Les critiques négatives sont souvent très éclairantes lorsqu'un film traite d'un sujet sociologique. On a souvent droit à des réflexions telles que "on dirait un Netflix", "c'est de la propagande" et "bienpensance" ou "pensée dominante", au choix. Bref, la fachosphère aime se déchaîner pour salir un film dont le parti pris est effectivement flagrant, comme c'est le cas ici, mais aussi comme c'est le cas pour d'autres sujets (pour celles et ceux que ça intéresse, je conseille d'ailleurs les critiques négatives du "Dernier duel" de Ridley Scott ou du "Danish girl" de Tom Hooper). Il y a aussi la tirade sur l'auto-flagellation qui tient le haut du pavé alors qu'on ne parle pas ici d'un film français mais bien d'un film algéro-belgo-franco-marocain. Demander à un "fier d'être français" de faire preuve de réflexion et de sortir de l'ethno-centrisme nombriliste est une cause perdue, hélas.
Ceci étant posé, parlons du film, c'est quand même le but.
Si Jamel Debbouze joue la première scène comme un acteur brésilien perdu dans une sitcom du Club Dorothée, il se révèle beaucoup plus profond au fil de l'histoire, en paysan simple, voire simplet mais juste, notamment dans la scène où il se fait chambrer par Roschdy Zem où dans la scène finale, lors de l'assaut des Allemands dans le petit village alsacien. Roschdy Zem, précisément, oscille entre son rôle de grande et belle gueule lorsqu'il est avec sa compagnie et celui, plus touchant, du "bougnoule" apeuré et inquiet lorsqu'il pense à Irène. Samy Naceri, est un autre exemple d'engagé simple, aux côtés de son frère, et joue assez bien le trouffion de base qui ne sait plus trop ce qu'il fait là sinon protéger son frère. Sami Bouajila, qui interprète le seul gradé de l'équipe, interprète à la perfection le rôle de l'intègre qui rêve de gravir honnêtement les échelons militaires, par son courage et son savoir, mû par sa conscience du devoir et de la justice. Il donne la réplique de manière inébranlable à un Bernard Blancan dont le personnage est difficile à cerner, tantôt détestable et raciste, tantôt amical et protecteur.
La réalisation est lente, au début, et s'intensifie crescendo à mesure que les tirailleurs africains traversent la France du sud au nord, de la Provence à l'Alsace où se tient la scène finale, riche en émotions. Les images sont classiques, sans fioritures. La recherche des effets n'est pas l'objectif du film.
Au final, on obtient un film en deux parties, une première assez aride, le temps de mettre en place les personnages et les événements, une seconde beaucoup plus enlevée et épique.