Même s'il n'en a jamais réalisé par le passé, Guillaume Nicloux est un grand fan de films d'horreur. Le cinéaste explique ainsi être entré de plain-pied dans le surnaturel féérique avec la découverte de Dumbo, Peter Pan et Les Aristochats : "Eléphant et enfants volants, chats qui parlent… J’ai longtemps considéré la mort de la mère de Bambi comme une des scènes d’horreur les plus réussies."
"Puis à l’âge de 10 ans, mes parents m’ont autorisé à regarder la télévision et là ce fut un choc. J’ai pris rendez-vous toutes les semaines avec « Le Cinéma de Minuit » de Patrick Brion et « Le ciné-club » de Claude-Jean Philippe. J’y ai découvert les films de Tod Browning, James Whale, Friedrich Murnau mais aussi les œuvres de Jean Epstein et Jacques Tourneur."
"Parallèlement, mon père a commencé à m’emmener voir en douce des films interdits aux moins de 13 ans. Des films traumatisants pour un enfant mais qui ont été le terreau de mon intérêt pour le genre, de « Zardoz » à « Carrie ». Comme mon père était passionné de cinéma, j'ai eu accès très jeune à la revue « Midi Minuit Fantastique », aux premiers numéros de « L'Ecran Fantastique », époque format carré…"
C'est la dimension surnaturelle provoquée par le confinement qui a donné à Guillaume Nicloux le point de départ de l'histoire de La Tour. "De façon totalement instinctive, j'ai puisé dans l’appréhension de l’enfermement et la résurgence d’une peur infantile, celle du noir total", précise-t-il.
Guillaume Nicloux a refait équipe, à la photographie, avec Christophe Offenstein, lequel avait entre autres travaillé sur Valley Of Love, The End et Thalasso. Le metteur en scène ajoute : "L’image du film dépend aussi beaucoup du décor et de ce que l’on place dans le cadre. Dans ce domaine c’est avec Olivier Radot, le chef décorateur, que je travaille depuis une vingtaine d’années. Lumière et décor sont donc intimement liés. Richard Deusy, l’étalonneur de mes films, et Anaïs Roman, la cheffe costumière, sont également des collaborateurs précieux."
La Tour a été tourné dans une tour d'Aubervilliers en attente de réaménagement. Guillaume Nicloux et son équipe ont ainsi investi totalement le lieu et reconstruit les logements de toutes ces familles.
Guillaume Nicloux a voulu provoquer le malaise et l’angoisse chez le spectateur. Le réalisateur confie : "Avec ce type de film, ce n'est pas seulement ce que l'on voit sur l'écran qui importe mais surtout ce que l'on ressent. Bone Tomahawk ou Twenty Nine Palms sont de bons films d'horreur parce qu’ils arrivent à associer deux mondes, celui du visible et de l’invisible."
"Un quotidien réaliste cru et la suggestion de l’inacceptable. Le gore pour le gore ne me passionne pas. Dans Massacre à la tronçonneuse, l'horreur ne vient pas de ce que l'on voit mais de ce que l'on imagine. Ce qui m'intéresse c'est le 'dérapage' d’un monde qui n'est jamais éloigné de celui que l'on côtoie, Eden Lake de James Watkins est un bon exemple de dérapage."
La Tour est interprété par des acteurs inconnus, à l'exception de Hatik révélé par le rap et la série Validé. Guillaume Nicloux justifie ce choix : "J'ai réalisé quatre films en cinq ans avec Depardieu, un film et une série avec Gaspard Ulliel. En très peu de temps, j’ai à la fois retrouvé un père cinéphilique et perdu un fils rêvé. D’un côté comme de l’autre cela laisse des traces indélébiles…"
"C'est pour cette raison que j'ai fait le documentaire Les Rois de l'arnaque… Comme une parenthèse… Avec Gaspard et Gérard nous avions besoin d’une pause afin de mieux nous retrouver. Alors j’ai enchainé avec La Tour, je souhaitais travailler avec des acteurs moins expérimentés et j’ai adoré inventer avec eux. Angèle Mac, qui interprète l’héroïne, a été une alliée formidable."