Faites-le avec les doigts

Film indé à petit budget, oui. Mais film Z, non. Carrément pas même. La finesse d'écriture de cette comédie grasse et poilu, suffit à le démontrer ^^

Vous vous demandez peut-être, où les ZAZ et John Landis ont trouvé l'inspiration pour leur Hamburger Film Sandwich ?... Ne cherchez plus. The Groove Tube est l'original en or massif et inoxydable. C'est bien simple, ils lui ont tout piqué. Pillé jusqu'à la moelle. Eux comme le SNL, Up In Smoke ou même Heavy Metal, par exemple. Mais en beaucoup moins débauché, débridé et acerbe.Ken Shapiro a créé une œuvre véritablement fondatrice. Une œuvre étonnamment lubrique, stupéfiante, politique, mordante et hilarante. L'explosion divertissante de tous les tabous, dans un grand éclat de rire gras. Et pourtant un rire intelligent, avec un vrai fond de critique sociale au premier plan. Un génial gisement de nouveaux concept, et de mécanique alors inédite, peut-être pas encore totalement épuisé de nos jours. Une incroyable satire frontale de son époque, sans biais ni mesure de censure, sinon pornographique, avec pour cible principale l’hypocrisie et la malhonnêteté systémique, d'une société patriarcale et vieillissante, aux valeurs bourgeoise, rétrograde et bigote, que les derniers chevelus d'alors les plus utopiste, croyaient encore possiblement à l'agonie.Et c'est peut-être ce qui rend The Groove Tube, toujours aussi pertinent, aussi drôle, aussi touchant, toujours aussi vrai et sincère à notre époque, contrairement au long train interminable, de copie plus ou moins pâle, aseptisé, dilué ou mutante, qui suivront méthodiquement la recette pendant des années, voir des décennies, foulant les marques pionnières de cette toute nouvelle route audacieuse de l'humour, que Ken Shapiro a ouvert seul, en visionnaire quasi absolu. Je dis quasi, car effectivement, on sent bien l'influence des Monty Pythons et de Woody Allen. Mais aussi de Russ Meyer et de Ralph Bakshi. Cependant, il s’approprie et transcende tellement les styles, pour pourvoir servir au mieux son propre discours et sa vision personnelle, avec ses propres codes et références culturelle( genre la bande son, à la fois branchouille et ringarde pour son époque ), que l’œuvre de Ken Shapiro en devient réellement originale et unique.Avant lui, je ne crois pas que personne n'était jamais allé aussi loin dans le propos, la dérision, la désinvolture, la provocation et la dépravation. Et surtout, l’instrumentalisation humoristique, à répétition et à outrance, de la nudité partielle ou intégrale mais frontale. Si bien que depuis, dans une comédie, je ne crois pas non plus que personne d'autre, n'a jamais osé s'aventurer de nouveau autant en avant dans la transgression comique. Jamais. Même pas pour une œuvre soit disant R Rated. The Groove Tube, ça c'est un Rated R digne de ce nom. Par exemple,regarder aussi longtemps, un pénis flasque en gros plan aussi rapproché, même dans un porno arty, je ne suis pas sur que ce soit déjà arrivé. Alors imaginez un peu en 74, les pauvres spectateurs ignorant tombé là un peu par hasard, qui ont vu sur grand écran ce spot machiavélique de prévention contre les MST.Pour moi, c'est du génie et puis c'est tout.Merci au Twitter de Pierre Lescure, de m'avoir fait découvrir cette œuvre underground et méconnu, et pourtant culte chez un certain nombre d'initié relativement déglingué, à commencé par une bonne partie de Les Nuls, qui eux aussi s'en sont pas mal inspiré. Un film dont je ne connaissais qu'un très cours extrait, sans savoir d'où il venait. Un extrait aussi paranoïaque et stupéfiant qu'hilarant, vu à peu prêt il y a 20 ou 25 ans dans un L’œil Du Cyclone, qui m'avait déjà fortement marqué. Et si vous ne deviez regarder qu'un seul sketch pour vous faire une idée, commencez donc par le plus aimable et inoffensif. Mais certainement pas le moins virtuose. Cette incroyable fin en forme de mini comédie musicale improvisé, tourné dans les rues bondés de New-York, probablement sans la moindre autorisation légale de quelque sorte, en mode guérilla à la Abel Ferrara. Ah les années 70. Quelle liberté, quand même.En un seul film, ton nom est devenu mythique à mes yeux. Repose en paix Ken Shapiro. Tu l'as amplement mérité. Donc éloignez les enfants. Pas les parents, ce coup ci. Mettez vous à l'aise. Détendez vous avec une boisson houblonné, ou quelque chose de plus psychédélique. Mais pas trop tout de même. Et prenez gare. Qui que vous soyez, à un moment ou à un autre de ce film à sketch de légende, pour une raison ou pour une autre, soyez bien conscient que vous n’êtes absolument pas prêt, à ce qui va se produire devant vos yeux ébahi. C'est certain ^^

Monty pythons à la sauce Woody Allen, un film fait pour les amateurs du XXL degrés.Dommage de ne pouvoir se procurer une version lisible de ce chef d'oeuvre de la serie Z