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Davidhem
108 abonnés
336 critiques
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5,0
Publiée le 7 mars 2011
David Carradine est surtout connu par le grand public pour la série "Kung fu" et bien sûr "Kill Bill" de Quentin Tarantino. Mais il ne faut pas négliger ce film où l'acteur tient pour l'une des rares fois le premier rôle. Un film qui mérite que l'on s'y attarde dessus car le sujet qu'il développe rapporte des faits historiques véridiques. Le film se déroule pendant la Grande Dépression aux Etats-Unis d'Amérique en 1936, époque où le chômage et la terrible misère touchaient une énorme partie de la population. Le réalisateur choisit pour héros principal le chanteur Woody Guthrie campé par un exceptionnel David Carradine qui trouve ici son meilleur rôle dans un film qui se veut à la grande évidence subversif. Le réalisateur présente son protagoniste comme un homme d'une extraordinaire bonté qui n'hésite pas à rendre service aux autres sans demander à être payé en retour, l'histoire se passe alors au Texas, dans un bled ressemblant à un vieux décor de western du siècle précédent. Etant marié et père de deux enfants, il n'hésite pourtant pas à les quitter pour faire fortune en Californie avec pour seul bagage un harmonica. C'est à partir de ce moment-là que le long-métrage devient soudainement violent et incisif. Le réalisateur montre que les compagnies de chemin de fer employaient des hommes pour matraquer et même tuer des pauvres gens qui ne voulaient que voyager dans un wagon miteux, que l'Etat de Californie était envahi par des immigrants rejetés dans des bidonvilles, que les patrons des entreprises employaient des matraqueurs pour tabasser ceux qui tentaient de mener les travailleurs à la révolte parce que leur paye ne leur permettait pas de se nourrir bref ce film dénonce un certain manque de liberté sociale. Woody Guthrie est un chanteur rebelle et il va incarner cet esprit de rébellion car il ne supporte pas la cupidité des gens de ce pays et il se moque de l'argent et même de sa famille. Ce chanteur était un exemple d'humilité et de dignité et il refusait d'être mené à la baguette, c'était un homme libre, un homme de gauche engagé qui se moquait de son sort, l'important pour lui n'était pas de vivre ni de devenir riche car s'il s'était plié aux règles, il aurait accompli une grande carrière mais son but consistait à faire plaisir aux autres, une personnalité hors du commun d'une générosité extraordinaire. Un scénario bien constuit, riche et dense, un acteur au sommet de son art, le film de Hal Ashby est une chronique sociale très réussie.
Un peu biopic, un peu road movie, voilà un film à la fois modeste et ambitieux. Un rythme lent avec quelques épisodes quasi-élégiaques, des dialogues à l'économie, le reflet d'une époque méconnue (malgré les raisins de la colère) qui illustre parfaitement le mirage démocratique américain où le new-deal rooseveltien a eu peine à trouver sa place Un parfait antidote aux blockbusters contemporains fabriqué par une Californie qui a su se fabriquer une image d'Eldorado. Et bien entendu les chansons de Woody Guthrie ! A voir, autant qu'à écouter. Grâce à Hal Ashby et un David Carradine impeccable dans son meilleur rôle (et de loin !).