S’il y a bien un cinéaste américain qui avait son propre style inimitable, c’est Robert Altman. Testant plusieurs genres dans sa carrière, il passa inévitablement par le film noir, avec Le Privé.
Film expérimental plus que véritable film noir, Le Privé tend vers le pastiche tant il use des codes plus que redondants des films noirs, sans jamais, pourtant, en abuser et fatiguer un spectateur qui ne peut qu’admirer la caméra jamais fixe du génial Altman. Si ce dernier filme bien, il ne peut totalement faire oublier un scénario aux abonnés absents, qui n’a pour lui que quelques piques bien senties, deux ou trois moments originaux (tous ceux avec Mark Rydell, excellent) et une conclusion bien sympathique. En effet, le film effleure les deux histoires sans jamais rentrer en détail et seuls les acteurs arrivent au niveau de la mise en scène. Elliott Gould y est absolument parfait en archétype du privé râleur, dragueur et malchanceux, Sterling Hayden, le doucereux Henry Gibson et bien sûr Mark Rydell, plus drôle que terrifiant. Deux curiosités sont à signaler : la première est Arnold Schwarzenegger qui y fait une apparition avec une coiffure à la Bernard Thibaut et une moustache (il y finit d’ailleurs torse nu) vers la fin du film. La deuxième curiosité est la musique du film, par John Williams, qui est le seul morceau qu’on entendra dans le film, malgré l’omniprésence de ladite musique. En effet, chantée par différents groupes, orchestrée de façon différente et même fredonnée par les personnages, The Long Goodbye est le seul morceau qu’on entend dans ce film, une idée originale, mais qui porte ses fruits, créant une atmosphère assez étrange et immersive.
Ah si seulement The Long Goodbye avait eu un scénario compétent, le film aurait été un classique. En l’état, ce n’est qu’un objet original, étonnant, virtuose par moment, mais un peu vain.