Carte du tendre revisitée
On connaît Pascal Thomas et son cinéma. On est plus souvent déçu qu’enthousiaste à la sortie d’une de ses comédies. Qu’en sera-t-il avec ces 90 minutes ? Victor, la quarantaine, professeur de lettres en vacances et prévisionniste amateur à Météo-France, est un feu-follet, un dilettante sympathique, qui se laisse vivre au gré du vent, aux côtés de sa compagne, Anne, qui commence à s’en fatiguer. Dans ce road-movie en forme de chronique sentimentale à la fois burlesque et mélancolique, il va faire le tour des lieux de son passé. Il retrouvera « ce que sont devenus » ses amies et amis. Il croisera surtout ses anciennes compagnes. Toutes le regrettent mais elles ont toutes aussi quelque chose à lui reprocher : peut-être parce qu’elles ont trop aimé cet être si aimable, rêveur, imprévisible, mais surtout insaisissable … Allez savoir. Et on sait, c’est décontracté, doux-amer, gentiment poétique, bucolique et toutes ces sortes de choses, mais hélas c’est mou du genou, trop littéraire et pas forcément très bien joué. Bref, comme souvent avec ce cinéaste, on apsse un joli petit moment dans le genre inoffensif, mais on reste déçu car on attend tellement mieux.
Depuis 1973 et Les Zozos, Pascal Thomas enchaîne les films avec lesquels, il joue au montagne russe, alternant le bon, Confidences pour confidences, Le crime est notre affaire et le désastreux comme, Associés contre le crime, Le grand appartement ou Ensemble nous allons vivre une grande histoire d’amour. J’ai une indulgente tendresse pour ce cinéaste, mais, parfois il dépasse les bornes de la médiocrité. Là, en l’occurrence, il se tient dans la bonne moyenne. Ça se laisse regarder, on baille un peu ici ou là à cause du manque de rythme et de quelques répétitions, mais bon, c’est du Pascal Thomas dans le texte, avec son mélange de mélancolie et d’ironie, d’hédonisme, d’inconscience et de tendresse. Du marivaudage intemporel, suranné mais sans grand intérêt.
J’avoue avoir du mal avec Alexandre Lafaurie, - qui au demeurant ne tourne qu’avec ce cinéaste… il doit bien y avoir une raison… mais oui, c’est le mari de la coscénariste de tous les films du cinéaste -. Je n’aime pas son côté dilettante, sa manière de débiter un texte sans donner l’air de le comprendre. Mais, reconnaissons aussi que pour faire vivre – si l’on peut dire -, les textes très écrits de Thomas, il semble à son aise. Mais, tout de même, tout le monde n’est pas Emmanuel Mouret. A ses côtés, on est dans le même ton, léger et j’menfoutiste, avec Constance Labbé, Lolita Chammah, Barbara Schulz, Anouchka Delon, Emmanuelle Bouaziz, Marguerite Perrotte, Les filles sont jolies, pas farouches, légères et court vêtues, quand elles ne sont pas nues. Les mecs sont tous frappés d’une balourdise incurable. Seul héros va son chemin de sketch en sketch à la rencontre des guests stars pour, au mieux une saynète, au pire une simple apparition, comme Louis-Do de Lencquesaing, Irène Jacob, Philippe Lelièvre, Pierre Arditi, Annie Duperey, Hippolyte Girardot, Christian Vadim… Ah ben oui ! Ça défile ! La fable s’avère est sympathique, mais le cinéma, dans tout cela, n’en sort pas grandi. Juste servi par un de ses vieux artisans – 78 ans aux pommes -, qui a bien du mal à sortir de ses tics et de ses clichés. Pour les fans de Pascal Thomas. Nostalgie, quand tu nous tiens.