Alejandro González Inárritu rend hommage aux victimes du 11 septembre par un collage musical sur fond noir et blanc, interrompu par moment par des images des deux tours en flammes:"En réalité, j'ai eu du mal à accepter ce projet dans un premier temps, parce que l'ampleur et la complexité de cet évènement étaient si grandes que j'ai senti que je n'avais pas la distance nécessaire pour en parler, que le nombre d'angles sous lesquels l'aborder était infini et que n'importe quelle fiction serait peu de choses et superficielle en comparaison."
"J'ai conçu ce film comme une expérience commune, une prière collective avec les indiens Chamulas de mon pays pour les innocents qui sont morts ce jour-là. Cette offrande n'est pas destinée au peuple américain, mais à l'humanit elle-même, pour les évènements qui se sont passés, et pour ceux qui ont suivi."
"Plutôt que d'apporter une réponse au public au travers d'un court métrage, j'ai choisi de confronter les gens avec leurs propres images... Pas d'acteur, pas de caméra, pas d'équipe, pas de scénario, rien... seulement mon instinct musical et le souvenir de cet homme, habillé en rouge, tombant des tours du World Trade Center, ce qui était suffisant pour m'évoquer cette douloureuse journée. Le cauchemar a été d'obtenir les droits d'exploiter ces 60 pistes sonores."
"J'ai essayé de faire 11 minutes de silence visuel, comme un hommage, avec les couleurs de la mort et de la douleur -représentées par le noir -, de l'espoir et de la guérison - représentées par le blanc -. Je pense que le son, le silence et la musique, même si ce n'est qu'un pan du cinéma, sont plus puissants, et se situent au-delà de l'expérience physique."
Le film de Youssef Chahine revient sur la réaction d'un réalisateur égyptien sur les attentats du 11 septembre, la situation en Afrique du Nord, en Palestine et la vie plus forte que tout:"J'ai reçu mon éducation en Californie. Mes premiers amours à 18 ans, c'est à l'institut d'art dramatique qu'elles se sont déclarées. Théa... la ténancière du dortoir des garçons, fut la première femme à me dépuceler. Aussi vrai qu'avec du retard, mes films sont dorénavant présentés dans toutes les prestigieuses universités des USA. Aussi, qui d'entre nous, n'a pas été séduit par l'élégant Fred Astaire ou par les jambes de Cyd Charisse? Puis vint l'injustice, les doubles standards... L'inexplicable biais pour un ennemi déclaré. Voir son rêve continuellement et impunément transgressé, peut-on en vouloir à l'amoureux des USA de se sentir cocufié... d'être en colère?"
Sean Penn raconte l'histoire d'un veuf soliatire (Ernest Borgnine) qui en vient petit à petit à accepter le deuil de sa femme: "Il m'a semblé que, de manière écrasante, le grand public et les médias s'étaient accaparés les évènements de cette journée, dans toute leur dimension tragique. Mais quelque part au fond de nous, je crois qu'il n'y a pas seulement la place pour l'acceptation de ces morts et l'impact de ces effroyables évènements, mais aussi pour la mère qui a perdu son fils en ce jour, renversé par un chauffeur ivre ou mort d'une overdose, qui a perdu sa fille dans un meurtre, un père dans la maladie...La perte d'un être survient chaque jour et la souffrance s'ensuit. La question a toujours été: comment être en paix avec le jour présent et croire que le lendemain sera meilleur."
Le film de Claude Lelouch raconte l'effondrement d'un amour et des deux tours du World Trade Center, le 11 septembre 2001 :"Après avoir dit oui spontanément au téléphone, je suis allé courir comme je le fais habituellement lorsque je cherche une idée. Et puis dans le bbois de Boulogne, j'ai roisé un couple de sourds-muets en pleine discussion. Depuis Une fille et des fusils, j'ai toujours été passionné par ce monde du silence. Alors je me suis dit pourquoi pas 11 minutes de silence en hommage à tous ces morts."
Le film raconte l'histoire vraie d'un musulman porté disparu le 11 septembre et accusé de terrorisme avant d'être retrouvé parmi les victimes du World Trade Center auquel il tentait de porter secours: "C'était l'occasion de rendre compte cinématographiquement de l'état du monde, du point de vue de la communauté sud-asiatique de New-York.(...) Le cinéma doit être un miroir du monde dans lequel nous vivons. Nous devons nous servir du cinéma pour provoquer, déranger, distraire et sortir le public de sa torpeur.(...) Je voulais réagir contre le courant de phobie de l'islam qui a envahi le monde depuis le 11 septembre.(...) Ce fut spécial et stimulant dans la mesure où les véritables protagonistes de l'histoire se sont mêlés aux acteurs les représentants à l'écran; cela a apporté au tournage une charge d'émotion et de vérité particulière."
Le film d'Idrissa Ouedraogo suit dans un village du Burkina Fasso cinq jeunes adolescents qui croient apercevoir Ben Laden sur la place du marché du village. Ils préparent un plan pour livrer l'homme aux autorités et toucher ainsi la rançon proposée par George W. Bush:"Pour nous le film 11'09''01 s'inscrit dans l'idée de redonner espoir au monde... et de pousser la réflexion sur une meilleure prise en compte de la diversité culturelle, seule façon d'établir un pot durable entre les peuples.(...) L'idée du film m'est venu immédiatement. Parce que la réflexion sur de nouveaux rapports entre le Nord et le Sud est un problème qui me trotte dans la tête depuis longtemps."
Ken Loach rend hommage aux victimes d'un douloureux 11 septembre. Celles du 11 septembre 1973 au Chili, date du coup d'état porté par Pinochet avec le soutien de la C.I.A: "L'interprétation de ces évènements a été dominée par un média largement manipulé par les politiciens et les interêts qu'ils représentent, comme on peut s'y attendre. d'autres voix devaient s'élever.(...) C'était une attaque symbolique contre le pouvoir que représente le World Trade Center et le Pentagone. L'opposotion à ce pouvoir se manifeste sous différentes formes. le gouvernement américain ne peut agir de la même manière qu'il ne le fait depuis de nombreuses années sans se faire des ennemis au quatre coins du monde.
Parce que le cinéma, plus que le journalisme, est le fruit d'une réflexion, je pense qu'il permet de communiquer davantage dans la durée. Le cinéma ne peut contribuer à la paix que s'il s'inscrit dans un mouvement plus large."
Alain Brigand, producteur artistique revient sur la genèse du projet : "J'ai ainsi proposé, à 11 réalisateurs de renom, de croiser leurs regards, au travers de leurs cultures, leurs mémoires, leurs histoires, leurs langues. Le postulat de départ était le suivant : "Exprimez-vous dans un film d'une durée de Onze minutes, Neuf secondes et Une image, 11'09''01, autour des évènemennts du 11 septembre et de leurs conséquences." Chacun s'est emparé du sujet et a traduit sa perception de l'évènement, nourri des préoccuaptions de son pays, de son histoire.
Ce film rassemble des sensibiltés et des engagements différents. le point de vue de chacun s'exprime librement, et en toute égalité. Sans adoption d'un consensus, cette mosaïque cinématographique est donc par nature contrastée, au risque de se révéler, parfois, décalée par rapport à la charte artistique et morale commune, initialment adoptée par chaque réalisateur."
Le film de Samira Makhmalbaf se déroule en Orient après les attentats du 11 septembre. Un groupe de jeunes enfants qui n'a même pas connaissance des attentats se préparent à de possibles représailles américaines : "Je voulais montrer comment la destruction de deux tours dans une ville de l'Occident pouvait provoquer la destruction de plusieurs villes en Orient. Je voulais montrer comment un peuple qui n'aurait eu aucune responsabilité dans la destruction de ces tours et qui ne connaissait même pas leur existence, pouvait devenir, à cause de ces évènements, sans abri et privé de tout."
Le film de Danis Tanovic mèle la douleur des bléssés de guerre bosniaque à celle des victimes new-yorkaises le 11 septembre 2001:"Je ne sais pas si c'est par expérience personnelle, mais en tout cas, ce que je voulais faire ressentir, c'est ce sentiment profond de tristesse et presque ce cri, pour que les choses comme celles-là s'arrêtent, qu'on s'arrête tous, pour qu'on réflechisse sur notre monde, sur ce qu'on fait de notre monde, parce que s'il est comme ça, c'est parce qu'on le fait comme ça, il n'est pas comme ça par hasard..."
En un plan-séquence, Amos Gitaï reconstruit un attentat, se déroulant en plein Jérusalem, le 11 septembre 2001, qui ne sera pas relayé par les médias: "J'ai trouvé le challenge fascinant et j'aime les challenge difficile. Parvenir, en seul plan séquence, à évoquer la réalité dramatique d'israël et la manière dont celle-ci est occultée stimulait toute l'équipe."
Un soldat japonais de retour de la Seconde guerre mondiale dans son village, totalement dégoûté des hommes, choisit de se comporter comme un serpent: "Avec la réalisation de ce court métrage, je n'ai pas tant pensé aux évènements qu'à ce que pouvait vraiment être un court métrage. Mes films ont en général 150 scènes, et là j'ai essayé de faire un film de 15 scènes seulement.(...) Je venais juste de relire un recueil de poésie de Masuji Ibuse. il comportait une traduction d'un poème de Tou Fou qui m'a ému. Ce poème était court et tranchant. j'ai immédiatement demandé à Daisuke Tengan un scénario centré sur ce poème."