Avis sur Un Crime dans la tête

Un thriller de maître maîtrisé. Une représentation excellente du climat de paranoïa instaurée de la guerre froide. Le scénario est intelligent.Certes il y a là évidemment une critique du communisme. Mais le film s’attaquant également, et avec autant de violence satirique, à l’hystérie anti-communiste des années 50, il demeure difficile au final de tirer de véritables conclusions quant aux prises de positions des auteurs du film. Tout juste peut-on dire que le film renvoie violemment dos à dos deux doctrines antagonistes : le communisme et l’extrême droite. "Un crime dans tête" peut paraître un peu simpliste dans son scénario mais demeure de loin un très grand thriller politique.

Après l’austère (et décevant) remake de Jonathan Demme (avec Denzel Washington), j’avais eu envie de découvrir le film original de John Frankenheimer, tant cette histoire de soldats américains manipulés par une force ennemie ma paraissait prometteuse. Grand bien m’en a pris puisque ce thriller paranoïaque est une véritable réussite… ce qui rend son remake d’autant plus raté. On se retrouve plongé dans une Amérique crispée par une Guerre Froide qui bat son plein et on s’amuse, plus de 50 ans après, du ton terriblement anti-communiste de ce "Crime dans la tête" qui est, avant tout, un film de propagande visant à dénoncer le "Péril Rouge", qui peut surgir là on s’y attend le moins. La représentation des "Rouges" est, donc, monstrueusement caricaturale avec, en point d’orgue, la réunion de tous les courants communistes (Russes, Chinois, Cubains…) assistant à l’expérience pratiquée sur les soldats américains, qui résume à elle seule les intentions du film. Ce manque de subtilité participe pourtant au charme du film, qui remonte quand même à 1962 (Kennedy est encore vivant, la crise des missiles de Cuba pointe, la Guerre du Vietnam n’a pas encore commencé…) et qui exploite un filon intéressant (et si l’ennemi réussissait à retourner des soldats contre leur propre pays). Et cette ambiance paranoïaque est parfaitement mise en image par le réalisateur Frankenheimer qui sait magnifier le noir et blanc et ménager son rythme pour renforcer le malaise. Il parvient, ainsi, à rendre certaines scènes tout simplement glaçantes, à commencer par les meurtres perpétrés par ce pauvre Raymond Shaw (la mort de sa fiancée est sans doute la scène la plus marquante du film). Il faut dire que le réalisateur peut compter sur un formidable casting avec Frank Sinatra en héros américain patriote et volontaire (soit le soldat US parfait des 60’s), le méconnu Laurence Harvey en tueur qui s’ignore, l’incroyable Angela Lansbury en mère manipulatrice (le rôle le plus surprenant du film), James Gregory en détestable sénateur populiste ou encore, plus anecdotique, Janet Leigh dans le rôle uniquement décoratif de la petite amie du héros. Plus qu’inutile, cette love story ralentit le rythme du film et parait aujourd’hui franchement ridicule (la scène de la rencontre est assez invraisemblable tout comme les projets du nouveau couple). On se demande d’ailleurs pourquoi le réalisateur a ressenti le besoin de venir alourdir son intrigue de cette touche prétendument glamour au lieu de se concentrer simplement sur cette histoire de lavage de cerveau et de complot communiste, riche en rebondissements, jusqu’à la scène finale… qui a trouvé un retentissement inattendu avec l’assassinat en 1963 de Kennedy. "Un crime dans la tête" est donc un thriller paranoïaque rare et bien ficelé mais qui restera, malgré tout, comme un film de propagande anti-communiste un peu trop primaire dans son approche.

Premier film du genre de politique-fiction, auquel s'attaqueront Stanley Kubrick et Alan J. Pakula, "Un crime dans la tête" fait froid dans le dos, racontant comment un soldat est conditionné par les communistes lors de la guerre de Corée afin qu'il devienne une véritable machine à tuer, réagissant à la simple vision de la carte de la dame de carreau. Le scénario est diablement bien écrit et Frankenheimer sait le mettre en scène avec suffisamment de tension et de nervosité pour maintenir l'attention du spectateur pendant tout le film. Les cadrages sont serrés, la photographie est superbe et rien n'est laissé au hasard dans cette histoire qui surfait à l'époque sur l'ère du temps. Mais même encore aujourd'hui, elle résonne avec force et il faut dire que l'investissement de Frank Sinatra et de Laurence Harvey dans leurs rôles respectifs (l'un découvrant peu à peu la vérité, l'autre étant victime d'une idéologie qui lui a littéralement lavé le cerveau) contribue fortement à la force de ce film.

John Frankenheimer met en scène le complot politique sous une forme proche du fantastique en exploitant la manipulation par l'hypnose (le jeu de cartes et la dame de carreau comme élément déclencheur), domination à laquelle il est difficile de croire mais qui n'est de toute façon pas le plus gros problème du film. Intéressant dans sa critique du Maccarthysme et du Communisme en ce que les deux ne sont pas toujours opposés mais peuvent en plus se rapprocher quand les intérêts personnels prennent le pas sur le collectif (la mère de Raymond Shaw, anti-communiste convaincue, qui travaille pour les soviétiques), le film est toutefois trop démonstratif dans sa condamnation avec une mise en scène qui, si elle permet quelques moments forts, reste trop lisible et ne nuance jamais un scénario assez simpliste dont la deuxième heure est nettement meilleure que la première : au surplace généralisé succède un suspense à la fois surprenant et peu crédible. "The Manchurian Candidate" vaut le coup d’œil mais ne fait certainement pas dans la finesse.

"Un crime dans la tête"(1962)inventa presque à lui seul un nouveau genre très prisé du public:la politique-fiction.En faisant du cinéma le relais de la vérité,ce fut le début des oeuvres engagées et intelligentes.John Frankenheimer,en provenance de la TV,dirigea d'une main de mettre cette charge anti-communiste,et anti-extrême droite.Finalement,tous sont renvoyés dos à dos puisque les intérêts idéologiques comme les intérêts personnels n'amènent qu'à des massacres.Le film est volontiers déroutants,se perdant volontairement dans des sous-intrigues évocatrices.On y suit un soldat traumatisé de Corée(Laurence Harvey,au regard vide effrayant),qui subit un lavage de cerveau par les Chinois,de manière à assassiner le futur président des Etats-Unis.Parallèlement,son ex-major(Frank Sinatra,très investi et à l'interprétation probante)redoute quelque chose de par ses cauchemars récurrents,et remonte sa piste.A noter les superbes prestations d'Angela Lansbury en mère maléfique et Janet Leigh en mystérieuse inconnue.Frankenheimer distille son parfait d'humour noir,son non-sens exquis et cette manière de faire d'un cauchemar éveillé une réalité réfrigérante(qui deviendra prémonitoire un an plus tard avec l'assassinat de Kennedy...).Exemplaire.

Capturés durant la guerre de Corée, des soldats US se voient subir un lavage de cerveau, et l'un d'eux est conditionné pour devenir un redoutable assassin. "The Manchurian Candidate" est un thriller politique original, et en avance sur son temps : le film, à l'ambiance paranoïaque, sort en pleine crise de Cuba, et un an avant le meurtre de JFK. Malgré son concept intéressant, l'intrigue est par moment décousue, voire artificielle (le personnage de Janet Leigh arrive de manière subite et étrange, les collègues du héros ne semblent guère impliqués pour arrêter les espions, etc.). Néanmoins, l'ensemble est très bien mis en scène. Frank Sinatra et Laurence Harvey sont remarquables, la photographie est soignée et donne un ton oppressant au film. La réalisation de Frankenheimer est efficace, avec quelques scènes assez intenses (celle du rêve notamment). Par ailleurs, le fond critique les extrémistes de tout bord, des dictateurs communistes aux arrivistes politiques à tendance fasciste. Une réussite, malgré quelques défauts.

Un thriller en pleine guerre froide où une compagnie est capturée pendant la guerre de Corée et subit un lavage de cerveau avant d'être renvoyés aux U.S.
Avec ce film très bien réalisé, Frankenheimer s'offre une belle critique de la politique (et du Maccarthysme) et du pouvoir de manipulation des media.
Coté défauts, c'est parfois un peu grossier dès que ça touche à la mécanique de l'hypnose/lavage de cerveau et le personnage de Janet Leigh est soit totalement inutile soit "seulement" en très grande partie (tout dépend si vous pensez qu'elle fait parti de la machination ou pas).
En revanche la scène de présentation de la compagnie sous hypnose aux dirigeants communistes reste un grand moment de cinéma.
Un film à voir au moins pour cette scène et pour la prestation glaçante d'Angela Lansbury.

Un thriller paranoïaque tourné en pleine guerre froide par John Frankeneimer avec l’efficacité qu’on lui connaît dans la mise en scène. Ici les ennemis sont des espions communistes qui cherchent à déstabiliser le gouvernement américain par de savantes manipulations psychologiques, contrairement au remake de Jonathan Demme où l’ennemi est intérieur, à chercher au sein même du gouvernement américain ; signe des temps. A noter aussi que le film de Frankenheimer est autant pessimiste que celui de Demme est militant.

Un scénario très intéressant accompagné par de bons acteurs mais plombé par la lenteur insoutenable du rythme ce qui fait que de nombreux spectateurs finissent par décrocher complètement à un moment donné.
Dommage.

2 étoiles essentiellement pour la qualité du scénario mais par contre au niveau de la mise en scène John Frankenheimer m'avait habitué à mieux. Si l'histoire d'Un Crime dans la tête est très réussi par contre le film dégage peu de suspense et met du temps à démarrer, un film de 2 heures qui manque d'intensité. A signaler un final très sombre et un aspect pessimiste très bien rendu durant tout le film.

Très en avance sur son temps, l’adaptation du roman éponyme de Richard Condon sorti à peine deux ans plus tôt est l’un des meilleurs porte-étendards de la paranoïa propre à la guerre froide et à la menace communiste. Utilisant le lavage de cerveau fait sur des soldats américains par des scientifiques russes (un procédé qui rappellera d’ailleurs celui que faisait alors secrètement la CIA) comme vecteur d’une infiltration de l’ennemi, ce thriller politique au pitch tiré par les cheveux nous plonge dans un complot certes improbable mais merveilleusement bien ficelé, qui fait réfléchir sur le bien-fondé de cette peur viscérale que pouvaient ressentir les américains à l’égard du bloc de l’ouest au lendemain de la crise de la Baie des cochons mais aussi de ses propres dirigeants politiques et à l’hystérie maccarthyste, rendant le positionnement idéologique du film des plus bancal. Tandis que la mise en scène soignée de John Frankenheimer accentue le ton pessimiste du film, les interprétations de Frank Sinatra et Laurence Harvey, pour ne citer qu’eux, aident à rendre le suspense plus intense qu’elle ne l’est réellement dans cette intrigue qui relève finalement presque davantage du fantastique que du film d’espionnage classique.

Un film plus qu’audacieux pour l’époque. Dommage que cette audace se dissolve au fur et à mesure du temps car l’histoire était tout simplement excitante et le rendu de certaines scènes garantissaient une atmosphère assez décalée. Dommage donc de ne pas être tombé sur un film jusqu’au-boutiste, car le plaisir était là et le potentiel encore plus…

Un thriller politique et paranoïaque au pitch farfelu mais mené de main de maître par un Frankenheimer inspiré jusqu'à un final d'anthologie.

Immense thriller psychologique brillamment orchestré.

Thriller politique prémonitoire sur la programmation mentale d’individus afin d’en faire des tueurs. En effet quelques mois plus tard le président Kennedy était assassiné par un quidam dont on a jamais très bien su les motivations. Sinatra qui était avec l’individu en Corée a une prémonition qui le conduit à remonter la piste afin de déjouer au dernier moment une tentative d’assassinat sur un futur candidat à la présidence. En réalité tout ceci est le fruit des communistes qui ont envoyés deux de leurs agents qui ont réussi à s’intégrer jusqu’à ce l’un d’eux deviennent sénateur. On suit en parallèle les deux intrigues : Sinatra qui cherche à comprendre et Laurence Harvey qui est le jouet des rouges et qui commet des crimes gratuits dans le but de se préparer à son geste final. Intéressant et souvent captivant. La mise en scène nous laisse souvent dans l’indécision pour ne pas dire l’incompréhension mais c’est la démarche propre à ce type de films où se jouent des machinations infernales que rien ne peut arrêter.