Entre les jambes

Entre les Jambes est un excellent film, débiné par une bonne partie de la critique française qui n'aime pas les films "entre les genres" (cf. la critique stupide et injurieuse du petit débile de service des Inrocks). Film saccadé, noir, parodique, baroque, faux-vrai thriller, film sur le sexe et les TOCs sexuels, film drôle, rapide, retors avec des retours (et c'est là qu'il faut pouvoir suivre ; mais c'est sans doute trop demander à certains, formatés par les inepties BD 2D gore d'un Tarantino). Des acteurs formidables : outre Victoria Abril qui a du chien, mais aussi un chien, le promène et lâche ses chiens dans des rencontres cruelles (les mêmes chiens irrépressibles que projette en elle, son amant...) ; un Javier Bardem, taureau subtil, mâle banderillé dans la comédie de l'amour, un Sergi Lopez veule à souhait, etc., sans excepter l'actrice... euh, finale... une mise en scène nerveuse, avec une musique formidable, à la fois source de tension et parodique de celle-ci ; des éclats surréalistes (les chiens dans l'oreille) si pleins de sens dans leur instant, quelques scènes d'une beauté formelle très travaillée, juste de quoi composer un pot-pourri allègre et auto-parodique, qui doit certainement rebuter les tâcherons français qui se la jouent. Bref, un vrai film qui ne pouvait être qu'espagnol, porteur d'une liberté déjantée et d'audaces qu'on ne retrouve plus souvent dans le petit cinéma français, chichiteux et prétendument intellectuel.