Tout a été dit sur ce film sublime. Beaucoup darguments élogieux (et parfaitement justes) se retrouvent dans les papiers écrits jusquà présent par les journalistes. Pour une fois, et à lunisson du film, on ne peut donc pas dire que lamour rend aveugle, mais quil aiguise la vue. Ainsi, contrairement à une oeuvrette maniériste (insignifiante et pénible) comme " Rois et reine ", où les éloges provenaient à 99% dune stupide hallucination collective et dune double imposture (celle de Desplechin se rêvant grand artiste, celle des journalistes se rêvant cinéastes), ce que dit la presse sur " Peindre ou faire lamour " résulte à lévidence dune grande honnêteté intellectuelle (le courage dappeler un chat un chat), dune profonde sincérité (les critiques en critiques, les cinéastes en cinéastes, et les vaches sont bien gardées) et dun véritable amour du cinéma (un peu de " goût ", enfin !). Pourtant, personne na pour linstant écrit LA critique que jaurais aimé lire sur le film. Cest là, sans doute, lune des forces de " Peindre ou faire lamour ", qui réussit à parler différemment à loreille de chacun. Même si ceux qui ont aimé, voire adoré, le chef duvre des frères Larrieu mettent presque tous en avant le plaisir quils ont éprouvé durant la projection. Et cest immense, car ce plaisir-là nous aide à vivre, tout simplement. Il provient à mon sens du fait que " Peindre ou faire lamour " parle à la fois de ce que nous sommes, de ce que nous avons été et de ce que nous serons. Oui, cest immense, et surtout, ça fait beaucoup de bien, dans un paysage cinématographique hélas quasi-désert cette année. Allez, que le " métier " nous donne un film comme celui-là tous les deux ou trois ans, et je continuerai à payer avec joie ma place de spectateur, dans le seul espoir déprouver à nouveau un aussi grand bonheur. Merci à tous ceux qui ont permis un tel miracle, en leur souhaitant den faire dautres, encore et encore, aussi souvent que possible.