J'irai cracher sur vos tongs est librement adapté des Carnets du sous-sol de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski. Michel Toesca a redécouvert certains textes de cet auteur dans les traductions qu'en a faites André Marcowicz, "qui a rendu à Dostoievski son style non académique, cru, charnel, très différent de l'austérité "livresque" d'autres traductions".
Michel Toesca explique comment lui est venu ce titre : "Depuis quelques années, j'ai remarqué que les filles portaient volontiers des tongs l'été, même en ville. Et les pieds des femmes ont toujours été objets de fantasmes. C'est une allusion au côté fétichiste du personnage. Il faut dire que, comme lui, je trouve que le "V" des tongs sur le dessus du pied nu a quelque chose de très érotique..."
Pour le rôle de Micha, Michel Toesca pensa tout de suite à Sacha Bourdo, car, en plus d'être russe comme le personnage des Carnets du sous-sol, le comédien avait un physique intéressant. Le cinéaste s'explique : "Il a de beaux traits et en même temps il n'est pas très grand. Surtout par rapport à Romain Longuépé ou à Patrick Chesnais, les autres personnages masculins du film. Valérie Trajanovski est aussi plus grande que lui. Je trouvais que ce rapport d'échelle allait dans le sens des frustrations de Micha. Tous paraissent plus grands, plus puissants que lui..."
Le film s'étant décidé sur une impulsion et l'équipe ayant peu de moyens, l'utilisation de la DV s'est rapidement imposée. Comme le roman de Fedor Mikhaïlovitch Dostoievski revêt la forme d'un journal, d'une confession, Michel Toesca a gardé cette idée : "Micha serait filmé par un autre, il s'exprime grâce à la présence de la caméra. C'est pourquoi j'ai fait intervenir le personnage de Charles, un jeune qui apprend à se servir d'une caméra pour son boulot et qui, par hasard, rencontre Micha."
La première partie du film a été tournée au Bois de Vincennes, "un coin de nature domestiquée assez poétique, hors du temps, et à la fois urbain, avec du passage, des rencontres possibles..." Pour le cinéaste, "le Bois de Vincennes a toujours été, entre autres, un lieu de voyeurisme. C'est un endroit assez incroyable, il s'y passe plein de choses qu'on ne soupçonne pas. Quand on prend le temps de l'observer, on y voit des gens qui ont d'étranges habitudes. Et Micha est de ceux-là..."