le titre original du film) qui les pousse à aller filmer, au mépris de tous les dangers. Entre l’art et la vie, ils ont fait leur choix.
Un enchaînement virtuose de comptines, de contes traditionnels ou contemporains, de comédie cartoonesque et de poésie, pour un résultat cumulant avec une efficacité remarquable les moments émouvants, hilarants et entraînants
Pouvoir humaniser une telle machine de haine sans lui faire perdre son pouvoir de nuisance est un défi que peu de comédiens peuvent relever, Vicky Krieps, habituée à nous éblouir par sa délicatesse, transcende ici la puissance et la violence de son personnage en dosant et variant subtilement ses effets.
D'œuvre en œuvre, Taormina prolonge l'élan primitif de David Robert Mitchell et le transcende pour créer petit à petit une filmographie fascinante et d'une beauté assez folle, tout à la fois emplie de lumière mais non dépourvue de la part d'ombre que peuvent provoquer en nous toutes les incertitudes vers lesquelles les pas des personnages les guident.
Au-delà de la légende, de la fable et du conte pour enfants, ces œuvres s’offrent à nous comme des fragments d’âme de Norstein, dont l’immense magie artistique ne cesse d’émerveiller (...)
Narré sous la forme d’une petite épopée de poche par Carlo Gallo, conteur calabrais, le film qui prend la forme d’une fable déploie une énergie galvanisante, un désir d’en découdre derrière la tragédie.
Mélange de huis clos et de road movie invitant au voyage vers l’autre et ajoutant sa pierre à l’édifice des films de taxi, "Daddio" séduit par la qualité de son écriture, l’alchimie évidente entre ses deux comédiens et son atmosphère enveloppante, à la limite de l’onirisme.
Avec « Shambhala », la contemplation et sa grandiloquence esthétique est en trompe-l’œil de la violence sociale, de la déconsidération de la femme, du poids de l’égo et de la rumeur destructrice, ici au Tibet, mais là-bas en Occident, une universalisation du mal dans un écrin de merveilles.
Le documentaire de Victor Kossakovsky s’avère aussi réjouissant pour les yeux et pour l’esprit que sombre par le constat d’une humanité courant sciemment à sa perte.
La Bella estate, à défaut d’être mémorable —il manque certainement un grain à l’image, polie et sans relief significatif— signe une chronique tendre et rayonnante autour d’une relation amoureuse lesbie
Chronique intime de la réconciliation d’un cinéaste avec son frère et ses parents, "A Holy Family" brille par sa retranscription du point de vue de son réalisateur, commençant dans l’amertume et l’austérité pour s’achever sur une vibrante déclaration d’amour d’un homme à sa famille.
Gomes filme magistralement la libération des croyances, le désapprentissage de l’amour individuel, ce détachement du carcan occidental par l’observation et l’écoute, la défection de l’égoïsme pour l’amour du pluralisme.
Le regard et la mise en scène d'Agathe Riedinger la dépouillent de ces apparats et la jeune femme retrouve là sous nos yeux, dénudée de ces mirages : elle devient un diamant brut par un corps dont la palpitation, la puissance d'être dépasse l'enveloppe de la représentation. Car le désir de Liane avant tout, c'est d'être aimée. Et celui de la cinéaste, nous la faire aimer.