« Vous l’avez connue, c’était une brave femme, attachée à son foyer et tout. »
Dès le début, on se demande si le narrateur n’a pas pris une substance illégale : on est loin de celui qui maniait avec rigueur l’usage de l’imparfait du subjonctif. Heureusement, ça n’est qu’un effet de manche lié à la frénésie de la ville et on retrouve vite le ton plus posé qui sied à la campagne, entre mer et montagne, de la plaine du Pô. Barjavel est toujours présent à la réécriture des dialogues de l’oeuvre de Guareschi. Inregardable en VO, ce quatrième volet des aventures de Don Camillo et Peppone doit, en outre, encore beaucoup aux voix françaises des interprètes italiens utilisées depuis le premier épisode et à la musiqu reconnaissable.
Gino Cervi et Fernandel ont (été) vieilli(s) mais leurs querelles gardent le ton des épisodes précédents. Ce qui manque le plus, c’est la magie romantique qui baignait le premier volet, nimbait encore un peu le second et finissait par être absente du troisième. Ce quatrième volet est entré dans l’ère de la modernité et cela lui coûte un certain parfum d’intemporalité : on est dans une suite de suite de suite, sans plus beaucoup d’âme, reconnaissons-le, même si quelques mécanismes narratifs demeurent. Et encore, on regrettera que les personnages principaux, mais aussi secondaires (notamment la femme de Peppone), n’aient pas été plus creusés depuis le premier épisode. C’est vraisemblablement en cela que la série s’étiole, chaque nouvel épisode s’avérant incapable de retrouver le souffle du tout premier.
Quitte, d’ailleurs, à entrer dans la modernité sans creuser plus en profondeur des personnages pourtant complexes et emplis de paradoxes, on pourra être surpris que celle-ci ne suive pas complètement le cours de la société civile. Don Camillo apparaît en effet de plus en plus réactionnaire et les femmes sont toujours autant considérées comme des sauvageonnes hystériques, des nunuches décérébrées ou des grenouilles de bénitier superstitieuses. Bon, on n’est toujours qu’en 1961, aussi. Il ne fait nul doute que l’anecdote de Gisèle et de son mari pourrait encore être très populaire aujourd’hui, chez les Talibans. Comme quoi… Comme quoi ces épisodes ont perdu toute forme d’intemporalité, un autre charme disparu des deux premiers épisodes.