La mère de Sol-hui Lee s’est occupée de sa grand-mère atteinte de démence et le film est inspiré de cette relation : "Alors qu’elle aimait pourtant travailler bénévolement, elle trouvait ça très difficile lorsqu'il s'agissait de sa propre mère. C'est en observant cette relation très intime que m’est venue l’histoire du film", précise la réalisatrice, qui signe pour l'occasion son premier long métrage.
La question de la prise en charge des personnes âgées est récurrente dans le cinéma coréen. Sol-hui Lee ne voulait pas traiter la thématique de l’accompagnement de la vieillesse comme l'histoire de quelqu'un d'autre ou comme une histoire qui concernerait uniquement la Corée, mais plutôt dans ce que ce sujet a d’universel. Elle confie :
"Et bien que mon traitement de cette question prenne une direction trouble, et même sombre, il était inévitable pour moi, dans ma mise en scène, d'aller jusqu'à cet extrême et d’aborder ce thème de cette manière."
Sol-hui Lee a choisi de ne pas dévoiler aux spectateurs le passé familial de Moon-jung et les raisons de la violence qu’elle s’inflige : "Dès qu'elle se réveille le matin, elle se lève, se lave les cheveux, les sèche et se gifle les joues pour survivre un jour de plus. Je voulais montrer que chaque journée requiert d’elle une combativité extraordinaire, c’est une question de survie."
"Mais j'ai décidé intentionnellement de ne pas expliquer au public la relation entre Moon-jung et son mari. Sa raison de vivre est son fils. La scène dans laquelle il lui dit « tu pourras me supporter ? À chaque fois, je te ferai penser à papa » montre que si de nombreuses familles vivent heureuses et en harmonie, la famille peut malgré tout être un espace de violence."
"Les membres d’une famille peuvent ne pas se côtoyer, se rejeter, se haïr ou vouloir disparaître. Je souhaitais explorer ces réalités troubles qui existent bel et bien, même si elles vont à l’encontre de l’idée que l’on se fait de la famille."
Née en 1994, Sol-hui Lee a étudié les arts visuels à l’Université Sungkyungkwan, avant de se spécialiser dans la réalisation à la Korean Academy of Film Arts où elle réalise plusieurs courts métrages, dont son film de fin d’étude Anthill, présenté au Festival international du film de Busan. En 2022, elle réalise Greenhouse, son premier long-métrage.
Face à la démence, Sol-hui Lee dépeint à la fois un sentiment d’empathie et d’effroi. La cinéaste explique comment elle a construit le couple formé par Hwa-ok et Tae-kang : "Depuis mon enfance, j'observe mes parents et je me dis qu'il y a toujours dans une relation quelqu’un de plus dépendant que l'autre. J'y ai beaucoup pensé lorsque j'ai créé les personnages de ce couple."
"Tae-kang est un personnage dont je voulais qu’on perçoive l’égoïsme, derrière la façade de quelqu’un d’humain et de désintéressé. En réalité il ne vit que pour lui-même, il veut décider de sa propre mort pour ne garder que les souvenir de ses jours glorieux,mais ne veut pas mourir seul."
"Il est l’opposé de Moon-jung qui ne vit que pour son fils et s'occupe d'autres personnes. Je pense que l’égoïsme de Tae-kang est ingénieux:plutôt que de se détruire et finir malade, il a planifié sa vie, et donc sa mort,à sa guise."