Un petit Miracle : les secrets du tournage

Sophie Boudre est tombée par hasard sur la bande-annonce d’un court documentaire sur un EHPAD aux Etats-Unis. Sa directrice expliquait qu’ayant trouvé son établissement beaucoup trop morose, elle avait eu l’idée d’y intégrer une maternelle. A sa grande surprise, le bénéfice de cette initiative ne s’était pas fait attendre. La cinéaste précise :

"En peu de temps, elle avait vu ses pensionnaires retrouver le sourire. J’ai toujours adoré diriger des enfants, malgré leur comportement quelquefois turbulent, travailler avec eux m’a toujours passionnée, ils ne calculent rien et sont toujours dans la spontanéité, dans l’envie de jouer. J’ai appelé Philippe Rousselet pour lui proposer ce sujet, il a adoré."

Avant de se lancer dans l’écriture, Sophie Boudre est allée visiter plusieurs maisons de retraite et a beaucoup échangé avec leurs directeurs. Tous (ou presque) ont convenu qu’il faut apporter de la fantaisie dans leurs établissements, tout en restant évidemment dans les normes de sécurité nécessaires à la protection de leurs pensionnaires, dont certains sont en mauvaise santé. La réalisatrice explique :

"Quand leurs locaux sont suffisamment vastes, beaucoup de ces directeurs accueillent d’ailleurs désormais des maternelles. On y voit bien ce que les gens âgés et les enfants peuvent s’apporter mutuellement de douceur, de plaisir et de joie. Il se crée, comme ça, entre eux, des liens fantastiques. Par moment, on a l’impression qu’ils ont le même âge. Il me semble que ce sont ces élans et ces émotions que j’ai voulu transcrire."

Sophie Boudre a vu près de 350 enfants. "Il y avait des évidences, des enfants qui sortaient tout de suite du lot mais j’ai quand même fait des « call-back », car je connais les oiseaux : ils peuvent être au sommet le lundi, chouiner le mercredi, déclarer vouloir abandonner le vendredi et demander à reprendre le dimanche ! J’ai donc revu tout ce petit monde et j’ai fini par constituer ma petite troupe. Il s’est trouvé que c‘étaient tous des gosses qui n’avaient jamais tourné. Ils ont tous été extraordinaires", se rappelle-t-elle.

Sophie Boudre a commencé le casting et le lancement du film au moment du confinement : les écoles étaient fermées et les visites dans les EHPAD interdites. La cinéaste se rappelle : "Le mot d’ordre était de mettre à l’écart ces deux générations. J’ai cru que l’on n’aurait jamais les autorisations pour faire tourner ensemble des enfants et des personnes âgées. Philippe Rousselet s’est battu comme un lion et il a réussi à monter le film."

Lorsque la région PACA a fait savoir à Sophie Boudre qu’elle allait l'aider à boucler le financement, la réalisatrice et son équipe ont entamé les repérages dans la région et ont trouvé le village idéal : "Non seulement il est parmi les plus charmants de la région, mais en plus il a une bâtisse, vide la plupart du temps, mais dans laquelle sont organisés de temps à autre des séminaires."

"On l’a entièrement retapée, à l’intérieur comme à l’extérieur et on y a installé la résidence des Platanes. L’autre atout de Ventabren est la modestie de sa population : ils ne sont pas nombreux à vivre dans le village, et la plupart sont âgés, j’ai donc décidé d’en prendre certains sur le film, ils ont été nos figurants pendant 5 semaines", se remémore Sophie Boudre.