Impression mitigée pour ce Blier. D’un côté je dirai que c’est le plus maitrisé des films désordonnés de Blier, d’un autre côté ça reste un film désordonné à la réussite très inégale.
Le casting est bon, surtout Alain Delon qui surprend réellement agréablement dans son rôle à contre-emploi. Très solide, j’ai aussi retenu dans la pléiade de seconds rôles prestigieux un Michel Galabru déchainé qui nous livre une prestation de tout premier ordre. Il pique sans difficulté la vedette à ses comparses, et parfois même au duo de tête, c’est dire ! Nathalie Baye offre une interprétation propre, mais je dois dire que son jeu un peu froid et impersonnel m’a assez surpris, je ne l’ai pas trouvé spécialement expressive compte tenu de la tonalité du film. Par certains aspects je lui adresse une critique un peu similaire à celle que j’ai faite sur Coluche dans La Femme de mon pote, leurs jeu ne semble pas interagir avec celui, déluré ou excessif des autres acteurs. A noté une très mignonne Sabine Haudepin !
Le scénario est désordonné, mais comme je l’ai dit en introduction c’est le plus maitrisé des « films-bazars » de Blier. En effet, l’histoire nous laisse sur le bord de la route assez vite, par contre Blier arrive à susciter des impressions, des sentiments sous cette couche apparemment brumeuse. Du coup Notre histoire est un film qui fait ressentir des choses, et je crois que chacun pourra y puiser des sensations différentes, Blier nous servant autant le sucré que le salé, l’amer et l’acide. Et puis soyons franc, le réalisateur vire tout de même moins aux fantaisies débilitantes invraisemblables qu’il a pu exposer dans Calmos et dans tant de film de la fin de sa carrière !
Formellement Notre histoire est assez proprement emballée. Mise en scène intéressante de Blier qui nous offre ici un film assez austère visuellement, notamment par ses couleurs, ses décors, c’est assez tristounet mais ça correspond plutôt à la tonalité faussement comique du film. Honnêtement c’est correct mais pas très marquant non plus, et la bande son, elle aussi appréciable n’a rien de mémorable.
Notre histoire est donc un film moyen de Blier, qui pour ma part est la démonstration que même en se montrant meilleur, la recette « film bazar » que le réalisateur a souvent utilisé dans de nombreux pots-pourris ne permet pas des miracles. On reste sur sa fin, pas insensible à ce que l’on voit ici, mais distant malgré tout. 2.5