Fleurs d'équinoxe est le premier film tourné en couleur, à l'aide du procédé Agfa Color, du réalisateur Yasujiro Ozu. En effet, celui-ci était un fervent défenseur du noir et blanc, jusqu'à ce que la Shochiku Eiga lui impose la couleur pour magnifier sa nouvelle star Fujiko Yamamoto. Le cinéaste prendra tellement de plaisir à faire ce film qu'il produira par la suite tous ses films en couleurs, parmi lesquels quelques-uns de ses chefs-d'œuvre (Fin d'automne et Le Gout du saké).
La fleur d'équinoxe, Higanbana en langue japonaise, est aussi appelée "fleur aux 600 noms". Elle donne son nom au film à cause de son symbolisme et de sa provenance. Elle se reconnaît à sa vive couleur rouge et pousse aux abords des cimetières, lieux de traditions et de séparations. C'est pourquoi le film, qui s'attache à traduire la difficile transition sociale que subit un père, prend la fleur pour emblème. De plus, la plante est traditionnellement reconnue pour être une source d'inspiration pour les poètes et artistes japonais. Elle est également la muse d'Ozu qui la fait apparaître dans plusieurs de ses films.
Bien que Yasujiro Ozu était déjà connu en Occident chez les cinéphiles via les réalisateurs de la Nouvelle Vague et ceux du néoréalisme italien, Fleurs d'équinoxe met plus d'une dizaine d'années à être exporté au-delà des frontières japonaises. Alors que le film sort en 1958 au pays du Soleil Levant, ce n'est qu'en 1969 qu'il sera visible en France et en 1977 aux Etats-Unis. Cependant, le problème vient plus des sociétés de distribution que d'un manque de volonté à accueillir le film.
Yasujirō Ozu est connu pour son perfectionnisme quant à la construction de ses plans. Dans Fleurs d'équinoxe, il tient particulièrement à placer la caméra à hauteur d'œil pour une personne agenouillée sur le tatami. Le pied de la caméra installait celle-ci à moins d'un mètre du sol, obligeant l'opérateur à lui-même s'agenouiller, voire s'allonger, pour filmer la scène.
Yasujirō Ozu avait tendance à reprendre les mêmes acteurs quand ceux-ci correspondaient bien à un type de rôle pour ses films. Shin Saburi (Wataru Hirayama dans le film) joue également dans Le Goût du riz au thé vert, Il était un père, Les Frères et Sœurs Toda et Fin d'automne, alors que Kinuyo Tanaka (Kiyoko Hirayama) est une actrice que l'on retrouve dès la période muette du réalisateur, notamment dans Où sont les rêves de jeunesse. C'est aussi une comédienne qui a beaucoup joué pour Kenji Mizoguchi. On retrouvera par ailleurs Yoshiko Kuga (Fumiko Mikami) et Keiji Sada (Masahiko Taniguchi) dans Bonjour, entre autres films du maître japonais.