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    Un silence
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Un silence" et de son tournage !

    Un film sur la honte

    Pour son dixième long métrage, Joachim Lafosse a réalisé un film sur la honte. C'est pendant le tournage, en compagnie notamment d'Emmanuelle Devos, qu'il a ressenti à quel point le film traite de cette thématique. Le metteur en scène se rappelle : "Le crime provoque l’effroi, l’effroi provoque le silence qui engendre la culpabilité et la honte. On a tort de juger le silence, il faut l’interroger, c’est un symptôme. Il ne faut jamais oublier que le silence n’est pas le crime et que derrière toute personne silencieuse, il y a une épreuve, une difficulté à dire, une fragilité. Cela a été magnifique de pouvoir, avec Emmanuelle Devos et les autres acteurs, mettre en scène ce sentiment de honte."

    "La honte n’est pas du côté de Caroline, la fille d’Astrid, qui a davantage de distance, qui supporte le crime depuis moins longtemps que sa mère et qui vit dans une époque capable d’interroger la nécessité de l’écoute et de la parole. La honte est du côté d’Astrid qui, elle, doit se confronter à sa solitude. D’une certaine manière, Caroline incarne une messagère pour sa mère."

    Un fait divers à l'origine

    Joachim Lafosse a écrit le scénario de Un silence à partir de l’affaire Hissel. Dans cette dernière, Victor Hissel, l'ancien avocat de familles de victimes de Marc Dutroux, a été mis en cause en 2007 pour détention d’images pédopornographiques. Il a été condamné à 10 mois de prison ferme. Autre caractéristique de cette affaire : le fils Hissel, Romain, a poignardé son père à plusieurs reprises en 2009, le blessant gravement. Il n'avait pas supporté que son père, qui était un symbole de la lutte contre les violences sexuelles en Belgique, ait lui-même des penchants pédophiles. Le metteur en scène raconte :

    "C’est parce qu’il était question dans ce fait divers, de ce que chacun d’entre nous fait avec la honte, la culpabilité et le silence. Quand j’ai découvert que l’avocat des parents de Julie et Melissa, les petites filles victimes de Marc Dutroux, était condamné par la justice à son tour, que nous avons tous en Belgique découvert le geste de son fils, j’ai tout de suite eu envie de chercher à explorer la dimension tragique de ce fait divers. Comme auteur, que ce soit en écrivant À perdre la raison ou Un Silence, la question qui m’occupe toujours est de savoir comment on peut en arriver là, comment se tisse le drame, comment un jeune homme de 18 ans peut être amené à commettre l’impensable."

    Un rôle difficile

    Le rôle de François a effrayé de nombreux comédiens d'après Joachim Lafosse : "Daniel Auteuil a accepté avec beaucoup de courage. Lors de notre première rencontre il m’a dit : « je vais tenter de faire vivre le personnage avant tout jugement. Je peux le jouer parce qu’à mes yeux, la perversion est un mécanisme de défense - c’est le pire mais c’en est un. François est un homme qui se débat pour qu’on ne sache pas. C’est un homme qui ne peut regarder la vérité sans quoi il s’effondrerait »."

    Choix de mise en scène

    Joachim Lafosse et le directeur de la photographie Jean-François Hensgens ont cherché à éviter de "faire sentir" la mise en scène. Le cinéaste raconte : "Il fallait que le récit avance à pas de loup, que la caméra circule mais qu’on ne sente pas ses mouvements. Donc, tout est filmé en Dolly qui à mes yeux est plus discret que le Steadycam, moins tape-à-l’œil (et disant cela, je pense entre autres au cinéma de Claude Chabrol). Un silence est l’un des films qui m’a demandé le plus d’exigence et de rigueur. Comme rien ne doit se voir, le moindre mouvement de trop était inacceptable, devait être gommé. Il s’agissait aussi d’éviter au maximum le champ/contre-champ ainsi que la plongée et la contre-plongée. Ne jamais prendre de haut, ne jamais être en surplomb."

    Retrouvailles

    Daniel Auteuil et Emmanuelle Devos avaient déjà joué ensemble dans L'Adversaire, qui est aussi un drame glaçant inspiré d'un fait divers sordide.

    Trouver la maison

    Un silence a été tourné à Metz. Une des choses ayant le plus occupé Joachim Lafosse et son équipe a été de trouver la maison. "Il fallait qu’elle soit assez vaste pour permettre des déplacements avec une machinerie lourde, et qu’en même temps, elle ne soit pas tape-à-l’œil. Il s’agit d’une bourgeoisie provinciale où rien ne dépasse, pas blingbling pour deux sous. Trouver cette maison a été l’un des éléments clés de la fabrication du film", se souvient le metteur en scène.

    Une peinture cruelle de la bourgeoisie

    Via la famille au centre du film, Joachim Lafosse dresse une peinture cruelle de la bourgeoisie. Le cinéaste précise : "Cette bourgeoisie de province qui élève ses enfants, donne de l’argent de poche, laisse son gosse conduire la décapotable. On la montre peu au cinéma mais elle existe. Le décor que j’ai choisi est un espace qui laisse assez peu arriver le souffle de la révolte. En tout cas, ça prend du temps, même si Caroline œuvre à ouvrir les fenêtres."

    Première fois

    Dans la peau du fils, Matthieu Galoux trouve son premier rôle devant une caméra.

    Qui pour Astrid ?

    Pour jouer Astrid, la femme d’un célèbre avocat, Joachim Lafosse a choisi Emmanuelle Devos : "Nous mesurions que pour composer le personnage d’Astrid, la maman, la tâche était risquée. Nous avions à faire vivre avec justesse une femme qui s’est tue pendant plus de trente ans. À nos yeux, elle est d’une grande fragilité narcissique. Il y a une fêlure archaïque chez elle. Pour la soutenir nous avons simplement essayé, Emmanuelle et moi, d’observer, d’entendre, de sentir nos défaillances, nos lâchetés, nos peurs, notre incapacité bourgeoise à perdre, à prendre le risque de remettre en question l’ordre établi."

    "On a tenté de suivre son parcours sans jugement et d’atteindre sa vérité sachant que les vérités sont multiples : la vérité du procès, la vérité journalistique et puis la vérité des êtres dans leur complexité. En ce sens, il nous semblait inenvisageable de ne pas aller jusqu’au procès, car c’est peut-être par la justice qu’Astrid et Raphaël retrouvent leur dignité", confie le réalisateur.

    "Des loups masqués"

    Joachim Lafosse nous fait part d'une autre raison l'ayant poussé à écrire ce film : "Belge et adolescent à l’époque de l’Affaire Dutroux, observant la 'Marche blanche', je ne pouvais m’empêcher de penser que parmi les 400 000 personnes qui défilaient dans les rues de Bruxelles pour dire « Plus jamais ça », il devait bien y avoir quelques loups masqués. Vingt ans plus tard, en découvrant l’affaire Hissel, j’ai pensé qu’il y avait là de quoi faire voir le passage de la crainte du pervers isolé, du monstre qui sort du bois, d’une croyance populiste dans la pureté à une interrogation louable sur ce qui se passe au cœur de nos familles et de nos chambres à coucher."

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