Peut-on être fan et psychopathe ? La réponse est simple. Oui. John Lennon, Monica Seles, Robbie Williams en ont fait les frais. Stephen King, l'écrivain plus connu sous l’appellation du maître du suspens a décidé d'en créer un livre (que je n'ai absolument pas lu) inspiré d'une nouvelle d'Evelyn Waugh intitulée The Man Who Loved Dickens au sujet d'un homme retenu prisonnier en Amérique du Sud et à qui son geôlier, tombé amoureux de l'œuvre de Charles Dickens, faisait lire des histoires de cet écrivain. King s'est alors demandé ce qui se passerait si le prisonnier était l'écrivain lui-même. Cela dit l'année dernière en 2014, j'ai enfin pu voir ce film culte, et il m'a à la fois scotché et intrigué. Maintenant il est tant de critiquer ce monument de l'horreur qui est vraiment prenant.
Ce film est un bon thriller horrifique dans le pur style des années 90. Ce film joue sur le cadre, la musique, les plans en contre-plongées, les jeux de lumières et parvient à installer une ambiance. Sans jump scare (sauf une fois), le film est toute une montée en puissance de la tension entre nos 2 protagonistes. Il est vrai qu'il y a une avalanche de gros plans et de contre-plongées et quelques clichés bien eighties (comme la Annie Wicks incroyablement résistante). Cela dit, l'ambiance vraiment bien installée est particulièrement prenante et angoissante. Le tout est servi par 2 acteurs brillants de leur génération
Tout d'abord, on a la victime Paul Sheldon (James Caan). Il est l'image même de l'auteur à succès qui après avoir décidé de mettre fin à sa saga de roman, subit les affres d'une fan hystérique. Au fur et à mesure, il cherchera à trouver une solution afin de s'en sortir; mais sera toujours heurté à Annie, et finira par comprendre qu'elle est bien plus maline (et folle) que prévu.
Annie Wilkes (Kathy Bates ) est la fan qui en est apparence tranquille, mais qui cache une personne vraiment folle et calculatrice, ayant toujours plusieurs coup d'avance sur Paul Sheldon. Au fur et à mesure, on en apprend plus sur elle et on découvre la réalité. Il s'agit d'une femme qui sous son masque de gentillesse se cache une personne bien plus dangereuse et égoïste qu'on pensait. Tout le film s'articule sur la déconstruction de ce qu'on sait du personnage qui devient de plus en plus inquiétante, limite un monstre
Pour en faire un comparatif, c'est un peu le même procédé narratif de Crimson Peak, sauf qu'à la seule différence est qu'il y a des indices précurseurs dès le départ (Coucou Jessica Chastain !) alors que là, on a une évolution plus progressive.
Les autres personnages sont techniquement inexistants. Sauf que là on suit Paul et Annie donc, cela a tout de suite moins d'intérêt. Bon c'est vrai que l'apparition du Shérif Buster (Richard Farnsworth) est assez intéressante, mais n'apporte pas d’intérêt ni de réel incidence. C'est juste un détective qui pense que quelques choses ne tournent pas rond dans la disparition de Paul Sheldon et qui enquête
Preuve en est qu'il se fait tuer froidement par Annie lors de son enquête
Malgré une construction de la narration qui parait dépasser (le schéma est très classique), l'ensemble reste toujours efficace et se découpe en 3 phases. La capture de Paul Sheldon, la réalisation du piège et l'affreuse partie d'échec entre Paul et Annie. Oui vers la fin, Paul de plus en plus acculé se rend compte qu'il devra se servir de l'obsession d'Annie contre elle.
Ce qui est loin d'être gagné car malgré son instabilité, Annie devient de plus en plus méfiante au point de le ligoter et de casser ses pieds avec un maillet !
Au fur et à mesure, toutes nos certitudes sur Annie s’amoindrissent faisant passer d'une simple fan hystérique en personne vraiment dangereuse, intelligente et qui veut que le roman ce termine comme elle l'a décidé.
Mais là où je pense que les fans du livre ont sans doute gueulé, c'est la fin du film. En effet, la fin est un happy ending bien plus édulcoré que dans le livre et plus joyeuse. Cela dit symboliquement, je trouve que la fin quand même assez forte, parce que Paul est toujours marqué psychologiquement, même s'il ne laisse rien paraître. L'intensité dramatique est sans doute moins forte, mais pas moins présente.
Misery est un film culte unique en son genre et j'en ai très peu vu dans ce style. Cela dit dans les séries télévisées, on a de nombreux cas de fan histérique ou de personne folles d'une célébrité. Cette histoire a inspiré le personnage de Obsession dans le Superman pré-new 52 et d'un épisode de N.C.I.S. où Timotty McGee s'est inspiré de ses enquêtes pour un roman et qui a motivé un tueur en série de commettre des atrocités. Une adaptation bien ancrée dans la pop culture et que tous fans devraient voir pour relativiser leurs ardeurs.