Avis sur La Reine de Broadway

Amours, ambitions, danses et chansons sur une scène de music-hall new-yorkaise (à Brooklyn plus prècisèment) donnent lieu à une plaisante comèdie musicale, "Cover Girl", de Charles Vidor, avec en tête de distribution la splendide Rita Hayworth, l'une des actrices les plus douèes pour la danse, et le double rôle de comèdien et de chorègraphe tenu par Gene Kelly! Succès sans prècèdent pour ce film, le numèro « Make way for Tomorrow » ou celui ou Kelly danse avec son ombre sont formidables et dignes des productions d'Arthur Freed! Tournè en 1944, "Cover Girl" est une sorte de comèdie musicale romantique avec des numèros sur scène et des sèquences oniriques digne d'un Borzage (on pense parfois à l'histoire de "Smilin' Through"). Ce qui ètablit le film, c'est que les chorègraphies et les chansons sont règies par les mêmes règles! Un classique de la Columbia qui reçut pour la petite histoire l'Oscar de la meilleure musique...

Ce film est à la gloire de Rita Hayworth, il est très inégal mais contient des séquences
absolument superbes; celle du dédoublement de Gene Kelly faisant partie intégrante
de la grande histoire du cinéma. Le scénario lui est inexistant tant il empile les conventions mais on peut ne pas s’en soucier puisque: soit Rita occupe l’écran, soit les numéros de danse de Gene ravissent nos yeux. Personnellement, je comprends mal le besoin des falsh-backs; L’existence de la grand mère n’avait pas besoin d’images (hors le prospectus et le tableau) pour justifier le choix de la cover girl. La nostalgie qui se dégage de ces séquences ne sied pas à une comédie musicale. Gene kelly nous le reverrons bien plus brillant chez Minnelli ou Donen, Rita Haywort elle, n’aura jamais si bien dansé ou bougé seule, ses centaines d’heures passées à travailler avec Fred Astaire sont ici payantes. Ce talent là qui n’apparait pas dans la suite de sa carrière est ici indiscutable...Malgré sa carrure elle reste d’une légèreté incroyable, la maturité qu’elle affiche à 26 ans se remarque ainsi que ses talents de comédienne dans le court passage ‘’Poor girl’’ pourtant mal venu.

Deux bonnes raisons de regarder ce film : c'est la première fois que le légendaire Gene Kelly se fait vraiment remarquer et le couple que l'acteur forme avec Rita Hayworth fonctionne admirablement bien. Une séquence de véritablement bonne et originale, même si pas totalement maitrisée techniquement et même si Gene Kelly et Hollywood feront encore plus fort l'année suivante avec Jerry la souris dans "Escale à Hollywood", la séquence où Kelly danse avec son double. Autrement, Charles Vidor, dans le meilleur de sa forme tout au plus correct mais souvent médiocre comme ici par exemple, n'est pas un Minnelli ou un Donen et emballe trop platement le tout, et le Technicolor est trop pâlichon pour que le film ait un quelconque intérêt visuel (si ce n'est la beauté de sa comédienne principale !!!). Les fans de Gene Kelly seront comblés, ceux de Rita aussi, par contre ceux de comédies musicales dans leur ensemble resteront sur leur faim.

Rita Hayworth époustouflante et flamboyante nous livre ici ses talents d'actrice comique et de danseuse, entourée d'un Gene Kelly très amoureux ...

Le film ne vaut le coup d’œil que pour ses costumes et ses chorégraphies. L'humour est naïvement passé, on sent la très forte présence des décors et accessoires en studio et le scénario qui piétine au profit de la chorégraphie et du sourire de Rita Hayworth, aussi magnifique que les autres filles, ni plus ni moins, pour moi. Un assez couple avec Gene Kelly mais j'ai de loin préféré "Chantons sous la pluie".

Les Américains avaient l'imagination plus fertile encore en temps de guerre ! Officiellement réalisé par Charles Vidor mais officieusement par Gene Kelly, ce film est très dansé, au point que l'intrigue, avouons-le, en pâtit un peu. On sait bien sûr comment l'histoire va se passer, mais il manque des attaches émotionnelles pour vivre pleinement les rebondissements. En revanche, l'idée de truquer la photographie pour que Kelly danse avec une version fantôme de lui-même est hors du temps et étonnante d'ingéniosité. Et c'est encore Kelly qui l'a eue...