Initialement, Quentin Tarantino envisage de projet de Kill Bill comme un unique film. Puis, en cours d'écriture, il prend conscience que le récit peut être développé sur deux époques, et donc sur deux longs métrages. Mais il n'ose pas évoquer cette éventualité avec le producteur Harvey Weinstein, qui partage avec son frère Bob la présidence du studio Miramax. A la lecture du script, Weinstein parvient lui aussi à la même conclusion, l'histoire de Kill Bill pourrait se décliner sur deux longs métrages. Il en fait part Tarantino et déclare qu'il serait prêt à financer un diptyque. Enthousiaste, le réalisateur-scénariste modifie le scénario en conséquence et divise l'ensemble en deux parties. La première (Kill Bill volume 1) se veut un hommage au film de sabre et de kung-fu, tandis que la seconde (Kill Bill volume 2) emprunte aux codes du western spaghetti.
Le diptyque Kill Bill : volume 1 / Kill Bill : volume 2 marque le grand retour de Quentin Tarantino derrière l'objectif après six ans d'absence. Film-événement de 2003 / 2004, Kill Bill est seulement le quatrième film du cinéaste, après Reservoir dogs (1992), Pulp Fiction (1994) et Jackie Brown (1998).
En 1994, dans Pulp Fiction, Uma Thurman jouait le rôle de Mia Wallace, la petite amie de Ving Rhames accro à la cocaïne et victime d'une overdose. Neuf ans plus tard, elle retrouve Quentin Tarantino pour Kill Bill.
Au printemps 2001, alors que tous les décors sont montés et que l'équipe est parée, la nouvelle tombe, Uma Thurman attend un enfant. Tarantino ne peut concevoir le film sans son interprète fétiche et ajourne le tournage. Malgré l'instance des studios Miramax, qui avancent déjà le nom de Patricia Arquette pour remplacer la comédienne, le réalisateur ne cède pas. Il entend ainsi rééditer le tour de force accompli par Josef von Sternberg en 1930 pour Morocco. Le cinéaste autrichien, apprenant que son actrice principale et muse Marlene Dietrich était tombée enceinte, suspend le tournage de son film jusqu'à ce que la comédienne puisse à nouveau jouer.
Toute l'équipe de Kill Bill mit à profit cet ajournement pour parfaire la pré-production du film, un report que Tarantino juge rétrospectivement bénéfique au film. Le premier coup de manivelle du film est finalement donné en janvier 2002.
Le tournage eut lieu en partie au Beijing Film Studio, en Chine. Construit en 1949 à l'initiative de la femme de Mao, ce studio s'est rapidement imposé comme le pôle incontournable de la production cinématographique du pays.
Sur le tournage se côtoient comédiens et techniciens américains, chinois et japonais. Pour se coordonner, l'équipe eut recours à des traducteurs, sollicités de toute part. L'espace de quelques semaines, les plateaux du Beijing Film Studio furent transformés en une véritable Tour de Babel.
Tarantino a confié la direction de la photographie de ses deux films à Robert Richardson. Recherché pour sa capacité unique à mêler des univers esthétiques différents et des sources diverses (animation, 35 mm, etc.), il est notamment à l'origine de patchwork visuel que constitue Tueurs nés, le film d'Oliver Stone qui brasse les influences et les supports.
A l'origine, le réalisateur s'était attribué un rôle de Pei Mei dans Kill Bill : volume 2, mais devant la masse de travail qui l'attendait comme réalisateur, il a dû renoncer au profit de Gordon Liu.
Dans Kill Bill : volume 1, Michael Parks incarne un Texas Ranger, un rôle similaire à celui qu'il tenait dans Une nuit en enfer de Robert Rodriguez, écrit et interprété par Tarantino. Dans Kill Bill : volume 2, il campe un vieux souteneur mexicain qui prête main forte à Uma Thurman.
Yuen Woo Ping a assisté Tarantino en qualité de chorégraphe et réalisateur de deuxième équipe. Son travail avec Andy et Larry Wachowski sur la saga Matrix a révélé cet homme de spectacle complet (réalisateur, cascadeur), qui a notamment participé à Il était une fois en Chine de Tsui Hark (1994). Yuen Woo Ping a également coordonné les combats de Tigre et dragon d'Ang Lee.
Yuen Wo Ping a par ailleurs réalisé plus de trente longs métrages, dont certains (Snake in the eagle's shadow en 1978 et Fist of legend en 1994) sont considérés comme des classiques du genre.
Véritable complice de Quentin Tarantino depuis ses débuts, le producteur Lawrence Bender collabore pour la cinquième fois avec le cinéaste sur Kill Bill : volume 1 / Kill Bill : volume 2. Les deux hommes avaient auparavant travaillé ensemble sur Reservoir dogs, Pulp Fiction, Four rooms et Jackie Brown, ainsi que sur la production de Killing Zoe et de la trilogie Une nuit en enfer.
Quentin Tarantino obligea ses comédiens à se soumettre à un entraînement particulièrement intensif. Pour ce faire, il les réunit dans un entrepôt proche des bureaux de la société de production Super Cool Man Chu Productions, à Culver City, au sud de Los Angeles. Outre des séances de musculation et de stretching, les acteurs suivirent les cours de Sonny Chiba, qui leur enseigna les rudiments du maniement du sabre. Yuen Woo Ping fut, quant à lui, chargé des cours d'arts martiaux. Les comédiens apprirent également les bases de la langue japonaise, pour que les répliques déclamées dans cette langue soit compréhensible par le public nippon.
Le réalisateur s'est lui aussi soumis à l'entraînement qu'il imposa à ses comédiens, d'une part pour subir ce que les acteurs ont pu endurer, et d'autre part pour effectuer les mouvements précis qu'il attendait de ses interprètes lors des prises.
Pour la séquence animée du film, Tarantino a fait appel au studio japonais Production I.G., déjà à l'origine des classiques de l'anime que sont Ghost in the Shell et Jin-Roh, la brigade des loups.
La BO du film est signée par RZA, membre fondateur du collectif rap Wu Tang Clan. L'artiste avait auparavant composé la bande originale de Ghost Dog: la voie du samourai de Jim Jarmusch.
Après l'écriture du scénario, Quentin Tarantino consacra un an à voir des films d'arts martiaux, à écrire et réécrire son script. Il avoue s'être complètement immergé dans le cinéma d'action asiatique durant cette période au point d'avoir délaissé la production sortie durant l'année 2001.
Né en 1939 à Fukuoka (Japon), Sonny Chiba est un figure mythique du cinéma d'action hongkongais. Karatéka de haut niveau, il fut même pressenti pour rejoindre les rangs de l'équipe japonaise de la discipline avant qu'une blessure ne l'éloigne des tatamis... et ne le rapproche des studios de cinéma. Repéré à l'occasion d'un concours organisé par les studios Toei, il rencontre le succès avec The Bodyguard (1970). Connu pour son rôle dans la série Shadox warriors, il se révèle acteur de premier plan avec The Streetfighter, où il prête sa silhouette massive au mercenaire Terru Suruguy, héros d'un film qui connaîtra une suite en 1974, The Return of the streetighter. Longtemps opposé au style félin de Bruce Lee, celui de Chiba se distingue par la violence et la rage qu'il imprime à chacun de ses combats. Star de plus de 125 productions Toei, il reste l'une des plus grandes vedettes du cinéma asiatique.
" Sonny Chiba m'est apparu dès les années 70 comme l'une des plus grandes stars du cinéma d'action, aux côtés de Charles Bronson et Clint Eastwood. "
Morceau de bravoure de Kill Bill volume 1, le combat de sabre de Black Mamba (Uma Thurman) contre 88 assaillants a nécessité quelque huit semaines de tournage. Pour comparaison, celui de Pulp Fiction ne dura que dix semaines.
L'histoire de Kill Bill est signée du duo Q & U, alias Quentin Tarantino et Uma Thurman. C'est durant une fête sur le tournage de Pulp Fiction que le cinéaste et la comédienne eurent ensemble l'idée de cette histoire de veangence et du personnage de la Mariée. Développant un premier jet du scénario, Quentin Tarantino décidera, et ce pour la première fois de sa carrière, d'y laisser quelques zones d'ombres afin que son actrice y apporte ses propres idées et sa vision de l'histoire. Il promit d'offrir à Uma Thurman le scénario définitif pour ses trente ans... mais eu besoin de quelques mois supplémentaires pour terminer de coucher l'histoire sur papier.
"Au début des années 70, j'étais gosse lorsque déferla aux Etats-Unis la vague des films de kung-fu. L'Old School Martial Arts Cinema devint mon école. Pendant deux ans, il projeta sans discontinuer ces films. La fièvre du kung-fu retomba partout ailleurs, sauf dans ces salles de South Bay et celles du ghetto où elle sévit jusqu'au des années 80. Je pense que c'est un des plus grands genres cinématographiques qui ait jamais existé".
Téléphage acharné, Quentin Tarantino rend hommage avec Kill Bill aux séries qui ont bercé sa jeunesse. Il confesse une passion pour Le Frelon vert (la série qui révéla Bruce Lee), Kung-fu (avec David Carradine, qui incarne le Bill), mais aussi Shadow warriors (série où Sonny Chiba interprète le détective ninja Hattori). Le personnage de Chiba dans Kill Bill s'inspire en grande partie du héros qu'il immortalisa dans cette série.
Cinéphile fou, Tarantino trouve dans le cinéma d'extême-Orient l'autre source d'inspiration de Kill Bill. Au début des années 70, il n'est âgé que d'une dizaine d'années lorsqu'il prend de plein fouet la vague de cinéma d'action hongkongais. A cette époque, il voit Lady snowblood, un film samouraï féminin, référence incontestable pour Kill Bill, et découvre les productions Shaw Brothers, spécialisés dans l'action. Produit par cette firme, One-armed Swordman de Chang Cheh, ou la légende d'un sabreur au bras amputé, s'impose comme une autre influence majeure de Tarantino.
Kevin Costner et Warren Beatty avaient été pressentis pour incarner Bill, le principal bad guy de l'histoire. Choix initial de son ami Quentin Tarantino, Warren Beatty avait finalement dû décliner l'offre, les dates et la durée du tournage ne lui convenant pas. Il sera remplacé par David Carradine, inoubliable interpète de la série télévisée Kung-Fu dans les années soixante-dix.
Le diptyque Kill Bill : volume 1 / Kill Bill : volume 2 marque la seconde collaboration entre Michael Madsen avec Quentin Tarantino, pour qui le comédien avait incarné le célèbre Mister Blonde de Reservoir dogs.
Interprète de Go Go Yubari, la tueuse à la boule, Chiaki Kuriyama a été révélée par son rôle d'adolescente tueuse et psychotique dans Battle royale. Dans Kill Bill, son costume d'écolière renvoie directement au film-choc de Kinji Fukasaku.
Inoubliable Julius de Pulp Fiction, vu ensuite dans True romance (écrit par Quentin Tarantino) et Jackie Brown, Samuel L. Jackson retrouve le cinéaste dans Kill Bill : volume 2, avec une apparition clin d'oeil dans le rôle du joueur d'orgue de l'église où se déroule le mariage d'Uma Thurman. Des retrouvailles sanglantes...
Pour son diptyque Kill Bill : volume 1 / Kill Bill : volume 2, Quentin Tarantino souhaitait revenir à un tournage "à l'ancienne", dans la lignée des films d'exploitation de son enfance. Les films font ainsi très peu appel à la CGI et autres images de synthèse, même durant les combats pour lesquels les comédiens ont dû apprendre à travailler avec des câbles invisibles pour la caméra. Le plan de l'avion survolant Tokyo a été également réalisé sans assistance informatique, le cinéaste préférant filmer une maquette de l'appareil lancée sur un fil au-dessus d'un modèle réduit de la ville. Quant aux scènes sanglantes, elles font appel aux techniques asiatiques et leurs geysers de sang très exagérés, l'hémoglobine devant être activée à distance au bon moment par l'équipe des effets spéciaux pour donner l'effet souhaité à l'écran. Une technique qui, en cas d'erreur ou de prise râtée, demandait invariablement un nettoyage du plateau, des costumes et des comédiens...
Près de 500 litres de faux sang auraient été utilisés pour le tournage de Kill Bill : volume 1 / Kill Bill : volume 2.
Kill Bill est sorti au Japon dans une version différente de la version réservée au reste du monde. Plus gores (certains plans été rallongés), les scènes violente de la version japonaise sont présentées en couleur, alors qu'elles sont en noir et blanc dans le montage international.
Jouant avec les nerfs des spectateurs, Quentin Tarantino a décidé de ne pas dévoiler Bill (David Carradine) avant Kill Bill : volume 2. Dans Kill Bill : volume 1, seules ses mains sont visibles !
Parlant couramment japonais, l'actrice de télévision française Julie Dreyfus s'est vue confier le rôle de Sofie Fatale dans Kill Bill : volume 1.
Le costume jaune barré de noir porté par Uma Thurman dans Kill Bill : volume 1 / Kill Bill : volume 2 renvoie directement à celui de Bruce Lee dans Le Jeu de la mort (1978), dernier film du Petit Dragon.