Gros échec à sa sortie, "The Lady from Shanghai" était pourtant un film ambitieux. Un tournage sur place, alors que la très grande majorité des productions hollywoodiennes tournent exclusivement en studio à l'époque. Et une "défiguration" culottée de Rita Hayworth, icône sensuelle qui doit ici se couper les cheveux et se teindre en blonde ! Cependant, l’œuvre Orson Welles subira les affres d'une post-production peu clémente, charcutant allègrement l'ensemble. A l'arrivée, on peut comprendre l'accueil froid que subit le film. Certes, il s'agit d'un film noir, genre dont l'intrigue contient souvent des trous scénaristiques. Mais ici les trous deviennent des puits, ce qui est d'autant plus dommage que des passages entiers sont peu utiles à l'intrigue (dont tout le volet tourné sur le yacht, qui appartenait par ailleurs à Errol Flynn dans la vraie vie). C'est ballot car visuellement, "The Lady from Shanghai" est très soigné, offrant son lot de plans marquants. Dont la fameuse scène finale des miroirs, particulièrement impressionnante, qui sera régulièrement référencée. Et le tournage en local permet de donner un côté rafraîchissant et authentique à la partie aventure. On s'étonnera enfin de quelques scènes pour le moins inhabituelles, telles qu'un procès expédié sous forme de grosse farce. Ironie de l'histoire, les deux acteurs principaux qui jouent les amants étaient en couple à la ville, et se sépareront à la sortie du film. Rita Haworth et Orson Welles sont très convaincants, respectivement en femme fatale et en marin gentillet. Par contre, l'accent pseudo-irlandais que tente Welles est assez peu crédible, ayant tendance à souvent s'effacer... "The Lady from Shanghai" est donc le genre de film bourré de défauts et de qualité, qui divisera son public.