La scandaleuse de Berlin est le dernier film de Wilder que j'aie vu, et paradoxalement le premier de sa filmographie d'un point de vue chronologique. Grand fan du réalisateur, je craignais un peu qu'il soit austère à ses débuts (Le poison, Assurance sur la mort... - que je n'ai pas vus - quoiqu'il ait aussi réalisé très tôt des comédies : "Uniformes et jupons courts"). Dietrich, qui m'inquiète toujours un peu, ajoutait à cette sensation. Mais au contraire, la Scandaleuse, loin d'être un film austère, s'avère être tout à fait aimable, ce qui ne l'empêche pas d'être intelligent et parfois grave dans son sujet (l'occupation américaine de l'Allemagne d'après guerre). Il est traité de manière très légère, ressemblant d'ailleurs plus à une comédie Lubitschéenne que Wildérienne (j'adore les suffixes débiles). Un point qui n'a rien d'étonnant d'ailleurs quand on sait qu'ils travaillèrent ensemble, et combien Wilder admirait le maître. Bref, Dietrich se révèle surprenante dans ce film, étoffant son personnage dans plusieurs registres. En outre, les situations cocasses, la tranquille assurance avec laquelle le réalisateur mène sa romance, sont de première qualité. Il n'hésite pas pour autant à égratigner l'armée américaine au passage, une critique qui n'a pas dû beaucoup plaire à cette époque. En sus de toutes ces qualités, et d'autres que j'oublie, j'eus la surprise de découvrir Jean Arthur dans un grand retour à l'écran, ne l'ayant pas repérée sur le boitier, j'ai mis plusieurs minutes à la reconnaître. Il faut dire qu'elle n'était plus toute jeune à l'époque (48 ans) ; mais son phrasé et sa gestuelle possédaient toujours le même charme. Après avoir vampirisé Cooper dans M. Deeds, charmé puis trahi James Stewart dans "Vous ne l'emportez pas..." et "M Smith au sénat", fait tourner Cary Grant en bourrique dans "Seuls les anges ont des ailes", sa présence donne un coup de chien aux séquences de rivalité avec Dietrich. Pour Jean Arthur, donc, pour Marlène, et pour Billy !