Elmer Gantry, le charlatan : les secrets du tournage

Elmer Gantry le charlatan est l'adaptation cinématographique d'un roman controversé de Sinclair Lewis écrit en 1927, roman lui-même inspiré de faits et de personnages réels. Le livre, tout comme le film, s'apparente à un énergique pamphlet dénonçant les formes commerciales de la religion aux Etats-Unis, dans les années 20.

Le romancier Sinclair Lewis s'est distingué par des oeuvres féroces dénonçant les institutions. Né en 1885, il officie d'abord en tant que journaliste puis se lance dans l'écriture avec des romans coup de poing comme Babitt (1922, son plus célèbre, qui dépeint le quotidien d'une petite ville du Middle West), Main street (1920) ou encore Elmer Gantry (1927), qui dénonce les formes commerciales de la religion. En 1930, il décroche le Prix Nobel pour son roman Arrowsmith, publié en 1925 et pour lequel il avait refusé de recevoir le Prix Pulitzer. En 1935, il publie It can't happen here, une réponse à la montée grandissante du fascisme en Europe. Enfin, c'est en 1951 que sort sa dernière œuvre, intitulée World so wide. Sinclair Lewis décède la même année à Rome, en Italie.

Parmi les auteurs d'ouvrages que Burt Lancaster condamne dans le film se trouve Sinclair Lewis, l'auteur du livre sur lequel est basé le film.

Elmer Gantry le charlatan coïncide avec l'indépendance de Richard Brooks en tant que réalisateur. L'Américain, en 1960, sort en effet d'une période de dix ans où il était contractuellement lié avec la major hollywoodienne Metro-Goldwyn-Mayer. Libéré des contraintes inhérentes à ces grands studios, Richard Brooks peut, avec Elmer Gantry le charlatan, se laisser aller à critiquer sans crainte les manifestations de la foi collective.

Avec Elmer Gantry le charlatan, Richard Brooks dirige pour la première fois le comédien Burt Lancaster, alors au sommet de sa gloire. Il le retrouvera six ans plus tard pour Les Professionnels, un western dans lequel figurent également Lee Marvin et Claudia Cardinale. Enfin, Richard Brooks a officié en tant que scénariste sur deux autres films mettant en vedette Burt Lancaster : Les Tueurs (1946) et Les Démons de la liberté (1947).

Elmer Gantry le charlatan est l'un des plus grands succès du comédien Burt Lancaster, d'ailleurs récompensé d'un Oscar (le seul de sa carrière) pour son incarnation d'Elmer Gantry. Après ce film, l'acteur américain s'illustrera notamment dans Le Prisonnier d'Alcatraz, Le Guépard et Sept jours en mai.

Non sans humour, Burt Lancaster a déclaré, au sujet de son personnage dans le film : "Je n'étais pas fait pour être Elmer Gantry, je SUIS Elmer Gantry". Rappelons qu'Elmer Gantry est l’archétype même de l'escroc sans scrupules !

Elmer Gantry le charlatan bénéficie de la présence de Jean Simmons au générique. Cette comédienne britannique s'est notamment illustrée dans le Hamlet de Laurence Olivier, La Reine vierge de George Sidney ou encore Les Grands espaces de William Wyler.

Elmer Gantry le charlatan bénéficie de la présence de l'un des plus grands directeurs de la photographie du septième art en la personne de John Alton. Ce dernier, fidèle associé de Vincente Minnelli, a notamment travaillé sur Un Américain à Paris, Le Père de la mariée ou La Femme modele. Outre Elmer Gantry le charlatan, il a collaboré avec Richard Brooks sur Sergent la terreur mais également avec Anthony Mann sur La Brigade du suicide.

Le personnage du journaliste Jim Lefferts est incarné dans Elmer Gantry le charlatan par le comédien Arthur Kennedy. Un rôle qui lui colle visiblement à la peau, puisqu'il le reprendra de manière quasi-identique deux ans plus tard dans le fameux Lawrence d'Arabie de David Lean.

En 1961, Elmer Gantry le charlatan reçut un triomphe lors de la cérémonie des Oscars. Le long métrage fut en effet récompensé de trois statuettes : Meilleur scénario pour Richard Brooks, Meilleur acteur pour Burt Lancaster et Meilleure actrice dans un second rôle pour Shirley Jones.