Faisant des planches son terrain de prédilection dès les années 1950, c’est en 1960 que Danièle Lebrun effectue ses premiers pas au cinéma, avec les comédies Le Mouton et Les Tortillards, où elle donne la réplique à un Louis De Funès encore méconnu du grand public. Dès lors - à l’instar de nombreux comédiens populaires français - elle alterne théâtre, cinéma et - à partir de 1967 avec le téléfilm Le Jeu de l'amour et du hasard - télévision. Cela étant, ce n’est qu’à partir de la fin des années 1980 qu’elle s’affiche avec régularité sur grand écran, par le biais de rôles marquants. Durant son parcours aussi riche que prolifique, Danièle Lebrun n’aura de cesse de jongler avec les supports comme avec les genres, interprétant souvent des personnages peu aimables, contrastant ainsi avec son visage angélique.
Après avoir obtenu un premier prix au conservatoire de Paris pour sa magistrale prestation dans "Georges Dandin" de Molière, Danièle Lebrun poursuit sa prometteuse carrière théâtrale à la Comédie-Française, au sein de laquelle elle reste pendant 2 ans, de 1958 à 1960. Avide de nouvelles expériences, elle décide ensuite de partir en tournée internationale avec la troupe de la Huchette, en jouant dans de nombreuses pièces, dont l’incontournable "Cantatrice chauve" sous la direction de Nicolas Bataille. Elle obtient par la suite le prix de la critique pour sa prestation dans "Madame de Sade" du Japonais Yukio Mishima. Bien plus tard, la comédienne - ne lâchant jamais le théâtre - obtient le Molière du Meilleur Second rôle pour "Le Misanthrope" (1990) puis "Pygmalion" (2007), deux prix emblématiques d’une carrière scénique exceptionnelle.
Au cinéma, Danièle Lebrun s’illustre chez les plus grands, comme Claude Berri (Uranus, 1990, La Débandade, 1999, Ensemble, c'est tout, 2007), Eric Rohmer (Conte d'hiver, 1990), Henri Verneuil (588, rue Paradis, 1992) ou encore Jean-Claude Brisseau (Celine, 1991), ce qui ne l’empêche pas de tourner avec des réalisateurs plus jeunes, tels Jacques Audiard (Un héros très discret, 1995), Sylvie Testud (La Vie d'une autre, 2012) et Mathieu Kassovitz (Assassin(s), 1996). A noter qu’elle donne la réplique à ce dernier dans les trois films précédemment cités. Alternant aussi les sujets, c’est donc tout naturellement que l’on peut la voir dans les comédies populaires Disco (2007), L'Extraterrestre (1999) et Belle Maman (1998). Dans cette dernière, elle campe avec brio la mère alcoolique d’un Vincent Lindon amoureux de Catherine Deneuve.
Si Danièle Lebrun fait largement ses preuves sur scène et sur grand écran, sa carrière télévisuelle n’est de loin pas en reste. S’affichant, tout au long de son parcours, dans une grande quantité de téléfilms (dont beaucoup sont adaptés de pièces de théâtre), ses rôles les plus connus restent celui d’une baronne perverse dans la série Les nouvelles aventures de Vidocq (1971-1973), de la femme de Chéri-Bibi dans la série éponyme (1974), et de celle du général de Gaulle dans Le Grand Charles (2006). Mariée à Marcel Bluwal, inventif metteur en scène de télévision, elle tourne à maintes reprises sous sa houlette. Spécialisée dans les adaptations de théâtre pour le petit écran - comme son mari - elle brasse aussi bien l’univers de Marivaux, que celui de Corneille, Racine ou Molière.
En 2012, à 75 ans, Danièle Lebrun ne compte pas mettre un terme à sa carrière : en témoigne sa participation au premier film de Sylvie Testud, tout comme son grand retour à la Comédie-Française en avril 2011, plus d’un demi siècle après y avoir effectué ses débuts.
Auteur : Laurent Schenck