"Les gens ne me veulent pas autrement qu'ils m'imaginent, déclare Alain Delon dans un entretien accordé à la presse en octobre 1980, "mon nouveau film est un retour à ce personnage, un héros un peu solitaire, en marge de tout, des hommes et de la société, une sorte de loup plongé dans une jungle hostile". Dans Trois hommes à abattre, l'acteur décide ainsi de renouer avec la mythologie de son personnage en interprétant le personnage de Michel Gerfaut, un homme qui, à la suite de secours portés à un automobiliste accidenté devient la cible de tueurs pour qui il est devenu un témoin gênant.
En tant que critique de cinéma, Jean-Patrick Manchette n'a jamais hésité à stigmatiser Alain Delon dans des pages le plus souvent lapidaires et sarcastiques, ce qui ne l'a pas empêché de vendre à l'acteur le droit de trois de ses romans. Le Petit Bleu de la Côte Ouest est ainsi le premier roman porté à l'écran sous le titre de Trois hommes à abattre. Pour la peau d'un flic est tiré de Que d'os ! et Le Choc de Position du tireur couché . Ecrivant pour Charlie Hebdo pendant des années, il se distingue en n'allant jamais voir les films qu'il critique dans ses papiers pour cause d'agoraphobie, mais en y envoyant son fils qui les lui décrivait plan par plan. Outre les trois polars avec Alain Delon, les oeuvres de Manchette ont également été adapté au cinéma par Yves Boisset et Claude Chabrol et il a par ailleurs été lui-même scénariste pour des films signés Gérard Pirès ou Philippe Labro notamment.
Avec plus de 2 millions de spectateurs, Trois hommes à abattre sera le plus gros succès personnel pour Alain Delon depuis Borsalino et Le Cercle rouge. Dans cette septième collaboration avec Jacques Deray, Delon modernise son look, délaissant l'imperméable de Jean-Pierre Melville pour le cuir et le colt qui l'apparente sans hésitation à son rival et néanmoins ami Jean-Paul Belmondo qui triomphe au même moment avec Georges Lautner dans Flic ou voyou et Le Professionnel et qui retrouvera à son tour Deray pour Le Marginal.
Jacques Deray a dirigé Alain Delon à neuf reprises dans des films à tonalité essentiellement policière : La Piscine (1969), Borsalino (1970), Doucement les basses (1971), Borsalino & Co (1974), Flic story (1975), Le Gang (1977), Trois hommes à abattre (1980), Un crime (1993) et L'Ours en peluche (1994).