Michel Audiard est né à Paris, dans le 14e arrondissement, qu’il ne quittera jamais vraiment. Il arrête les études après le certificat d’études et passe son temps à dévorer les grands classiques comme Zola et Balzac, dont il a déjà tout lu 14 ans ! Le vélo est sa seconde passion, et lors de la Seconde Guerre mondiale, il participe à l’exode sur deux roues. Il est vite ramené à Paris, où les privations de l’occupation allemande sont pour lui une épreuve insupportable. A la Libération, il rentre au journal L’étoile du soir, dans lequel il tient une chronique, puis devient critique cinéma.
En 1949, André Hunebelle lui propose de scénariser un film policier : Mission à Tanger, puis d’autres propositions suivent rapidement : Le Passe-muraille (1951) ou L' Ennemi public N°1 (1953), et les dialogues font mouche auprès des critiques comme du public. Le style Audiard est un mélange de langage imagé entendu dans la rue ou dans les bistrots du 14e arrondissement et de sa culture littéraire. Les personnages qui "parlent l'Audiard" s'embarquent dans des tirades qui mêlent argot, humour moqueur et périphrases pour la plus grande joie de ses interprètes et du public.
Dans les années 50 et 60, l'auteur est omniprésent sur les écrans, signant de son nom ou aidant anonymement un ami scénariste en panne d'inspiration. La comédie et le film policier sont ses genres de prédilection, et ses sujets de scénarios sont régulièrement issus de ses lectures. Une rencontre va être déterminante pour sa carrière, celle de Gilles Grangier. Alors qu’ils viennent de terminer Poisson d'avril (1964), les deux hommes travaillent ensuite sur Gas-oil (1955), qui marque la rencontre entre Audiard et Gabin.
Futé, le premier comprend vite que le second est l’homme qui lui manquait pour asséner des dialogues tirés au cordeau. S’ensuit une collaboration de 17 films entre les deux hommes, tous des succès populaires comme Le Cave se rebiffe (1961) ou Un Singe en hiver (1962). Le triomphe arrive avec Les Tontons flingueurs (1963) dont Audiard signe les dialogues. Dès lors, les classiques s’enchainent : Les Barbouzes, Cent mille dollars au soleil (1964), La Métamorphose des cloportes (1965).
Dès lors, la réputation d'Audiard dépasse celle des metteurs en scène pour qui il travaille, et parfois même, il les efface. Alors même qu'il n'est que dialoguiste, on l'assimile parfois au scénariste du film. Sur les affiches des films auxquels il collabore dans les années 60-70, la taille de son nom dépasse parfois celui du réalisateur. L'idée de passer derrière la caméra commence alors à l'effleurer, et en 1968, il signe sa première réalisation : Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. C’est la naissance des titres à rallonge chers à Audiard, et d’une carrière riche de huit films, dont Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques et Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! (1970). Parmi ses acteurs fétiches Bernard Blier, André Pousse, Michel Serrault, Jean Carmet, Mireille Darc ou Annie Girardot. Il cessera la direction d’acteurs en 1974, après la perte d’un de ses fils, François, qui se destinait lui aussi à la réalisation.
Après ce drame, Audiard se fait plus rare, mais reprend son métier de dialoguiste au service de la nouvelle génération, notamment Jean-Paul Belmondo. Ainsi, il signe des tirades mythiques dans L' Incorrigible, Le Corps de mon ennemi (1975), L' Animal (1977), Le Guignolo (1980) ou Le Professionnel (1981). L’œuvre d’Audiard se fait parfois plus sombre, comme pour Garde à vue (1981), pour lequel il reçoit le César du meilleur scénariste, ou encore Mortelle randonnée (1983) de Claude Miller.
Audiard écrit également. Il avait rédigé des polars dans les années 50 et rédige en 1978 "La nuit, le jour et toutes les autres nuits", roman un peu autobiographique, pour lequel il reçoit le prix des Quatre jurys. Il collabore à certains scénarii avec son fils Jacques , devenu lui aussi réalisateur. Son dernier scénario sera celui de La Cage aux folles III, réalisé par Georges Lautner. Michel Audiard s’éteint en 1985, à l’âge de 65 ans.
Auteur : Corentin Palanchini