Le film est inspiré d'un fait réel qui défraya la chronique au début des années 1830. Alors qu'un corps avait été découvert le 26 octobre 1831 au bas d'une falaise en Ardèche, le témoignage d'un vagabond faisait arrêter un couple d'anciens aubergistes, les Martin, et leur domestique, Jean Rochette. Accusés sans preuve de cinquante-trois assassinats, ils furent décapités le 2 octobre 1833 devant leur auberge de Peyrebeille où s'était amassée une foule de 30 000 personnes.
A l'origine, Claude Autant-Lara devait adapter le roman de Honoré de Balzac, L'Auberge des Adrets, mais des problèmes de financement vinrent contrecarrer les plans du cinéaste qui préféra alors transposer à l'écran l'histoire vraie dont s'inspira cet ouvrage.
Troisième film ensemble pour Fernandel et Francoise Rosay après Le Rosier de Mme Husson (1932) et Un carnet de bal (1937).
Dès sa sortie en salles, L'Auberge rouge provoqua les foudres du clergé et des milieux catholiques, qui n'acceptèrent pas que l'on puisse faire rire avec les sacrements.
L'Auberge rouge a fait l'objet d'un remake signé Gérard Krawczyk en 2007. Dans cette nouvelle version, Gérard Jugnot succède à Fernandel dans le rôle du moine, et Christian Clavier et Josiane Balasko forment le couple d'aubergistes incarnés à l'origine par Carette et Françoise Rosay.
Les plus mélomanes reconnaîtront dans le film la voix d'Yves Montand, interprète ici d'une complainte. En voici un extrait :
"Chrétiens, venez tous écouter
Une complainte véritable :
C'est de trois monstres inhumains
Leurs crimes sont épouvantables.
Il y a bien environ vingt ans
Qu'ils assassinaient les passants.
A Peyre-Abeille, en Vivarais,
Dans le département d'Ardèche,
Sur une montagne isolée,
Ils établirent leur commerce.
L'auberge est sur le grand chemin,
Où ils égorgeaient les humains
Leur nom sont Pierre Blanc Martin
Dit : Lucifer, avec sa femme,
Et Jean Rochette aussi inhumain,
Était domestique exécrable
Trop tard, le crime est découvert,
Pour épargner de grand malheur."