Sans doute une des personnalités les plus emblématiques et influentes du Septième Art, Steven Spielberg se montre très précoce. Enfant, il réalise quelques petits films amateurs puis abandonne rapidement ses études pour tenter sa chance à Hollywood. Assistant monteur sur la série La Grande caravane en 1957, il apprend son métier sur le tas dans les années 60 en réalisant des courts-métrages (tel que Amblin', dont il gardera d'ailleurs l’appellation pour sa future maison de production) et même un long métrage (Firelight), puis travaille pour le petit écran, dirigeant notamment des épisodes de Les Règles du Jeu, Night Gallery et Columbo.
Son talent de mise en scène se révèle au grand jour en 1971 avec le téléfilm Duel, oppressante course-poursuite entre un employé de commerce et un camion fou, qui remporte le Grand Prix du Festival d'Avoriaz. Le cinéaste réalise ensuite Sugarland express (1974), road-movie effréné et sanglant porté par Goldie Hawn. Prix du scénario à Cannes, ce drame confirme les belles aptitudes de l'Américain, dont la carrière va prendre un fantastique virage dès l'année suivante.
Car il y aura un avant et un après 1975 pour Steven Spielberg. A cette époque, il terrifie le monde entier avec Les Dents de la mer, une référence dans le cinéma d'épouvante qui le propulse star internationale de la mise en scène à seulement 29 ans. Ses films suivants remporteront le même succès, atteignant pour la plupart les cimes du box-office international et s'inscrivant dans l'imaginaire de millions de spectateurs. C'est d'ailleurs à lui, ainsi qu'à son ami George Lucas avec sa Guerre des étoiles, que l'on doit les premiers films de toute l'histoire du box office américain capables de pulvériser les 100 millions de dollars de recettes sur le seul territoire national. Une manne colossale pour les majors, qui permet aux deux cinéastes de revendiquer par la suite une totale autonomie ou presque vis-à-vis des studios.
En 1977, Rencontres du 3e type initie son rapport étroit avec la science-fiction, un intérêt qui se traduit en 1982 avec E.T., en 2001 avec A.I., d'après une idée de Stanley Kubrick, et en 2002 avec Minority report, une adaptation de l’œuvre de Philip K. Dick interprétée par Tom Cruise. Les deux hommes se retrouveront d'ailleurs en 2005 sur le tournage du classique La Guerre des mondes.
Le goût de Spielberg pour l'aventure lui permet par ailleurs de donner naissance à la légendaire saga des Indiana Jones : Les Aventuriers de l'arche perdue (1981), Indiana Jones et le temple maudit (1984) et Indiana Jones et la dernière croisade (1989) associent ainsi à jamais Harrison Ford au personnage du valeureux Indy. La suite de ses aventures, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal, qui a les honneurs d'une présentation cannoise en avant-première mondiale, s'est pourtant faite attendre pendant 19 ans, notamment en raison de l'insatisfaction de George Lucas sur les multiples moutures du scénario. Relevant les paris les plus fous, Spielberg ira jusqu'à ressusciter, grâce à une combinaison novatrice de maquettes animées et d'images de synthèse, plusieurs espèces de dinosaures pour Jurassic Park (1993) et sa suite Le Monde perdu (1997).
Le cinéma de Spielberg, qui revisite souvent les thèmes de l'enfance et de la famille, se porte également vers la comédie (burlesque avec 1941, plus légère avec Arrête-moi si tu peux et plus romantique avec Le Terminal), mais il sait aussi prendre ses distances vis-à-vis du pur divertissement pour aborder des sujets plus graves. L'Holocauste (La Liste de Schindler, 1993), l'esclavage (Amistad, 1997), la Seconde Guerre mondiale (Il faut sauver le soldat Ryan, 1998), le conflit israélo-palestinien (Munich, 2005) sont autant de thèmes délicats qui prouvent l'éclectisme et la sensibilité du cinéaste. Trois ans après son dernier Indiana Jones (2008, une éternité pour le cinéaste qui tourne jusqu'à deux films par an), Steven Spielberg propose coup sur coup au public deux nouvelles productions familiales : Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne (sa première incursion dans le monde de l'animation, pour un film qui était alors promis à devenir le premier volet d'une trilogie, menée avec son ami Peter Jackson) et Cheval de guerre, un drame classique sur une histoire d'amitié entre un jeune homme et son cheval, pendant la Première Guerre mondiale.
Réalisateur de légende ayant travaillé avec les plus grands acteurs, bénéficiant d'une cote de popularité jamais égalée, Steven Spielberg est également producteur à succès via sa société Amblin Entertainment (Poltergeist, Gremlins, la saga des Retour vers le futur, Les Goonies, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, Twister, Men in black, Super 8). En 1994, il crée avec David Geffen et Jeffrey Katzenberg les studios DreamWorks qui s'imposent rapidement comme l'un des poids lourds de la production cinématographique aux côtés des plus grandes majors. En 2013, il intègre la 20th Century Fox, qui s'occupe de la distribution de leur films.
En 2012, Steven Spielberg met fin à un rêve de longue date avec Lincoln, long-métrage sur le 16ème président des Etats-Unis et sa défense de l'abolition de l'esclavage. Transfiguré comme à son habitude dans son personnage, Daniel Day-Lewis décroche avec ce rôle son troisième Oscar du meilleur acteur. Après de nombreux projets non conclus, le réalisateur revient en 2015 avec Le Pont des Espions, quatrième collaboration avec l'acteur Tom Hanks devant la caméra. On y suit le parcours de James Donovan, avocat chargé de défendre un Américain soupçonné d'espionnage pendant la Guerre Froide.
Il enchaîne sur un registre plus fantaisiste et familial avec Le BGG - Le Bon Gros Géant. Cette adaptation de Roald Dahl qui suit les aventures d'une petite fille et d'un géant maladroit est accueillie tièdement par le public et la critique. Le cinéaste rebondit en 2017 avec son film suivant, Pentagon Papers, porté par le duo prestigieux Tom Hanks-Meryl Streep. S'inscrivant dans la lignée d'Alan J. Pakula et Frank Capra, Spielberg défend la liberté de la presse en retraçant la façon dont le Washington Post a mis en lumière une affaire d'État au début des années 1970, révélant l'implication des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam.
Le réalisateur fait un bond dans le temps et se projette en 2045 avec Ready Player One, tiré du best-seller d'Ernest Cline. Avec cette chasse aux trésors dans un univers virtuel, il livre un hommage à la pop culture spectaculaire et bourré de références. Il s'attaque ensuite à une oeuvre culte avec West Side Story (2021), d'après la pièce de Broadway déjà portée à l'écran par Robert Wise et Jerome Robbins en 1961. Toujours au son des morceaux de Leonard Bernstein et Stephen Sondheim, il suit l'histoire d'amour impossible entre deux individus issus de bandes rivales dans le New York de 1957. C'est l'accomplissement d'un rêve pour Spielberg qui ambitionnait depuis longtemps de faire une comédie musicale.
Prolifique, il met en scène à 76 ans son film le plus personnel et intime, The Fabelmans. Revisitant son enfance et son histoire familiale dans un récit initiatique, il signe une bouleversante déclaration d'amour au cinéma qui bénéficie d'un accueil critique exceptionnel. Le long-métrage est nommé 7 fois aux Oscars, notamment dans les catégories Meilleur film et Meilleure réalisation.