Je ne pouvais pas faire autrement qu’être subjuguée par Control, étant une inconditionnelle de Joy Division. Pourtant ce biopic ne semble pas s’adresser uniquement aux fans du groupe. A la recherche de l’affiche, je discutais avec un libraire qui me disait combien ce film avait été une révélation pour lui. Lui, qui était passé à côté de cette légende à l’époque car il jugeait leur musique trop froide (ce n’est pas nommé Cold Wave sans raison!). Control lui a ainsi permis de comprendre et d’aimer Joy Division. Et je devine pourquoi :
Anton Corbijn soumet ses connaissances du monde de la musique à celui du cinéma. En effet, s’il a rencontré Bernard Summer, Peter Hook & cie, son expérience auprès d’autres grands noms en tant que photographe et réalisateur de clips s’en ressent. Le noir et blanc pour signature, un atome crochu entre le réalisateur et Joy Division. Les nuances de gris étaient donc le choix artistique idéal pour raconter cette histoire, cette atmosphère.
Inspiré de Touching from a distance (Deborah Curtis), le film gravite essentiellement autour d’Ian Curtis. Si malgré lui, il est devenu l’emblème du groupe, le réalisateur retrace la carrière de l’ex Warsaw jusqu’à l’avant New Order. A mes yeux Control est plus qu’un biopic, il y a une réelle performance musicale des acteurs ! Tout est fait pour que ce soit réel, que l’on ait presque l’impression de regarder un documentaire. J’ai aimé que Corbijn fasse le choix (pas étonnant) de laisser une véritable place à la musique dans son film. Et pas seulement celle de Joy Division, résonnent aussi les icônes du contexte musical de l’époque comme David Bowie. C’est ce qui m’avait manqué dans le biopic Sid & Nancy (Alex Cox), par exemple.
Les acteurs sont véritablement rentrés dans la peau de leurs personnages et bien sûr, tous les regards sont sur Sam Riley. Son interprétation est magistrale, il a su restituer le regard d’Ian Curtis, son attitude, sa sensibilité. Du moins, je trouve que cela sonne très juste et intime.
Je ne sais pas quoi reprocher à Control, on ne peut pas évoquer un chef d’oeuvre mais il est mémorable.