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gimliamideselfes
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3,0
Publiée le 17 mars 2010
Après un début très sympathique et bien caricatural, vaste parodie du monde scientifique, après la première moitié du film le film s'enlise un peu et devient moins corrosif.
Après le quelconque Elena et les hommes et le catastrophique Testament du docteur Cordelier, Renoir se reprend un peu avec ce film dont le titre renvoie directement à ses racines familiales et culturelles. Reprenant l’essentiel de ses obsessions de la fin de sa carrière, il concocte un début au second degré où la télévision tient un grand rôle en exposant des thèses sur la Science, censée être toute puissante et porteuse de tous les espoirs à cette époque-là. Les certitudes du professeur (subtilement incarné par Paul Meurisse), partisan de l’insémination artificielle et de l’abolition des sentiments, vont brutalement s’effondrer devant les charmes de Catherine Rouvel et les caprices d’un mistral décapant déclenché par une espèce de Dieu Pan local (avec bouc et flûte !). C’est léger, moins bavard que les deux précédents films et surtout, la recherche sur les couleurs et les formes pour essayer de trouver un rendu cinématographique de l’impressionnisme est méritoire, même si elle ne me convainc pas tout à fait.
Que Jean Renoir ait été un passionné pour la peinture, cela se ressent clairement à la vision de ce long métrage. En effet, le metteur en scène français nous offre quelques plans de grande beauté, car tout droit sorti des plus beau tableaux de l'impressionnisme, on pense beaucoup à celles d'Auguste Renoir d'ailleurs. Notons, également que le titre du film est bien évidemment une allusion au fameux tableau d'Edouard Manet. Mais il faut avouer que la superbe photographie de Georges Leclerc y ait évidemment pour quelque chose, pour ce film qui est également une belle déclaration d'amour à la nature. Au niveau du casting, on a pas non plus à faire la fine bouche, car Paul Meurisse est excellent dans le rôle d'un professeur partisan de la fécondité artificielle, mais qui deviendra par la suite bien obnubilé par la beauté et le charme d'une Catherine Rouvel hyper attachante à travers son personnage, Nénette. De plus, nous avons le droit à un récit ( qui inclus une belle histoire d'amour ) vraiment bien appréciable, à une partition musicale très mélodieuse de la part de Joseph Kosma et à quelques séquences bien enthousiasmantes - notamment celle de la fameuse tempête. On est donc pas devant une oeuvre mineur de Jean Renoir, bien au contraire, ce qui fait qu'il se doit d'être rapidement (re)découvert.
Sur une musique de Joseph Kosma, Le Déjeuner Sur L'Herbe est un joli film en N&B et couleur, écrit et mis en scène par Jean Renoir en 1959. Le réalisateur, fils de l'illustre peintre impressionniste, nous offre une belle photographie, de superbes décors naturels aux cigales sous les oliviers de Provence. Après un début aux scènes délirantes tirant sur le burlesque, cette comédie aborde des sujets sérieux comme le progrès, l'écologie ou la Science. Outre la présence de la délicieuse et pétillante Catherine Rouvel dans le rôle de Nénette, le film nous livre également des dialogues châtiés dans la bouche de l'immense acteur qu'était Paul Meurisse.
Le célèbre professeur Alexis (Paul Maurisse) a inventé et prône la fécondation artificielle. Il est un scientifique dont le rationnalisme fait peu de cas de la nature et des ses mystères. Précisément, contre ce matérialisme triomphant et menaçant, Jean Renoir décrit, dans un radieux coin de Provence, une nature riche, belle et sensuelle, une campagne où s'éveille le sentiment amoureux qui ne s'accommode pas de procréation artificielle...Et pour montrer dans quelle erreur se trouve le professeur Alexis, Renoir montre comment le déjeuner sur l'herbe, particulièrement guindé, spoiler: va dégénérer sous l'effet magique d'un simple air de flûte , comment , après un vent de folie -au propre comme au figuré- le distingué professeur, délaissant ses théorèmes, redécouvre la sensualité d'une jeune fille se baignant dans la rivière ou découvre le plaisir d'une sieste au pied d'un arbre. Cette comédie enjouée et burlesque, ironique et parfois libertine -ce couple de volontaires pour la fécondation articielle spoiler: chez qui les senteurs des sous-bois éveillent des envies orgiaques!- est un hommage, un hymne, faussement ingénus, au graces et sensations de la nature. Comment Alexis ne tomberait-il pas sous leur charme? Ce retour aux sources des plaisirs originels, dans un cadre enchanteur, est l'oeuvre d'une cinéaste facétieux et jeune. Paul Meurisse, élégant et primesautier, drôle, y fait une composition mémorable.
Film de 1959 où la couleur de la nature provençale contraste avec le noir et blanc de la télévision de la séquence d’ouverture. Etienne Alexis (Paul Meurisse), un savant coincé voulant propager la fécondation artificielle à l’espèce humaine change de vision en rencontrant une jeunette. Les passages naturalistes avec l’accent provençal reconstitué sont un peu pénibles. Le cousin d’Etienne Alexis industriel de la chimie attend de son élection comme président de l’Europe pour profiter de la généralisation de la fécondation artificielle. Critique de la science sans conscience, des intérêts d’argent derrière les promesses d’amélioration de l’espèce, ce film de 1959 paraît prophétique. Les oliviers noueux de la maison du père de Jean Renoir, Auguste Renoir et certaines images qui ressemblent à des tableaux font le lien entre le père peintre et le fils réalisateur. Le film contient aussi une critique implicite de la construction européenne fondée sur le rapprochement franco-allemand symbolisé par le mariage du professeur Alexis avec sa cousine allemande. Hymne à l’amour et à la Nature d’un réalisateur de 65 ans, méfiant face au progrès scientifique sur les traces de son père.
Encore un film mal-aimé de Renoir. Il est vrai qu’il peut sembler futile et mal équilibré. Mais il distille un charme irrésistible, avec un Paul Meurisse merveilleux et une parabole sur le progrès et le rapport à la nature qui n’a pas vieilli mais est plus que jamais prophétique.