Les frères Larrieu ont su préparer le terrain pour amener, le plus naturellement du monde, sans être scabreux, le thème de l'échangisme. Et cultiver un érotisme délicat. La première moitié du film est placée sous le signe de l'éveil des sens, au contact de la nature : beauté des paysages, jolies couleurs, cadrages picturaux, composition de plans très esthétiques et bande-son remarquable, rendant très présents les bruits de la campagne (souffle du vent, pluie, chant des oiseaux et des grillons). À cela s'ajoute une superbe musique composée par Philippe Katherine, très sensuelle, très "liquide". Tout est ainsi mis en oeuvre pour créer une atmosphère de fraîcheur, dans laquelle on se sent extrêmement bien. Puis la sensualité prend corps via le personnage d'Adam (au prénom symbolique, comme celui de sa compagne Eva) qui propose d'abord une expérience singulière dans la forêt, en guidant Madeleine et William en pleine nuit vers leur maison, avant de les guider vers d'autres expériences, tout aussi simplement. On entre alors dans une histoire de passion double entre deux couples. Amour, jalousie, désir, tendresse... La scène de l'enlacement à quatre, dans la pénombre du petit matin, est magnifique. Il y a là un regard et un ton inédits, quelque chose de suave, de gracieux et de troublant.
Hélas, la fin du film, axée sur la répétition, bascule dans l'hédonisme esthétisant, l'artifice chic et poseur, en matière de mise en scène, de jeu d'acteurs et de décors. La séquence avec les personnages de Mathieu et Julie frise même le ridicule, tendance bobos en mal d'aventures et de raffinements.
Au final, on retiendra un mélange de bonheur et d'amertume (résumé par la chanson de Brel, Les Marquises), d'inspiration novatrice et de péché d'orgueil.