Quelle maestria ! Un film qui frappe fort. Une œuvre qui marque par sa beauté et sa mélancolie.
Martin Scorcese nous fait suivre le parcours du boxeur Italo-Américain Jake LaMotta, surnommé "The Raging Bull", interprété avec une infinie justesse par Robert de Niro.
Le scénario s'inspire de l'autobiographie "Raging Bull: My Story" de Jake LaMotta, Joseph Carter et Peter Savage. Jake LaMotta étant lui-même consultant pour le film.
Scorcese retrace le parcours du "Fighter", de son ascension, par l'exposition de ses combats illustres, notamment contre Sugar Ray Robinson et Marcel Cerdan, à sa chute, comme saltimbanque de cabaret et gérant de boîte de nuit, en passant par les affres de sa vie privée.
Alors oui, beauté. Quelle beauté !
Le film est porté par une réalisation superbe, une photographie des plus belles. La maîtrise technique est totale, et participe grandement à l'émotion.
Des scènes sont d'une grande virtuosité : l'ouverture comme quintessence du propos de l'œuvre, LaMotta boxant contre ses démons sur le ring mis en musique avec l'émouvant Intermezzo de "Cavalleria rusticana" (repris par la suite par l'immense saga Le Parrain) ; Des combats de boxe filmés par une caméra à l'intérieur du ring et constamment en mouvement ; La répétition de l'acteur déchu dans sa loge, "I'm the boss !".
Robert de Niro, au sommet de son art, nous livre une prestation tout en maîtrise et en justesse, allant jusqu'à prendre 30 kilos pour le rôle.
Son association avec le compère Joe Pesci fonctionne à merveille, et leurs prestations nous tiraillent entre le rire et les larmes.
Mélancolie. Une profonde mélancolie.
La trajectoire du "Bronx Bull" est d'une grande tristesse. Après avoir atteint son sommet, sacrifier même l'essentiel pour cela, la déchéance est grande.
Comme un écho au propre parcours du réalisateur, dans cette période compliquée.
L'histoire d'un homme, face à ses démons.
D'un homme, dont l'entourage subit ses violences, ses excès et ses outrances, sous nos yeux médusés.
En toile de fond, le New York de l'enfance de Scorcese, avec un parfum d'Italie. Il s'en dégage une impression de paradis perdu.
Plus que dans le personnage principal lui-même, la part la plus intime de Marty est présente dans tout le film.
Au-delà de la réplique culte "You fucked my wife ?", qui résume les fragilités du boxeur, une sentence claque encore plus fortement : "You never got me down, Ray !"
L'envie nous prends alors de lui rappeler la maxime si juste et précise de Confucius : "Notre plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber mais de nous relever après chaque chute".
En définitive, Scorcese exerce son immense talent, porté par le grand Robert de Niro, et nous livre une œuvre qui nous met KO.