Dans la foulée de mes lectures des deux contes à l’origine du succès de l’histoire de La Belle et la Bête, j’ai voulu voir le célébrissime film de Cocteau avec Josette Day et Jean Marais dans les rôles principaux. J’ai vu peu de vieux films, mais suffisamment pour commencer à m’en faire une idée.
Dans cette adaptation cinématographique, Belle sert de Cendrillon à ses sœurs, Adélaïde et Félicie, mais c’est la seule à être courtisée par Avenant, l’ami de son frère Ludovic. Ses sœurs la blâment lorsque son père revient avec sa rose et la terrible proposition de la Bête. Elle part en douce pour prendre la place de son père et découvre le château et la Bête qui en est le maître.
Ma première réflexion en regardant le film, c’est sa lenteur. Je m’ennuyais sévèrement au début. La famille de Belle est excessivement énervante. Ses sœurs sont véritablement (je mets beaucoup d’adverbes en –ment, c’est drôle) immondes. J’ai rarement eu aussi peu de sympathie pour des personnages. De ce point de vue, c’est peut-être réussi. J’ai trouvé le frère d’une fadeur incroyable. Le film lui donne pourtant un rôle plus important que ceux des trois ou six frères des contes, mais je n’ai pas aimé cet ajout. Il est normal d’étoffer le scénario, car le conte de Madame Leprince de Beaumont (expressément cité au générique) est trop court pour alimenter un film, mais je n’ai pas apprécié toutes ces extensions. Le personnage d’Avenant n’est pas à la bonne place à mon avis, il aurait été plus utile de le mettre en soupirant ou époux d’une des sœurs et montrer qu’elle est malheureuse avec un homme à la belle figure mais à l’esprit mauvais. Par contre, la métaphore de la fin qui le met en parallèle directe avec la Bête (sachant que les trois personnages de la Bête, le Prince et Avenant sont joués par le même acteur, Jean Marais) est une bonne idée. J’imagine qu’elle est due surtout au désir de mettre l’acteur à toutes les sauces, mais bon, c’était bien fait.
J’ai d’ailleurs trouvé que Jean Marais n’était pas trop mauvais comparé aux autres acteurs (j’en parlerai après). Il est plutôt convaincant en Bête, et le déguisement de son visage est impressionnant, surtout quand on pense à l’époque. De la même façon, j’ai beaucoup aimé la façon dont Jean Cocteau a réussi à rendre le château magique. Il a fait preuve d’une inventivité étonnante, avec les statues dont la tête bouge, les bras sortant des murs qui tiennent les chandeliers, les portes qui s’ouvrent d’elles-mêmes, certains objets qui bougent seuls… Cette partie-là est très réussie, elle crée une ambiance particulière qui devait être extrêmement originale à l’époque. La musique est assez variable, parfois elle contribue à l’ambiance, et parfois elle plombe tout car elle est trop décalée avec l’action. En revanche, je n’ai pas du tout aimé les costumes, mais ça c’est dans quasiment tous les films de cette époque. Ils sont laids, kitsch et dans ce cas précis, ne flattent pas le personnage de Belle.
Parlons-en de cette cruche. Autant j’ai admiré le personnage dans le conte de Madame de Villeneuve, autant dans le film je l’ai trouvée encore pire que dans le texte de Madame Leprince de Beaumont. Pour commencer en fourbe, je ne la trouve pas belle, et en plus elle était bien trop vieille pour le rôle (plus de trente ans) et ça se voit ! C’est censé être une toute jeune fille. Et puis si fort heureusement le côté religieux est absent, malheureusement le personnage incarné par Josette Day est nunuche, elle m’a fait l’effet de ne pas être moins vaine que ses sœurs (elle a souvent une sorte de couronne ridicule sur la tête). Avec en plus les vêtements bouffants dans lesquels on a l’impression qu’elle se perd, c’est vraiment risible. C’est tout à fait compréhensible chez ses sœurs, mais chez Belle ça ne va pas du tout. Josette Day joue en plus très mal à mon avis et fait pâle figure à côté de Jean Marais. Il faut dire que ses dialogues ne sont pas faits pour l’aider…
Ce film ne fait qu’une heure quarante, mais je l’ai vraiment trouvé long, pas franchement passionnant. Les bonnes choses que j’ai relevées ne peuvent cacher le fait qu’il a très mal vieilli et que de nos jours il passe assez mal (cela reste mon avis personnel). Je sais que je ne le reverrai pas, une fois m’a suffi.