Réalisé par le canadien Daniel Grou, aussi appelé « Podz », Mafia Inc est une adaptation du livre d’André Cédilot et André Noël. Pendant deux heures et vingt-cinq minutes, le film réussit à nous tenir en haleine, et ce par plusieurs enjeux importants
(la vengeance de « Vince », l’enquête des services secrets de Montréal, le projet de construction d’un pont reliant la Sicile à l’Italie de la mafia...)
. Le synopsis, bien qu’assez classique, basique dans ce genre de film (les Gamache, tailleurs de pères en fils, habillent la famille Paternò, des mafieux siciliens, depuis trois générations. Vincent dit « Vince » Gamache travaille, lui, pour le compte du parrain de la mafia montréalaise, Frank, et avec le plus vieux fils de celui-ci, Giaco, tout en souhaitant gravir les échelons au plus vite en tentant un gros coup qui va mettre en péril l’équilibre habituel des deux familles). Et justement, Podz a conscience que ce n’est pas le premier (ni le dernier) à réaliser ce type de film, et préfère se démarquer par une mise en scène soignée, précise, avec un montage excellent. Les rouages de la mafia montréalaise sont exposés aux spectateurs d’une façon originale, dans le sens où, contrairement à certains films, l’objectivité du réalisateur nous montre une mafia de Montréal avec toutes ses réussites, mais aussi tous ses défauts
(d’ailleurs, la relation explosive père/fils entre Vince et son père, Henri, est très intéressante et témoigne d’un père exaspéré, dépassé par la volonté de son fils. On assiste alors véritablement à la descente aux enfers de ce dernier, qui finira même par faire tuer son père dans sa propre boutique).
Pour finir, malgré un début assez lent dans lequel il faut bien se concentrer, être attentif pour situer les personnages les uns par rapport aux autres, Mafia Inc est pour moi la surprise de cette année en terme de film portant sur la mafia, tant au niveau du scénario que j’ai déjà mentionné, qu’au niveau des acteurs, que je ne connaissais pas pour la plupart, mais dont la performance est à souligner (avec notamment Marc-André Grondin dans le rôle de « Vince », ou encore le brillant Sergio Castellitto, qui joue évidemment le parrain Frank Paterno), et au niveau des visuels, des scènes marquantes qui sont plutôt bien amenés, bien tournés. Même si la scène finale manque d’action, de fusillade pour une intrigue si bien ficelée, on retiendra la réussite du projet Mafia Inc, très divertissant.