Avis sur H Story

Sorte de méta-film englué dans un monotone nombrilisme. Est-il vraiment nécessaire de faire un exercice filmé et de le proclamer "oeuvre" pour faire du "cinéma moderne" ? Avancant de rupture en rupture, le résultat est décousu. Si le parti-pris du réalisateur est admirable, force est de constater qu'il ne suffit pas d'un parti-pris pour faire d'un documentaire aux prises de vue et aux prises de son très discutables un film regardable. Et dire que ça a été présenté à Cannes dans la sélection "Un autre regard" ...

Remake japonais de "Hiroshima mon amour", film culte de la Nouvelle Vague, d'après l'oeuvre de Marguerite Duras! Une ville qui n'est pas sans lien avec Nobuhiro Suwa puisque ce rèalisateur a vècu à là-bas! Une oeuvre similaire à celle de Resnais où Bèatrice Dalle reprend le rôle de Emmanuelle Riva! Hiroshima! La fin de la guerre! Le commencement d'une peur inconnue! Cette fois l'exercice est plus dèlicat, voire casse-gueule, un film-expèrience sans scènario à prendre tel quel! On flâne sans autre but que voir un peu tout, avec pourquoi pas de nouvelles idèes! Et de nouvelles idèes il y en a dans "H Story". Fascination ? Ennui ? Dalle adore ce type de film indèpendant à implications morales! Elle s'en tire formidablement bien! On se demande pourtant dans l'interminable scène du cafè si l'actrice va aller jusqu'au bout du tournage! Une expèrience prenante car diffèrente, dans la lenteur de l'errance et du silence...

Premier long métrage "français" pour celui que certain considère comme "le plus français des cinéastes japonais". La trame du film est donc pour résumé le tournage d'un film dans un film sur un film pré-existant, mais avec une réflexion qui renvoie forcément à Hiroshima mais aussi sur les raisons qui poussent à faire un film. Le film réunit en l'espace de 111 minutes une collection interminable de concept et d'idées de mise en scène allant du hors champ aux silences gratuits en passant par des plans fixes vides et des séquences plus ou moins contemplatifs. Finalement, on s'attend à chaque instant à une évolution narrative qui n'arrive jamais, car finalement Nobuhiro Suwa signe avant tout un exercice de style un brin nombriliste auquel le spectateur est invité fortement à accepter et, on s'en doute, à admirer. Mais en vérité, si l'invitation est alléchante le film s'avère un capharnaüm de tout et de rien qui laisse comme un grand vide.
Site : Selenie

Film surprenant, si film il y a.. car on a pas l'impression que ce soit joué. On a deux avis sur le bombardement atomique de Hiroshima. Béatrice Dalle s'est entourée de personnages qui étaient attachés à la ville et qui ont expliqué avec plus ou moins de précision, d'exactitude le déroulement du drame. On a aussi ces dialogues un peu mollassons à répétition, ce qui casse un peu l'histoire. Pas facile à comprendre la première fois. Ça reste néanmoins de haute volée.

Je crois que pour apprécier H Story, il faut faire complètement abstraction d'Hiroshima mon amour, sinon ca ne marche pas. C'est pourquoi j'ai eu du mal durant la première partie du film, car j'y pensais sans cesse en me disant que ce n'était pas a la hauteur, que la magie, le coté incroyable du film de Resnais, le rythme parfait et les accords minutieux entre l'image et le son, les dialogues de duras ne se retrouvaient pas la dedans. J'ai également eu du mal avec le coté un peu facile du mélange fiction/coulisses de la fiction, je pensais que c'était comme une fuite en avant de la part du réalisateur, pour échapper a cette oeuvre qu'on ne pouvait surpasser et même égaler.
En fait j'ai changé d'avis, me rendant compte qu'a défaut d'être un remake sur Hiroshima, c'était un passionnant documentaire sur Beatrice Dalle ( incroyable, il n'y avait qu'elle pour accepter de faire ce film, sans scénar !! ) ou l'oeuvre de Duras n'était plus maitresse, mais qui apportait un nouveau témoignage sur Hiroshima, la facon dont on percoit 50 ans après la bombe, du coté occidental comme oriental... Finalement je crois que ce film, aussi inabouti et inachevé qu'il est, nous en apprend beaucoup plus que si il avait été fait de facon classique. Il ne faudra bien sur pas comparer Beatrice Dalle et Emmanuelle Riva, la première en sortirait perdante, assurément, car c'est a Riva qu'on doit Hiroshima, la représentation même de la femme au cinéma des années 50, libre et décomplexée, a la manière d'une Jeanne Moreau. Je crois que quand une femme se grave dans notre mémoire, au point de nous hanter, on ne peut ensuite la dénigrer au profit d'une autre qui viendrait après elle, aussi géniale soit elle. Sans doute ne sont elles pas comparables ces deux femmes d'ailleurs. Emmanuelle Riva colle beaucoup plus au texte durassien, au niveau de sa facon de s'exprimer entre autre, La Dalle est plus rapide, brute, mais elle apporte un nouveau souffle, radicalement différent et très enrichissant.

un film etonnant, le film dans le film (dans le film ?) où l'on oscille sans cesse entre la fiction et les coulisses de la fiction, dans une ville où tout a un sens. Une oeuvre impossible à résumer. Le long plan séquence final dans un Hiroshima plein de vie et de musiciens est une pure merveille et une idée géniale pour symboliser la vie revenue.Béatrice Dalle parfaite come d'habitude, quelle actrice sous-estimée...

Je me souviens encore de cette projection au Festival de Cannes en 2001, il n'y avait pas grand monde dans la salle, on pouvait respirer normalement et sentir son coeur battre... je n'avais même pas vu Hiroshima mon Amour de Resnais, j'étais juste très curieux de voir une nouvelle composition de mon actrice française favorite dans un film qui s'annonçait très poétique... et quelle surprise ce fut! un véritable bouleversement. H Story est d'une beauté, simple, pure, entre naturalisme et improvisation, une oeuvre d'Art libre et soignée, intelligente, qui interroge autant l'oeuvre de Resnais que la difficulté de communiquer dans un pays étranger mais aussi et surtout le Cinéma lui-même. C'est évidemment sans compter une Beatrice Dalle transcandée! un film oeuvre d'une incroyable densité.