Le film est adapté de la nouvelle éponyme de Karen Blixen et extraite de « Anecdotes du destin » (1958). Cela se passe au Danemark, dans la péninsule du Jutland, dans une communauté luthérienne. Les 2 filles du pasteur, bien que courtisées par un militaire et un chanteur français, Achille Papin, restent vieilles filles. Une française, Babette Hersant (Stéphane AUDRAN), fuyant la répression de la Commune (son mari et son enfant sont morts) en septembre 1871, vient proposer ses services de servante aux 2 sœurs, restées seules après la mort du pasteur, leur adresse ayant été donnée par le chanteur français éconduit. Elle y reste 14 ans. Elle apprend qu’elle a gagné au gros lot la somme de 10 000 F, jouant chaque année. Elle décide d’en faire profiter toute la communauté (12 personnes, à l’occasion des 100 ans qu’aurait eus le pasteur), en confectionnant un repas gastronomique dont elle va chercher les ingrédients en France :
soupe de tortue, blinis au caviar, cailles en sarcophage (au foie gras et aux truffes), salade d’endives aux noix, fromages, savarin, salade de fruits, le tout accompagné de Champagne Veuve Clicquot 1860 et d’un Clos Vougeot 1845. On découvre alors qu’elle était chef de cuisine au Café Anglais. Les (vieux) convives sont, au début, horrifiés par l’abondance et la qualité des mets (eux qui sont habitués à manger de la soupe avec de la mie de pain) et décident de ne faire aucun commentaire, ni compliments. Finalement, la séduction finit par opérer…
La 1ère partie (jeunesse des 2 filles de pasteurs, jusqu’à l’arrivée de Babette) est un peu longue ; la 2nde partie (préparation et dîner) est la plus intéressante, même si la critique des luthériens, qui privilégient ce qui se passe après la mort, au détriment du présent, ignorant leurs corps et les plaisirs simples de la vie, empêtrés dans la petitesse de leur esprit par la jalousie et leurs regrets sur leur vie passée), reste relativement bienveillante. Le film a quand même obtenu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1988 [au détriment de « Au revoir les enfants » de Louis Malle (1987)].