« By friday, if you’re not happy, I put you in a bus myself. »
Surfant sur la vague générée par John Carpenter et son Halloween (1978), Vendredi 13 est assurément un film culte pour ceux qui, comme moi, furent adolescents dans les années ’80 : il doit en effet s’agir du film, avec Evil Dead (Sam Raimi, 1982), le plus piraté en VHS, le genre de cassettes qu’on se refilait sous le manteau à l’école.
Avec un budget un rien plus conséquent que pour les deux autres films cités (550 000$ contre un peu moins de 400 000$), le film de Sean S. Cunningham est aussi réalisé entre les deux.
Au niveau de la distribution, on notera juste la présence de Kevin Bacon dont c’est la 3ème apparition après un petit rôle dans un autre film culte pour adolescent·es mais d’un autre genre, American College/National Lampoon’s Animal House (John Landis, 1978).
Politiquement parlant, toute cette génération de films s’émancipe des anciens codes moraux qui ont bridé le cinéma hollywoodien (voir le funeste code Hays) et revendiquent une liberté de style mais aussi de ton : on y parle sexe, on voit des seins, des gens qui fument de l’herbe et les scènes violentes sont réalistes, poussant parfois vers la surenchère gore, sous l’influence du cinéma de genre italien. L’exemple le plus frappant, dans ce film est sans doute la façon dont le policier qui intervient auprès des moniteurs à la demi-heure est raillé, sur sa grosse moto.
Pour le reste, c’est à dire l’essentiel, le scénario, la réalisation et l’interprétation, on est malheureusement dans du très convenu. Cunningham reprend quelques idées à Carpenter, notamment l’alternance caméra objective/subjective et en mouvement, sans grande originalité et sans apporter de réelle profondeur de champ à ses scènes. Pire, l’éclat des rares lumières sur l’objectif de la caméra, regrettable s’il est involontaire, carrément vilain s’il est voulu, dérange la visibilité du film. L’histoire est assez mal fagotée, allant jusqu’à plagier le Carrie de De Palma (1976)
dans sa fin
, et les interprètes passables, sans plus, à l’exception de Betsy Palmer qui mérita sa nomination aux Razzie Awards pour son jeu catastrophique. On sait aussi que l’éclairage artificiel n’a pas grévé le budget initial : beaucoup trop de scènes sont littéralement illisibles.
Vendredi 13 ne doit qu’à sa filiation d’être un film culte et, à l’inverse d’Halloween/La Nuit des Masques qui reste un chef d’oeuvre artistique ou à Evil Dead qui touche à l’humour noir par exagération, il a terriblement mal vieilli et a perdu sa force émotionnelle. Il n’apporte rien et on s’y ennuie ferme après une heure.
La seule originalité tient au fait que le serial killer soit une serial killeuse, hélas très mal servie par son actrice.
Fallait-il que je fusse très jeune pour frémir d’horreur devant cette accumulation inintentionnellement drôlatique de mises à mort et de cadavres percés !