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    Pleasure
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Pleasure" et de son tournage !

    Cannes 2020

    Le film fait partie de la Sélection Officielle de Cannes 2020.

    Trouver Bella

    Il a fallu un an et demi de recherche et près de 600 actrices auditionnées (sur 2000 contactées) pour trouver l’interprète de Bella. « Les gens autour de moi pensaient que je courais après une chimère. Après 8 ou 9 mois, j’étais très insatisfaite et on me disait que je ne trouverais jamais, que j’avais dans ma tête un idéal qui n’existait pas », se souvient Ninja Thyberg. Sofia Kappel, qui n’avait jamais joué la comédie, a convaincu d’emblée la réalisatrice. Celle-ci a toutefois fait preuve de prudence et l’a rencontrée à quatre reprises, afin d’être sûre qu’elle aurait les épaules suffisamment solides pour un tel rôle. « Il fallait d’abord que j’apprenne à la connaître, à savoir comment était sa famille, si elle venait d’un environnement stable. Il fallait qu’elle soit forte et mature car le rôle pourrait changer sa vie. C’était une grosse responsabilité pour moi. »

    Un véritable défi

    Sofia Kappel, qui avait travaillé en tant que vendeuse, n’avait jamais joué la comédie auparavant. C’est par le biais d’un ami en commun qu’elle a découvert le projet de Ninja Thyberg. « À l’époque, j’étais en thérapie. Je devais essayer de trouver des défis pour me dépasser et j’avais dressé une liste de choses qui me rendaient mal à l’aise ou qui m’effrayaient et auxquelles je devais me confronter. Quand il m’a parlé de ce qu’était le projet, mon réflexe a été de dire « jamais de la vie ». C’est donc pour ça que je voulais le faire ! »

    Une actrice impliquée

    Ninja Thyberg a impliqué Sofia Kappel dès la pré-production, en la faisant venir à Los Angeles pour qu’elle se familiarise avec le milieu du porno, mais aussi en réécrivant le rôle de Bella avec elle. « L’histoire, c’est celle d’une jeune de 20 ans et j’en avais 34 à l’époque. J’avais beaucoup de questions à lui poser sur l’état d’esprit d’une jeune fille de son âge », explique la réalisatrice. Cela a permis à la comédienne d’avoir davantage confiance sur le plateau.

    Une longue préparation

    Ninja Thyberg s’est rendue pour la première fois à Los Angeles à l’été 2014, afin de nouer des premiers contacts. C’est là qu’elle a pu commencer à écrire le scénario. En janvier 2016, elle y est retournée pendant six mois pour effectuer des recherches plus approfondies et a commencé à auditionner des gens de l’industrie du X. Après y être retournée brièvement en 2017, elle y revient en 2018 « un peu plus longtemps dans l’optique du tournage. Je suis arrivée en janvier. Dans un premier temps, je faisais des recherches, des auditions puis Sofia m’a rejointe et on a organisé des rencontres, des visites sur les plateaux. En juillet, j’avais fini l’écriture et on a commencé à tourner à la fin de l’été. »

    Du sexe simulé

    Pleasure ne contient aucune scène de sexe non simulé. La réalisatrice estimait que cela n’était pas nécessaire et que ce serait une source de distraction pour le spectateur. Les scènes de sexe étaient néanmoins répétées et storyboardées pour déterminer ce qui serait montré à l’écran. Concernant la nudité, si le personnage de Bella est nu dans de nombreuses scènes, Sofia Kappel ne l’était pas forcément sur le plateau. La façon dont les plans étaient cadrés donnait l’illusion qu’elle l’était alors que certaines parties de son corps étaient couvertes. « On a aussi beaucoup joué avec le regard, on a consciemment utilisé le female gaze afin de limiter le nombre d’images où Sofia était nue », explique Ninja Thyberg. La comédienne, à force de côtoyer l’industrie du X, est devenue très à l’aise avec sa nudité : « Sur les tournages X, on prend sa pause tout nu, on boit son café tout nu, il n’y a plus rien de sexuel dans cette nudité. C’était l’état d’esprit de Sofia au bout d’un moment, c’était devenu extrêmement détendu ».

    Le consentement

    Pleasure montre que le consentement est désormais contractuel sur les plateaux mais que ça n’empêche en rien la pression, le harcèlement et la culpabilisation. En discutant avec des actrices de l’industrie du X, la réalisatrice s’est aperçue qu’aucune d’entre elles n’avait jamais stoppé un tournage par peur de perdre leur travail. Beaucoup de pressions reposent sur les comédiennes, qui ne doivent pas faire de vagues, au risque de retarder le tournage et de faire perdre de l’argent à la production. « Il y a un mythe selon lequel une femme pourra toujours dire non », explique Ninja Thyberg. « Il y a injonction envers les femmes de prendre des responsabilités sociales et de ne pas poser de problèmes. L’industrie, elle, ne prend pas ses responsabilités. Sur un plateau, si vous voyez quelqu’un qui n’est pas à l’aise avec ce qu’il ou elle est en train de faire, il est de votre responsabilité de tout arrêter. Juridiquement, il y a quand même des zones grises, notamment en matière de scènes de viol. Légalement bien sûr, les hommes ne font rien aux femmes contre leur volonté, mais c’est évident que c’est de l’exploitation et moralement, c’est inacceptable à bien des égards. »

    Female gaze

    Ninja Thyberg n’a cessé de s’interroger sur son propre regard lors du tournage de Pleasure : « Mon premier réflexe est toujours de reproduire le male gaze, c’est notre culture. […] Quand je veux faire quelque chose pour aller contre la norme, il faut que j’y réfléchisse, que je le fasse consciemment. » Le personnage de Bella se crée une image d’objet sexuel, il fallait donc que la réalisatrice l’objectifie tout en prenant toujours son parti : « Ça voulait parfois dire que le film ne reflétait pas ce que moi, je pensais. Je peux porter un jugement sur elle ou avoir l’impression que ce qu’elle fait n’est pas bien pour elle, mais il fallait impérativement prendre Bella au sérieux, faire en sorte que ce soit son film, raconté de son point de vue. Je peux la juger jeune, naïve et estimer qu’elle fait de mauvais choix, mais le film n’est pas là-dessus. C’est son histoire à elle. »

    Hiérarchisation de classes

    Ninja Thyberg raconte qu’adolescente, elle était « une activiste radicale féministe et anti pornographie », convaincue que le porno était une industrie d’exploitation par les hommes. En vieillissant, elle s’est rendue compte qu’elle ne pourrait de toute manière pas lutter contre cette industrie mais plutôt créer des images alternatives et stimuler l’esprit critique des spectateurs. Elle avait alors une vision très manichéenne de la sexualité où toutes les femmes, elle y compris, étaient des victimes. En s’intéressant au porno féministe, elle s’est rendue compte que les différences entre le milieu porno traditionnel et celui qu’elle fréquentait, plus « intellectuel, peut-être un peu bobo », n’étaient pas si évidentes. « Parfois, je me disais que ce n’était qu’une question d’éclairage des scènes, de vêtements que les comédiens portaient… Il y avait quelque chose qui relevait d’une hiérarchisation des classes. Par exemple, dès que c’est un peu vulgaire, raccord avec des clichés porno, dès que les actrices portent un certain type de talons aiguilles par exemple, on estime que ces femmes sont oppressées. Mais si c’est un autre type de talons, on n’a pas le même regard. »

    Du court au long

    En 2013, Ninja Thyberg avait déjà réalisé un court-métrage sur les coulisses de l’industrie du porno, lui aussi intitulé Pleasure.

    Déjouer les préjugés sur l’industrie du X

    Ninja Thyberg voyait le porno comme un milieu patriarcal et oppressif. Elle reconnaît que c’est le cas, comme dans bien d’autres milieux, mais qu’il est aussi bien plus nuancé que ce qu’on peut croire : « L’industrie du porno regroupe des travailleurs, c’est une classe ouvrière. J’ai appris à connaître des individus avant tout. On voit les travailleurs du sexe comme des gens dont on consomme le travail et on les méprise un peu. C’est facile pour nous de victimiser les femmes qui s’accommodent de ce système patriarcal. Je me prenais pour une féministe qui en savait plus sur le patriarcat que ces actrices. […] Elles savent exactement ce que c’est le patriarcat. Elles l’affrontent tous les jours, de manière stratégique. Et à bien des titres d’ailleurs, elles ont du pouvoir. »

    Les motivations de Bella

    Pleasure refuse de donner des indications sur le passé de Bella ou sur ses motivations à faire du porno. « Ça m’a poursuivi pendant tout le processus de fabrication : beaucoup de gens ont voulu m’inciter à faire un film là-dessus ou présumaient que c’était le sujet principal », explique la cinéaste. Il s’agissait de montrer que Bella avait le contrôle total et n’était pas nécessairement une victime : « à force de demander pourquoi une femme ferait ça, on jette une sorte de culpabilité sur elle. Et poser la question sous-entend un jugement : elle ne devrait pas faire ça, c’est autodestructeur, quelque chose cloche chez elle. »

    L’accueil de l’industrie du porno

    C’est en se rapprochant de Mark Spiegler, une figure très importante de l’industrie du porno, que Ninja Thyberg est parvenue à se faire accepter par le milieu quand elle a effectué ses recherches. Si certaines personnes étaient dubitatives, voire suspicieuses face à sa démarche, elles ont fini par en saisir la sincérité : « J’avais pas mal de préjugés que je voulais interroger. Mon but était de peindre un portrait authentique du porno et j’avais besoin de leur aide pour ça. » Elle précise toutefois : « C’est important que je le dise : je n’ai été invitée que dans des endroits où personne n’avait rien à cacher. Il y a donc des endroits où je n’étais pas invitée, parce qu’ils avaient beaucoup de choses à cacher. J’ai entendu des histoires, je sais très bien ce qu’il s’y passe. Au sein du milieu du porno, il y a différentes communautés et certaines d’entre elles sont extrêmement attentives au bien-être des gens et à la bienveillance de l’environnement. D’autres communautés ne sont pas du tout comme ça et dans ce cas, il a fallu que je sois beaucoup plus rusée pour y avoir accès. »

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